Cours d’agriculture (Rozier)/MUFLE DE VEAU

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Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 730-731).


MUFLE DE VEAU. (Voyez Planche XXIII, page 671) Tournefort le place dans la quatrième section de la quatrième classe des fleurs d’une seule pièce irrégulière, terminées par un mufle à deux mâchoires, & il l’appelle anthirrinum vulgare. Von Linné le nomme anthirrinum majus, & le classe dans la dydinamie angiospermie.

Fleur. Composée d’un tube très-long, divisé en deux lèvres ; la supérieure fendue en deux, & l’inférieure en trois. B représente la lèvre supérieure avec les quatre étamines, dont deux plus longues & deux plus courtes. C fait voir le calice, le pistil & l’embryon.

Fruit. Capsule singulière quand elle est sèche ; elle représente le mufle d’un veau, d’où la plante a tiré sa dénomination. On le voit en D : cette capsule est partagée en deux loges, remplies de semences menues.

Feuilles. Entières, en forme de fer de lance, portées par des pétioles.

Racine A. En forme de fuseaux, avec des rameaux latéraux & chevelus.

Port. Tige haute de deux à trois pieds, suivant le sol & la culture, droite, rameuse ; les fleurs au haut de la tige disposées en épi, les feuilles alternativement placées sur elles. La fleur est purpurine, plus ou moins foncée en couleur ; il y en a une variété à fleur blanche & à fleur jaune.

Lieu. Les terreins incultes, les vieux murs. La plante est vivace ; on l’a transportée dans nos jardins, & elle sert de décoration dans les plates-bandes.

Propriétés. On la dit vulnéraire, & on l’emploie en décoction.

Culture. Le lieu où elle croit spontanément prouve que sa culture n’est pas difficile. On multiplie le mufle de veau de deux manières, & par semence & par filleule. On le sème dès que l’on ne craint plus les gelées de l’hiver. Dans les provinces du midi & du centre du royaume, les plantes provenues des semis, fleuriront en automne, & les autres au printemps suivant, à moins que l’éte des provinces du nord n’ait été chaud… On multiplie la plante par filleule, en en séparant les tiges, & en les emportant avec leur racine ; chaque brin, ainsi garni de racines, reprend avec la plus grande facilité. L’opération doit être faite ou vers la fin de l’automne, ou avant que la sève se soit mise en mouvement après l’hiver : ces plantes craignent les terreins humides & marécageux. Si on veut qu’elles fleurissent pendant presque toute l’année, il faut couper raz de terre les tiges au moment qu’elles ont passé fleur, & répéter la même opération après chaque fleuraison.