Cours d’agriculture (Rozier)/SAUGE

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 121-122).


SAUGE (grande). Tournefort la place dans la même section & la même classe que la plante précédente, & l’appelle salvia major ou sphacelus Theophrasti. Von-Linné la place dans la diandrie monogynie, & la nomme salvia officinalis.

Fleur, de couleur purpurine, divisée en deux lèvres ; la supérieure en forme de casque, l’inférieure en trois parties, dont la moyenne est creusée en cuiller : les filets des étamines ressemblent à l’os hyoïde par leur bifurcation ; la fleur n’a que deux étamines & un pistil, en quoi elle diffère essentiellement de la précédente qui en a quatre & deux pistils.

Fruit ; le calice, à dentelures aiguës, sert de capsule, & renferme quatre semences arrondies.

Feuilles ; blanchâtres, épaisses, ovoïdes, entières, crénelées.

Racine ; ligneuse, dure, fibreuse.

Port ; tiges ligneuses, rameuses, velues, quarrées ; les fleurs disposées en épi de distance en distance ; las tiges s’élèvent à la hauteur de quinze à vingt-quatre pouces.

Lieu ; originaire des Provinces méridionales ; la plante est vivace & fleurit en juin & juillet.


Petite sauge, ou Sauge franche, ou Sauge de Provence. Salvia mianr aurita & non aurita. Tournef. Silvia officinalis, B. Linn. C’est une simple variété de la précédente, dont elle diffère par ses feuilles plus petites, mais plus larges, plus blanches, ridées, rudes, peu succulentes, ordinairement accompagnées à leur base de deux petites feuilles en façon d’oreillettes.

Sauge de Catalogne. Salvia tenuiore folio, Tourn. Salvia officinalis, B.. Lin.. Toutes ses parties sont plus petites que celles des précédentes ; sa fleur est blanche pour l’ordinaire.

Propriétés ; fleurs & feuilles d’une odeur aromatique, douce, & d’une saveur médiocrement amère & âcre. Les fleurs & principalement les feuilles raniment les forces vitales & musculaires ; elles échauffent, altèrent & constipent. Elles sont indiquées dans les maladies de foiblesse causées par des humeurs séreuses, dans les pâles-couleurs, dans les fièvres intermittentes avec cachexie, le rachitis, l’asthme humide, & dans la toux catarrhale, lorsque l’irritation est considérablement diminuée. Elles sont très-rarement avantageuses, quoique recommandées par des auteurs, dans les maladies convulsives, dans la diarrhée par des humeurs pituiteuses, & dans les fleurs blanches.

Usages ; l’eau distillée des fleurs, donnée à haute dose, réveille à peine les forces vitales ; l’infusion des fleurs est toujours préférable. Le vinaigre de sauge tient ses premières vertus du vinaigre ; il est indiqué dans les maladies ou les humeurs tendent vers la putridité, & où les forces vitales & musculaires sont abattues ; il flatte l’odorat, réveille les forces vitales, & souvent préserve des mauvais effets des exhalaisons putrides. L’huile par infusion de sauge, en onction sur des parties paralysées & foibles, y produit rarement des effets avantageux. L’huile essentielle de sauge en onction est recommandée pour la paralysie séreuse ; mais l’observation n’a pas encore confirmé cette vertu. L’eau spiritueuse de sauge doit sa plus grande activité à l’esprit de vin. Elle réveille puissamment les forces vitales & flatte l’odorat.