Cours d’agriculture (Rozier)/MENTHE

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Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 490-492).


MENTHE À ÉPI. (Voyez Pl. XII, pag. 471.) Von Linné la classe dans la didynamie gymnospermie, & la nomme mentha viridis. Tournefort la place dans la section de la quatrième classe des fleurs en lèvres dont la supérieure est creusée en cuiller, &c l’appèle mentha angusti solia spicata… B en représente une séparée de l’épi ; c’est un tube cylindrique, menu à sa base, gonflé à son extrémité, & divisé en deux lèvres, dont la supérieure est creusée en cuiller, & découpée en cœur ; l’inférieure est divisée en trois parties égales : ces divisions sont disposées, par rapport à la lèvre supérieure, de manière qu’elle ne paroissent former ensemble qu’une corolle d’une seule pièce, divisée en quatre parties presqu’égales, comme on le voit dans la figure C, où la fleur est représentée vue de face. La figure D offre la corolle ouverte par la partie latérale de la lèvre supérieure ; le pistil E est placé au centre ; le calice, dans lequel repose la fleur, est représenté ouvert en F.

Fruit. Quatre semences G renfermées au fond du calice, oblongues, pointues.

Feuilles. Entières, oblongues, terminées en pointe, dentelées assez régulièrement.

Racine. A Pivot simple, articulé, garni de fibres rameuses à chaque articulation.

Port. Tiges de deux pieds environ de hauteur, droites, quarrées, rameuses ; les feuilles opposées deux à deux ; les rameaux naissent des aisselles des feuilles, & les fleurs, disposées en épi, au sommet des tiges.

Propriétés. Odeur aromatique, saveur un peu amère : ses propriétés sont les mêmes que celle de la menthe dont on va parler ; mais plus foibles.

Menthe crépue ou Frisée, appellée par Tournefort mentha rotundi folia, crispa, spicata, diffère de la première par ses feuilles en forme de cœur ; dentelées, ondulées & crépues par ses tiges hautes de trois pieds ; par la position verticillée de ses fleurs ; enfin, par ses feuilles adhérentes aux tiges sans pétiole.

Lieu. Originaire de Sibérie ; & on la cultive dans les jardins, elle y est vivace, & fleurit depuis juillet jusqu’à la fin de septembre, suivant la saison.

Propriétés. Odeur aromatique & forte ; saveur amère, âcre, légèrement piquante. Elle est stomachique, anti-émétique, anti-vermineuse, apéritive, tonique, & vulnéraire. Les feuilles échauffent médiocrement, altèrent peu, constipent, augmentent la vélocité & la force du pouls, fortifient l’estomac, favorisent la digestion dérangée par la foiblesse de l’estomac, ou par des humeurs pituiteuses, ou par des humeurs acidules : elles sont indiquées dans le dégoût par des matières pituiteuses ; dans le vomissement par des humeurs acidules, ou séreuses, ou pituiteuses, sans dispositions inflammatoires ; dans les maladies des enfans, entretenues par des acides, pourvu que dans leur infusion on ait délayé des terres absorbantes, telles que la craie ou les yeux d’écrevisses ; dans les coliques venteuses ; l’asthme humide ; les pâles couleurs ; la suspension du flux menstruel, des pertes blanches, des lochies, par impression des corps froids, & avec foiblesse ; dans la rétention du lait dans les mammelles, sans inflammation.

Usages. Les feuilles récentes en infusion depuis deux drachmes jusqu’à une once dans six onces d’eau ; les feuilles sèches, depuis une drachme jusqu’à demi once, dans la même quantité d’eau. L’eau distillée n’a pas plus de propriétés que l’infusion des feuilles. Le syrop de menthe, depuis une drachme jusqu’à deux onces, dans cinq à six onces d’eau.

Pour le bétail, une poignée en macération, dans une demi-livre de vin blanc.

Menthe Aquatique. Mentha aquatica. Lin. Mentha rotundi folia palustris, seu aquatica major. Tourn. Elle diffère de la précédente par les étamines, plus longues que les corolles ; par ses feuilles ovales, dentées en manière de scie ; par sa racine très-fibreuse ; par ses tiges menues, velues, remplies d’une moelle fongeuse ; par ses fleurs rassemblées au sommet, en manière de tête arrondie. Elle naît dans les marais ; elle est vivace, & fleurit en juillet.


Menthe poivrée, ou Menthe d’Angleterre. (Voyez planche XII, page 471) Mentha piperita. Lin. On doit à M. Barbeu Dubourg, célèbre traducteur des œuvres de M. Francklin, de nous avoir fait connoître cette plante, vivace & originaire d’Angleterre.

Fleur. B représente la corolle. C’est un tube dont l’extrémité est partagée en deux lèvres ; la supérieure arrondie, l’inférieure divisée en trois parties presque égales. C représente la même corolle ouverte, afin de laisser voir la disposition des parties sexuelles. E représente le pistil dans le calice ouvert, & toutes les parties de la fleur reposent dans le calice. D tube divisé en cinq segmens aigus.

Fruit. Semblable à celui des autres menthes.

Feuilles. Ovales, terminées en pointe, dentées régulièrement tout autour.

Racine. À Pivot médiocre, garni de nombreuses fibres, rameuses.

Port. Tiges hautes d’un pied & demi environ, droites, quadrangulaires, rameuses ; feuilles opposées deux à deux sur les tiges, & portées sur de petits pétioles, sillonnés dans leur longueur les rameaux sortent des aisselles des feuilles ; les fleurs naissent au sommet des rameaux, verticillées tout autour, & sur des épis courts.

Lieu. Originaire d’Angleterre, vivace, cultivée dans nos jardins.

Propriétés. C’est une des plus singulières productions du règne végétal, sur-tout à raison de son goût piquant, suivi d’une fraîcheur très-sensible : propriété qui sembleroit caractériser l’éther exclusivement. (Voyez ce mot.)

Propriétés. Beaucoup plus actives que celles de toutes les menthes, particulièrement dans les maladies de l’estomac, causées par des humeurs séreuses, ou par foiblesse, ou par abondance d’humeurs pituiteuses. L’époque de la plus grande activité de la plante, est lorsque les fleurs nouent, & c’est celle de la cueillir. On prépare des pastilles aussi agréables au goût qu’elles sont utiles ; elles laissent, sur le palais & dans toute la bouche une odeur & une fraîcheur très-agréables.