Cours d’agriculture (Rozier)/SUDORIFIQUE

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 299-300).
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SUDORIFIQUE. Médecine rurale. Médicament qui rétablit ou augmente l’excrétion, ou la sécrétion qui se fait par les couloirs de la peau.

Cette évacuation, connue sous le nom de sueur, peut être empêchée par différentes circonstances, & différend états, c’est-à-dire, par la trop grande tension, par le resserrement des solides, & par la grande vélocité des fluides, ou bien par le relâchement des solides mêmes, qui fait qu’ils agissent moins efficacement sur les fluides ; & que ceux-ci agissent réciproquement avec moins d’énergie sur les solides ; ensorte que le sang n’étant pas suffisamment broyé, ne peut passer par les extrémités des artères, où doit se faire la sécrétion de l’insensible transpiration.

Peu de temps après avoir pris un sudorifique, la chaleur augmente dans les malades, leur poulx devient plus fort, plus plein, & plus fréquent : l’artère a toujours, dans ses pulsations, un caractère souple & ondulent, il se répand sur la surface du corps une moiteur ; les pores de la peau se dilatent ; les vapeurs qu’ils laissent exhaler, deviennent plus sensibles, & forment de petites gouttes qui constituent la sueur.

Les sudorifiques sont toujours bien indiqués dans les maladies qui dépendent de la diminution, ou de la suppression de transpiration, telles que le catarre, l’asthme humide & les différentes espèces de rhumatisme, & de rhume.

Ils conviennent encore dans les maladies putrides, où l’épaississement domine. Ils agissent presque toujours bien dans certaines maladies inflammatoires, telles que la pleurésie, la péripneumonie, dans les maladies inflammatoires exanthématiques, comme la rougeole & la petite vérole.

Ils sont de plus très-expressément recommandés, dans les maladies de la peau, dans la gale & la gratelle ; dans les maladies vénériennes, récentes & anciennes, sur-tout dans les exostoses & les vieilles gonorrhées : on doit les employer surtout dans les fièvres malignes, lorsque la nature est foible & languissante, & qu’elle a besoin d’un agent propre à la réveiller, pour exciter une crise salutaire.

Mais leur emploi exige quelques connoissances dans l’art de guérir. En faisant attention à leur indication, il est aisé de sentir, par les effets sensibles qu’ils produisent, qu’ils sont contre-indiqués dans toutes les fièvres ardentes aiguës, essentiellement inflammatoires, & dans certains cas de maladies inflammatoires exanthématiques. Ceci mérite, quelques réflexions.

Ceux qui pensent que les sudorifiques conviennent dans toutes sortes de maladies exanthématiques, croient que la nature fait tous ses efforts pour déterminer la cause morbifique vers les couloirs de la peau ; c’est donc suivre la nature & l’aider, que de les donner dans ce cas : ce raisonnement est captieux, mais il est aisé d’en démontrer la fausseté, & pour cela, il n’y a qu’à faire observer que l’éruption peut être empêchée, ou par le trop grand mouvement du sang & la contraction des vaisseaux, ou par le relâchement des vaisseaux, & le défaut d’activité des organes de la circulation.

Les sudorifiques sont encore contre-indiqués dans les sueurs symptomatiques, qui doivent être plutôt calmées qu’entretenues, sur-tout si elles sont chaudes, & si elles dépendent d’une dissolution âcre.

L’emploi de ces remèdes exige certaines précautions ; elles se réduisent à garder le malade dans un lit, médiocrement couvert, à associer l’opium à certains sudorifiques, surtout si l’on veut exciter plus sûrement la sueur, & à savoir choisir & donner la préférence à tel sudorifique, sur tout autre.

Les sudorifiques nous sont offerts par les trois règnes de la nature ; le règne végétal, qui est le plus abondant, nous donne les bois sudorifiques, tels que le gayac & le sassafras, la salsepareille, la racine d’esquire, celle de bardane, la scorsonère, la germandrée aquatique, le chardon béni, l’escabieuse, le coquelicot & les fleurs de sureau. Le règne animal nous fournit la corne de cerf, la chair de la vipère & le sang de bouquetin. Le règne minéral ne nous donne que l’antimoine diaphorétique ; mais aussi, il nous offre une immensité de sources, d’eaux thermales, qui excitent la sueur de la manière la plus énergique, M, AMI,