Cours d’agriculture (Rozier)/RESTAURANT

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Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 594-595).


RESTAURANT. Médecine Rurale. Remède propre à donner de la force & de la vigueur.

On doit compter au nombre des restaurans ou analeptiques, les médicamens balsamiques, aromatiques, amers & astringens, qui semblent avoir, à un degré considérable, la faculté de remettre les organes affoiblis, en état de faire leurs fonctions.

D’après cela, il est aisé de voir que leur usage est très-étendu, & qu’ils conviennent très-bien dans le marasme, la cachexie & dans la fièvre lente. On les emploie encore avec succès dans le cas d’atonie, dans la foiblesse de la constitution, dans toutes les déperditions de substance. Les personnes naturellement foibles & emaciées, celles qui ont le genre nerveux trop relâché, qui ont une âcreté décidée qui infecte le sang & les autres humeurs, en retirent les plus grands avantages. Ils sont encore très-utiles dans les convalescences longues & difficiles, déterminées par des évacuations immodérées, de longs jeûnes, par des travaux du corps & de l’esprit, trop long-temps continués.

Il faut néanmoins convenir qu’ils sont peu efficaces dans tous ces différens cas, si les forces de l’estomac ne soutiennent & ne favorisent leur action.

Les restaurans nous sont fournis par les trois règnes de la nature. Le règne végétal nous donne la racine d’aulnée, celle de benoite, le souchet, l’acorus, le costus arabicus, les feuilles d’estragon, de verge d’or, le thim, le romarin, la lavande, le serpolet, le laurier, la roquette, la noix muscade, la petite absinthe, la petite centaurée, le café, le santal, la vanille, le quinquina, l’écorce de Winther, l’écorce des oranges, &c.

Le règne animal nous offre des restaurans dont l’efficacité est constatée par une infinité de guérisons qu’ils ont produites. En premier lieu, il nous donne le lait, qui doit être regardé comme le meilleur restaurant qui existe dans la nature ; & la substance de différens animaux, tels que la corne de cerf, les sucs de veau, d’agneau & des volailles, la vipère, &c.

Le règne minéral n’est pas moins abondant ; il nous prodigue une infinité de sources d’eaux très-salutaires, propres à fortifier les solides, à dissiper les embarras qui s’opposent aux bonnes digestions & aux réparations des pertes continuelles du corps. Nous nous contenterons d’en indiquer quelques-unes, telles que les eaux de Forges, de Spa, de Bagnols, de Plombières, de Gabian & Roujan en Languedoc.

L’alun, le fer & ses différentes préparations, peuvent être regardés comme de très-bons restaurans. On sait que le fer est très-propre à remonter les fibres relâchées, à redonner aux corps & à toute la constitution ce robur, cette force physique, si nécessaire pour rétablir l’ordre des fonctions animales.

En faisant attention aux cas où les restaurans sont indiqués, on voit ceux où ils sont contre-indiqués. Le fer feroit à coup sûr très-nuisible dans les exulcérations, tout comme dans le cours de ventre accompagné de soif, d’ardeur, de chaleur & d’acrimonie. D’après cet exemple, on ne doit employer ces remèdes qu’avec précaution & discernement, & donner la préférence & le choix de ces remèdes relativement aux différentes indications que l’on cherche à remplir. M. AMI.