Cours d’agriculture (Rozier)/PANAIS, PANET, PASTENADE

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Hôtel Serpente (Tome septièmep. 397-398).


PANAIS, PANET, PASTENADE. Tournefort le place dans la cinquième section de la septième classe des fleurs en rose & en ombelle, dont le calice devient un fruit composé de deux semences ovales, aplaties & grosses, & il l’appelle pastinaca, sativa latifolia ; von-Linné la nomme pastinaca sativa, & la classe dans la pentandrie digynie.

Fleur ; en rose en ombelle, composée de cinq pétales en forme de lance, recourbés, sans enveloppe générale ni partielle ; l’ombelle générale plane, composée de plusieurs rayons ainsi que la particulière.

Fruit ; comprimé, aplati, elliptique, divisé en deux semences presque aplaties des deux côtés, & bordées d’une membrane.

Feuilles ; embrassant la tige, simplement ailées.

Racine en forme de fuseau, blanche dans l’intérieur.

Port ; tige herbacée de trois à quatre pieds de hauteur, cannelée, creuse, rameuse ; l’ombelle placée au sommet, & les feuilles alternativement sur les tiges.

Lieu. Les potagers de l’Europe méridionale, les jardins potagers ; la plante est bienne. On cultive dans les jardins un autre panais à racine ronde. C’est une variété du précédent ainsi que celle appelée panais du Siam, dont la racine est moins longue que la première, & dont la chair tire un peu sur le jaune.

Après avoir préparé le terrain par de bons & profonds labours, après l’avoir fumé, on sème, dans les provinces du nord du royaume, vers le milieu de mars & à la mi-février, dans celles du midi. La semence est répandue à la volée sur la planche, ou disposée par rayons : on la recouvre avec de la terre douce & légère.

On peut semer à demeure ou en pépinière, pour replanter. Dans le premier cas, semez clair, & si les plantes sortent très-épaisses, enlevez les plants surnuméraires, & laissez entre chaque pied un espace de six à sept pouces. On ne sème en pépinière que lorsque les circonstances ne permettent pas de semer à demeure, attendu qu’en février & en mars la terre est souvent trop mouillée pour la travailler.

On choisit les plus beaux pieds pour les laisser grainer sur place, ou bien on les transplante dans le lieu où ils incommodent le moins. Ceux restés sur place valent toujours mieux pour la graine. On peut différer cette transplantation jusqu’à l’année suivante, en février ou en mars, suivant le climat.

Dans les provinces du nord, on a la facilité de semer en deux temps, au premier printemps & en septembre. Dans celles du midi, le second semis est interdit : la graine ne tarderoit pas, à cette époque, à monter en tige & à grainer. La plante & le travail seroient perdus. La graine n’est bonne que pendant un ou deux ans au plus.

La graine tombe facilement : il faut donc la soigner si on désire en conserver.

Comme la racine de cette plante supporte très-bien les rigueurs du froid, on n’enferme dans le jardin d’hiver que la quantité dont on a besoin pour sa consommation journalière.

La facilité des semis faits en août ou en septembre, dans les provinces du nord, offre un avantage bien précieux aux cultivateurs, puisque le pastenade ou panais peut couvrir les terres qui doivent rester en jachères, fournir un engrais naturel ; à ces champs, & un excellent pâturage d’hiver & de printemps au bétail & aux troupeaux, même si l’on veut, plusieurs coupes de bon fourrage. Tel est l’effet des racines potagères pivotantes, parce qu’elles s’enfoncent en terre, & n’absorbent pas les sucs de la surface du sol ; d’ailleurs lorsqu’on les enfouit par un coup de charrue, elles rendent à la terre beaucoup plus de principes qu’elles n’en ont reçu. Afin d’éviter les répétitions, consulte(les mots Amendement & Jachère.

Propriétés. La racine assaisonnée fournit une nourriture légère & agréable ; elle augmente un peu le cours des urines, quelquefois elle calme la colique néphrétique causée par des graviers, & elle soulage dans la toux catarrhale.