Cours d’agriculture (Rozier)/SUPPRESSION D’URINE

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 307-308).


SUPPRESSION D’URINE. Médecine vétérinaire. Si un vice de l’organe, ou quelque corps étranger empêche l’urine de se séparer de la masse du sang dans les reins, cette espèce de maladie est appelée suppression d’urine ou douleur néphrétique, tandis qu’elle prend le nom de rétention, quand l’urine filtrée par les reins s’arrête dans la vessie. (Voyez Urine Rétention d’)

L’urine se supprime lorsqu’elle ne se sépare pas dans les reins, ou qu’elle ne s’y sépare qu’en petite quantité, ou qu’elle ne trouve pas de passage libre pour se rendre dans la vessie. Dans cet état, le cheval souffre de vives douleurs ; il s’agite, se tourmente, plie les reins, les regarde, & a une grande fièvre.

Causes. La suppression d’urine vient ou de l’inflammation des reins & des artères, ou de l’obstruction de ces parties, ou de la présence d’une pierre. (Voyez ce mot)

1. Dans l’inflammation des reins, les tuyaux secrétaires étant resserrés, & ne filtrant plus l’urine, cette humeur reflue dans la masse du sang, & de là la suppression.

2°. Dans l’inflammation des artères, les canaux étant rétrécis, & ne laissant aucun chemin ouvert à l’urine, il en résulte aussi la suppression.

3°. Dans l’obstruction des reins & des artères, cette humeur ne pouvant passer librement, & n’étant plus versée dans la vessie, il y a par conséquent suppression.

Curation. Le mal est pour l’ordinaire incurable, lorsqu’il est causé par obstruction, c’est-à-dire, par des calculs ou des pierres, soit dans les reins, soit dans les artères, tandis qu’il peut se guérir s’il vient seulement de l’inflammation des reins. Dans ce dernier cas, faites des saignées répétées suivant le besoin ; mettez l’animal aux remèdes généraux, & donnez beaucoup de lavemens émolliens & rafraîchissans, faits avec la décoction légère de pariétaire ou de mauve, ou de graine de lin. Dans la vue de tempérer la chaleur, d’abattre l’inflammation, & de calmer l’irritation, administrez des breuvages adoucissans & diurétiques. Le propre de ces remèdes est non-seulement de remédier au défaut de sérosité, & de donner aux fibres plus de souplesse, en détrempant les fluides, ils dissolvent encore les sels & les parties tartareuses, & rétablissent, de ces différentes manières, la sécrétion interceptée : tels sont encore les effets de tous les délayans aqueux, des boisions abondantes simples, ou dans lesquelles on noie quelquefois une certaine quantité de nitre, selon le besoin.

Les diurétiques peuvent aussi être administrés en bols, en lavemens : cette dernière méthode est toujours la première à tenter sur les animaux dans la suppression d’urine, dans la difficulté d’uriner. On fomente, on détend par ce moyen les parties ; on les dispose à céder à l’impression des diurétiques actifs, & souvent les injections des décoctions émollientes seules, ou aidées par la térébenthine, le nitre, &c. produisent, sans aucun autre secours, les effets que l’on a à solliciter. (Voyez Lavement) M. T.