Cours d’agriculture (Rozier)/PLOMBAGES

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PLOMBAGES. (Agricul. prat.) Il ne suffit pas d’enterrer les graines après les avoir semées, il faut encore qu’elles soient un peu comprimées en terre, afin qu’elles ne se trouvent pas dans de petites cavités, où elles ne se touchent que par quelques unes de leurs parties. On se sert, pour cet effet, de différens moyens, en raison de la nature des graines semées et de celle des terres dans lesquelles les semis ont été faits.

Dans les terres fortes, argileuses et humides qui se battent et ne se plombent que trop par l’effet des pluies, on se contente de passer le dos de la herse sur le semis après qu’il a été hersé en différens sens. Il est même plusieurs agriculteurs instruits qui se dispensent de cette pratique pour leurs semis d’automne dans les terres fortes et sous un climat humide. Les pluies abondantes qui surviennent dans cette saison sont plus que suffisantes pour plomber la terre et l’affermir autour des graines.

Aux rouleaux. Le rouleau de bois est l’ustensile le plus généralement employé dans les campagnes pour plomber la terre qui recouvre les semis de plantes céréales et autres qui se cultivent en grand dans les champs.

On l’emploie plus particulièrement dans les terres meubles, onctueuses et fraîches. Il plombe cette nature de terre sans trop la durcir, et l’empêcher d’être traversée par les feuilles séminales des graines que le champ renferme.

Pour les semis printaniers dans les terres sablonneuses et légères, sous un climat sec et chaud, le rouleau en pierre doit être préféré : il affermit davantage la terre, et la rend plus susceptible de conserver l’humidité nécessaire aux plantes qu’elle doit nourrir ; malheureusement cet ustensile est trop peu en usage dans la plus grande partie de la république.

On se sert encore du rouleau de pierre pour les semis de graines de gazons dans les jardins d’agrément.

Enfin, le rouleau en fonte est en usage dans les jardins paysagistes, pour affermir le sol dans lequel on a fait des semis de gazons superflus, etc. La pesanteur de celui-ci étant le quadruple de celui en pierre, qui pèse trois fois plus que celui en bois, nivelle le sol, l’affermit et rend le gazon d’une finesse extrême.

Aux pieds. Dans les jardins légumiers, après avoir hersé à la fourche ou au râteau les semis nouvellement faits, au lieu de se servir des rouleaux, on les plombe en les piétinant.

Le cultivateur, les deux pieds rapprochés l’un de l’autre, et ne les faisant agir que l’un après l’autre dans la longueur de leur étendue, les mains derrière le dos, parcourt la planche dans sa longueur en allant et venant, et ne laissant pas un espace sans l’affermir de tout le poids de son corps. Il foule la terre en proportion que l’exige la réussite de la graine qu’il a semée ; il en est, telles que celle de la raiponse (campanula rapunculus L.) qui viennent d’autant mieux, que la terre qui les recouvre a été foulée davantage. D’autres, au contraire, qui n’exigent qu’un foible degré de pression, telles que les arroches, les épinards, l’ognon des cuisines, etc. Il passe légèrement sur les planches qui renferment les semences de celles-ci.

Dans les jardins fleuristes, on emploie le même procédé pour les semis de fleurs, en les proportionnant à la nature des terrains et à celle des graines.

À la main. Le plombage à la main ne se pratique guères que dans les jardins des cultivateurs de plantes étrangères, et dans ceux de botanique. Il est plus spécialement affecté aux semis qui se font dans les rigoles ou rayons en pleine terre, dans des proportions très-circonscrites et plus souvent encore pour les semis dans des caisses, terrines ou pots.

Après avoir recouvert la graine de l’épaisseur de terre et de l’espèce qui convient à sa nature, le jardinier l’étend également sur toute la surface de la rigole ou du vase qui la renferme ; ensuite il la plombe avec le dos de la main, qu’il appesantit suivant l’exigence des besoins. (Thouin.)