Cours d’agriculture (Rozier)/STOMACAL

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 294-295).


STOMACAL. Médecine Rurale. Remède approprié aux maladies particulières de l’estomac. Le mot stomacal n’est presque plus usité ; on le sert aujourd’hui plus volontiers du nom stomachique ; c’est celui aussi que nous adopterons en exposant les indications & les contre-indications de ces remèdes. Ils conviennent en général dans toutes les maladies de l’estomac, qui dépendent de toute autre cause que d’une inflammation. Ils sont particulièrement indiqués dans l’inappétence, dans les pâles couleurs des filles & des femmes ; dans la lienterie, la diarrhée, dans les digestions lentes & difficiles, dans la pesanteur, la foiblesse & le relâchement de l’estomac, dans l’abattement des forces, dans l’atonie & dans la constitution énervée.

Ils sont encore très-utiles dans la crudité & dans les coctions lésées. Par ce que nous venons de dire, les stomachiques sont contre-indiqués dans toute espèce d’inflammation, d’irritation, & de spasme de l’estomac.

On ne doit point les employer lorsque les sucs de l’estomac ont acquis un certain degré d’âcreté, lorsque les fibres de ce viscère jouissent d’une sensibilité extraordinaire & contre nature.

Les effets généraux des stomachiques se réduisent à donner plus de ton & de ressort aux solides, & plus d’activité aux fluides.

Les précautions que l’on doit prendre dans l’usage de ces remèdes, roulent principalement sur la distinction exacte que l’on doit faire des cas où ils doivent avoir lieu. Il ne faut pas trop insister sur leur usage, quand on s’aperçoit qu’ils ont produit les effets qu’on en attendoit. On peut en continuer l’usage pendant un ou deux jours, mais cesser après cela, de peur d’exciter dans l’estomac un vice contraire à celui qu’on vient de combattre en augmentant trop le ton & le ressort. Enfin une autre précaution qu’on doit prendre est dans la préférence que l’on doit donner à tel stomachique sur tout autre, préférence qui ne peut avoir lieu que par la connoissance détaillée de ces médicamens, à laquelle nous sommes conduits naturellement.

La classe des stomachiques est très-étendue, & renferme tous les médicamens carminatifs & les anti-helmintiques. La raison que l’on en donne est que les vers, ainsi que les vents, s’engendrent ordinairement par les crudités ou par des matières glaireuses, & que les médicamens propres à donner plus de ton aux fibres de l’estomac, & à diviser les matières, sont également propres à chasser les vents & les vers. On peut encore comprendre dans cette classe les purgatifs, tels que la rhubarbe, les mirobolans, les stimulans, tels que la canelle, le macis, & les absorbans qui conviennent surtout dans le cas de crudité tournant vers l’aigre, & quelques substances fébrifuges, qui possèdent la vertu stomachique d’une maniere très-sûre & certaine. Nous nous contenterons d’en indiquer quelques-uns qui méritent à juste titre cette vraie dénomination. Dans ce nombre seront l’aloès, l’aunée ou enulla campana, la racine de gentiane, la germandrée ou petit chêne, les bayes de genièvre, la menthe, la petite centaurée, la camomille, d’absinthe, (la grande & la petite) la poudre à vers, ou barbotine. Les quatre semences chaudes majeures, l’anis, le fenouil, le cumin & le carvi. Les quatre semences chaudes mineures, qui sont l’ammi, l’ammome, le daucus & l’ache, qui conviennent, on ne peut mieux, dans la cardialgie, dans l’hydropisie tympanite.

Toutes ces différentes substances se donnent sous forme de bol, de poudre, d’infusion, de décoction, ou d’opiat. Je ne crois pas devoir passer sous silence les bons effets que l’ipécacuanha en poudre, donné à la dose d’un demi grain, ou d’un grain tous les jours, & avalé dans la première cuillerée de soupe, produit sur les estomacs foibles & relâchés : on doit le regarder, donné de cette manière, comme un des meilleurs stomachiques : on sait que le vin de Malaga, la rôtie au vin, ont encore deux excellens remèdes dans les convalescences longues, dures & difficiles, & plus agréables à prendre que ceux que nous venons d’indiquer. M. AMI.