Cours d’agriculture (Rozier)/SANTOLINE
SANTOLINE. Ce genre renferme plusieurs espèces, dont nous décrirons les deux plus intéressantes. Tournefort les place dans la troisième section de la douzième classe des herbes à fleur à fleuron, qui laissent après elles des semences sans aigrettes. Il les aopelle Santolina. Von-Linné conserve la même dénomination, & les classé dans la singénésie polygamie égale.
Santoline à feuilles rondes, ou garde-robe, ou auronne femelle. Santolina foliis teretibus. Tourn… santolina chamœ-cyparissus. Lin.
Fleur, composée de fleurons hermaphrodites dans le disque & à la circonférence, en forme d’entonnoir, découpés à leur limbe, en cinq parties recourbées ; rassemblés dans un calice commun, hémisphérique ; les écailles du calice ovales, oblongues, aiguës, réunies à leur base.
Fruit ; semences solitaires, oblongues, à quatre côtés, nues ou couronnées d’une aigrette à peine visible ; placées dans le calice sur un réceptacle plane, couvert de lames concaves.
Feuilles, sans pétioles, simples, étroites, à quatre côtes, dentelées, ressemblant pour la forme aux feuilles de cyprès.
Racine, dure, ligneuse, rameuse.
Port. Espèce d’arbrisseau dont les tiges, d’un pied environ ou un peu plus de hauteur, sont ligneuses, grêles, couvertes d’un duvet blanchâtre ; les fleurs naissent au sommet, une seule sur chaque pédoncule ; les feuilles sont placées alternativement sur les tiges.
Lieu ; les provinces méridionales de France, l’Espagne, l’Italie cet arbrisseau fleurit en juillet & août.
Santoline à feuilles de romarin… santolina repens & canescens. Tourn. santoline roris marini foliâ. Lin. Elle diffère de la précédente par ses feuilles étroites, linéaires, imitant par la forme celle du romarin fleurs bordures chargées de petits tubercules glanduleux.
Culture. On sème en mars, ou avril, ou mai, suivant les climats, la graine dans une terre substancielle & légère, & sur couche, dans le nord du royaume. Si on la tient dans l’eau pendant deux jours, elle lèvera plus facilement. La voie du semis est longue, & il faut attendre deux ou trois ans avant d’avoir des pieds susceptibles de figurer dans des bosquets d’hiver. Si on a la facilité d’avoir des drageons, des plans enracinés, on jouit bien plus vîte. Les drageons pullulent de nouveau chaque année, & forcent d’enlever de temps à autre les vieux pieds & de renouveler la plantation.
On trace de jolis compartimens, en mariant le romarin avec la santoline. Le blanc des feuilles de celle-ci contraste singulièrement avec le verd brun du dessus des feuilles de romarin. Chacun de ces arbrisseaux pousse beaucoup de petites tiges retenues & mises de niveau par le ciseau, d’où il résulte que chaque arbuste conserve une forme semblable à celle de son voisin. On peut planter une santoline, ou deux ou trois pieds de santoline, ensuite autant de romarin & ainsi de suite, ou une rangée de romarin entre deux de santoline, & ainsi de suite, soit suivie, soit entrecoupée par l’un & l’autre arbrisseau.
Propriétés. Les santolines ont une odeur aromatique, forte, une saveur amère & âcre ; les feuilles échauffent beaucoup, sont souvent mourir les vers lombricaux, cucurbitins & ascarides : elles sont indiquées pour les pâles couleurs, pour les fleurs blanches, sans disposition inflammatoire & avec foiblesse des forces vitales ;… elles excitent la sueur lorsque le corps y est disposé ;… souvent elles constipent & donnent des coliques aux enfans. La dose des feuilles sèches est depuis demi-drachme jusqu’à une once en infusion dans six onces d’eau.