Cours d’agriculture (Rozier)/IPÉCACUANHA

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Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 691-692).


IPÉCACUANHA. Von Linné la nomme Viola ipecacuanha. Syn. Pl. édit Reych. t. 3 p. 970. On n’emploie que la racine de cette plante qui croît dans les forêts humides de l’Amérique méridionale, d’où on nous l’apporte : il y en a de brune & de grise. C’est aujourd’hui le seul émétique tiré du règne végétal, dont on fasse usage.

La racine est noueuse, inodore, d’une saveur âcre, nauséabonde ; son écorce est très-épaisse. Cette racine procure le vomissement, augmente quelquefois les secrétions de la matière fécale, suspend la diarrhée par foiblesse d’estomac, ou des intestins, la diarrhée bilieuse, la diarrhée séreuse, la diarrhée par la mauvaise qualité des alimens ; favorise la guérison de la diarrhée bénigne, & de la dyssenterie des camps, & de plusieurs espèces de dyssenteries épidémiques. C’est le plus sûr & le plus avantageux de tous les vomitifs dans la plupart des maladies ou il est essentiel d’exciter le vomissement. Il ne survient après son effet, ni anxiété, ni douleur dans la région épigastrique, ni diminution sensible des forces vitales & musculaires, ni mouvement convulsif.

On donne la racine pulvérisée depuis dix jusqu’à trente-cinq grains, délayée dans un véhicule aqueux, ou incorporée avec un sirop convenable : on la donne comme altérant, depuis quatre jusqu’à dix grains, encore fait-elle souvent vomir.

La racine pulvérisée & concassée, comme vomitif, depuis vingt grains, jusqu’à une drachme, en infusion dans cinq onces d’eau ou de vin : préférez cependant la racine en substance à son infusion aqueuse & principalement à son infusion spiritueuse.

En pulvérisant la racine, séparez avec soin la partie ligneuse, ne pulvérisez jamais que la dose prescrite, & renfermez, dans un vase exactement bouché, la racine entière & bien mondée.