Cours d’agriculture (Rozier)/MAUVE

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Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 455-457).
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MAUVE. Tournefort la place dans la quatrième section de la première classe des herbes à fleur en cloche, à filets des étamines réunis par leur base. Il l’appelle malva vulgaris, flore majore, folio sinuato. Von Linné la nomme malva silvestris, & la classe dans la monadelphie polyandrie.

Fleur. D’une seule pièce en cloche, évasée, partagée jusqu’en bas en cinq parties en forme de cœur ; le calice double : les étamines tiennent le pistil comme dans une gaîne.

Fruit. Plusieurs capsules presque rondes, réunies par articulation, semblables à un bouton enveloppé du calice extérieur de la fleur, renfermant des graines en forme de rein ; les capsules membraneuses, placées autour du même axe sur un plan horizontal, les unes à côté des autres.

Feuilles. Arrondies, velues, découpées par leurs bords en lobes obtus, portées par de longs pétioles velus.

Racine. Simple, blanche, peu fibreuse, pivotante.

Port. De la racine s’élèvent plusieurs tiges de trois à quatre pieds de hauteur dans les provinces du midi, & dont la hauteur diminue à mesure qu’on approche du nord. Elles sont cylindriques, velues, remplies de moelle. Les feuilles d’en-bas sont moins crénelées que celles du haut ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles au nombre de six ou de sept.

Lieu. Les haies, les champs, les bords des chemins. La plante est vivace, & fleurit pendant tout l’été.

Propriétés. Cette plante a une saveur fade, mucilagineuse, aqueuse, un peu gluante. Elle est émolliente, adoucissante, laxative : c’est une des quatre premières herbes émollientes. Les fleurs calment la soif, favorisent l’expectoration, nourrissent très légèrement, rendent le cours des urines plus facile, diminuent leur âcreté, & maintiennent le ventre libre. En lavement, elles sont indiquées dans la rétention des matières fécales, dans les coliques par des matières âcres, dans le tenesme & la dyssenterie. Les feuilles de mauve, sous forme de cataplasme, relâchent la portion des tégumens sur lesquels on les applique, & calment la douleur, la chaleur & la dureté des tumeurs phlegmoneuses. La racine est recommandée dans les espèces de maladies où les fleurs sont indiquées.

Usages. Fleurs récentes, depuis demi-drachme jusqu’à demi-once en infusion dans six onces d’eau ; fleurs sèches, depuis huit grains jusqu’à deux drachmes dans cinq onces d’eau ; feuilles récentes, broyées dans suffisante quantité d’eau, jusqu’à consistance pulpeuse pour cataplasme ; racine sèche, depuis deux drachmes jusqu’à demi once, en décoction dans huit onces d’eau.

En général, toutes les mauves, les althæa & les lavatètes ont les mêmes propriétés ; elles ne diffèrent qu’en raison d’un peu plus, ou d’un peu moins de mucilage.


Mauve-rose ou D’outremer ou Détremier ou Passe-rose. Malva rosea, folio subrotundo, flore varia C. BP. Alcea rosea. Lin. Elle est de la même classe que la précédente. La corolle est beaucoup plus grande, ainsi que le fruit qui est plus applati. Les feuilles sont sinueuses, en forme de cœur, anguleuses, très-larges, couvertes, d’un duvet fin… Les tiges s’élèvent depuis quatre jusqu’à six pieds, & même plus ; elles sont épaisses, solides, velues. Les feuilles du bas sont arrondies, & les autres anguleuses, à cinq ou six découpures, crénelées dans leurs bords.

Aucune fleur ne masse plus agréablement dans un grand parterre, dans de larges plattes-bandes, à l’entrée des bosquets, dans les clairières des bois, où l’on est agréablement surpris d’en trouver. Les fleurs varient dans toutes les couleurs possibles : on fait peu de cas des pieds à fleurs simples.

Cette plante n’exige aucun soin particulier : on la sème au premier printemps dans de bon terreau, & dès qu’elle est assez forte, on la transplante à demeure. Elle ne fleurit pas la première année, mais à la seconde & à la troisième. Plusieurs auteurs l’ont regardée comme une plante bienne. Toutes celles que j’ai sous les yeux dans ce moment, sont plantées depuis quatre ans. Si on veut la conserver, on ne doit pas attendre pour couper les tiges, que les graines soient mûres ; il faut abattre les tiges & les couper près de terre, dès que les fleurs sont passées. À l’entrée de l’hiver, il convient d’enfouir au pied une certaine quantité de fumier, non pour la garantir du froid qu’elle ne craint pas, mais afin de renouveller près d’elle la terre végétale, fortement absorbée par la grande végétation, & pendant l’été, elle demande à être souvent arrosée, sur-tout dans les provinces du midi. Cette plante est originaire d’orient.

La Mauve en arbre. Althæa maritima, arborea, veneta. Tourn. Lavatera arborea. Lin. Même classe que les précédentes. Elle en diffère par son calice extérieur, découpé en trois pièces, au lieu que celui des mauves est composé de trois feuilles distinctes. Ses feuilles sont à sept angles, veloutées & plissées. La tige s’élève en arbre ; elle est branchue, ferme, solide, blanchâtre ; elle est originaire d’Italie, & on la cultive dans nos jardins, non à cause de la beauté de ses fleurs, mais par rapport à la forme pittoresque de ses branches. Elle ne sauroit passer l’hiver en pleine terre dans les provinces du nord, & elle réussit très-bien dans celles du midi. Sa culture est la même que celle de la précédente.

La Mauve ou Rose de Cayenne. Kermia Syrorum quibusdam. Tourn. Hibiscus syriacus. Lin. Tige en arbre, feuilles ovales, en forme de lance, dentelées sur leurs bords en manière de scie. Elle varie quelquefois par ses feuilles découpées en trois lobes ; celui du milieu est le plus grand.

Von Linné compte vingt-deux espèces de mauves. Comme cet Ouvrage n’est point un dictionnaire de botanique, il est inutile d’en parler : d’ailleurs elles ne sont d’aucune utilité pour la décoration d’un parterre.