Cours d’agriculture (Rozier)/STERNUTATOIRE
STERNUTATOIRE. Médecine Rurale. Médicament propre à exciter l’éternuement & l’excrétion de la mucosité qui se sépare dans la cavité des narines, qu’on connoît sous le nom de morve.
Les sternutatoires sont utiles dans les grands maux de tête, dans la rhume de cerveau, sur-tout lorsqu’il dépend d’une pituite âcre qui, descendant du cerveau, se fixe sur les bronches, & y cause des engorgemens dans les migraines invétérées. Ils sont encore très-bien indiqués dans l’assoupissement & la pesanteur de la tête, dans un état de foiblesse ou de syncope, dans le hoquet & dans les accouchemens naturels qui paroissent se terminer d’une manière trop lente.
Leur usage & leur emploi est toujours déplacé dans les inflammations de la tête & de la poitrine ; chez les personnes pléthoriques & sujettes aux hémorragies : on doit s’en abstenir dans le cas de hernie, chez les grossesses commençantes, chez les malades sujets à l’épilepsie, aux affections nerveuses, ou qui ont une disposition à la frénésie ; en un mot, ils sont contre-indiqués lorsqu’il y a lieu de craindre que la maladie ne soit augmentée par les secousses trop violentes que recevroit, dans l’éternuement, la tête ou la poitrine.
La classe des remèdes sternutatoires est composée des sternutatoires simples, des astringens & des odorans. Dans le nombre des premiers, on doit comprendre le tabac, les feuilles de bétoine, de laurier-rose, de sauge, de lavande, de marjolaine, de stœchas ; le poivre, la pyrèthre, le gingembre, la poudre d’azarum, d’iris de Florence, de muguet & d’hellébore blanc ; les semences de moutarde, de cresson-alénois, les fruits du marronner d’Inde, les mouches cantharides.
La classe des sternutatoires astringens n’est pas aussi nombreuse, puisqu’elle n’en renferme que cinq à six, tels que le vignaire, le suc d’ortie, l’eau alumineuse, l’eau styptique, le mastic, le bol & le sang de dragon.
Tout le monde sait qu’on fait communément usage d’odeurs agréables ou désagréables dans les cas de syncope, de maux de cœur, de défaillance, & dans les affections comateuses ou hystériques. Il est donc naturel de mettre dans cette dernière classe les parfums qui se brûlent, & les fumigations ; l’encens, le benjoin, le storax, la fleur d’orange, le sucre, le vieux cuir, la pelure de pomme rénette, le vignaire, la rhue, l’assafœtida, l’eau de mélisse, celle de la reine de Hongrie, l’esprit de sel ammoniac, l’alkali volatil fluor, composeront cette dernière classe.
On administre tous ces différens remèdes sous plusieurs formes. En fumigation, en poudre ou en les faisant flairer : nous finirons par faire observer qu’il se forme quelquefois, dans la cavité des narines, des ozènes, c’est-à-dire, des ulcères dont on connoît l’existence par l’odeur puante qu’ils exhalent. Il faut alors bien faire attention au pus & à la douleur : si celle-ci est peu considérable, & la matière tenace, il faut alors les déterger avec une décoction d’orge, dans laquelle on délaye un peu de miel de Narbonne ; si cela ne suffit pas, on fait une autre décoction d’orge à laquelle on ajoute la sauge, la lavande ou même la rhue. On y trempe les linges qu’on introduit dans la cavité des narines ; ou bien, ce qui vaut mieux, on la fait renifler, de manière qu’elle pénètre le plus avant qu’il est possible dans la cavité des sinus qui s’ouvrent dans les arrières narines. Quand l’ulcère est putride, on peut se servir de la même manière des eaux de Balarue & de Barèges. M. AMI.