Cours d’agriculture (Rozier)/THUYA

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 410-411).
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THUYA d’occident ou de Canada. Tournefort le place dans la trente-deuxième section de la dix-neuvième classe des arbres à fleur à chaton, les fleurs mâles séparées des fleurs femelles, mais sur le même pied. Il l’appelle thuya theophrasti. Von-Linné le nomme thuya occidentalis, & le classe dans la monoécie monadelphie.

THUYA d’orient ou de Chine. Tournefort ne l’a pas connu ; Von-Linné le nomme thuya orientalis.

Fleur mâle. Chaton ovale sur lequel chaque fleur est attachée dans une écaille ovale, concave & obtuse ; elle est composée de quatre étamines à peine visibles, & d’autant d’anthères.

Fleurs femelles. Rassemblées dans un cône composé de petites fleurs opposées les unes aux autres ; chaque écaille sert de calice à deux fleurs femelles.

Fruit. Semences oblongues qui sont longitudinalement garnies d’une aile membraneuse & échancrée.

Feuilles. Elles ne paroissent à l’œil que comme des écailles, des mamelons qui s’engrènent les uns dans les autres. Elles sont portées par un pétiole commun, plat dans la partie supérieure, & arrondi vers la branche : dans le thuya d’orient, les folioles sont opposées ; dans celui du Canada, elles sont alternativement placées.

Port. Ce dernier s’élève dans son pays natal, à plus de 40 pieds de hauteur, & fait un superbe arbre ; il a été apporté du Canada sous François Ier, & il réussit parfaitement en France. Celui de Chine paroît pas devoir s’élever aussi haut ; il s’acclimate très-facilement en France, & aucun arbre vert n’égale en beauté sa couleur ; son vert est éclatant.

Culture. Ces deux arbres font l’ornement des bosquets verts, surtout ce dernier. Le rigoureux hiver de 1788 à 1789 n’a pas endommagé les pieds un peu forts. Lorsqu’on desire, les multiplier, ce doit être par graine, quoique celui de Canada prenne par bouture faite au commencement de septembre. Dans les provinces du centre & du midi du royaume, les semis peuvent être faits dans des pots garnis d’une terre douce & légère, recouverte de mousse, & placés au soleil levant. Ailleurs, ils ont besoin d’une couche de fumier ou de tan. Les arrosemens doivent être fréquens mais légers ; les mauvaises herbes détruites avec soin ; on les laisse se fortifier pendant toute la première & même la seconde année, en observant, pendant l’hiver, de garantir les jeunes pieds de la neige & du grand froid ? À la fin de la seconde année, on donne à chaque pied son pot séparé & une terre plus substancielle, mais la terre dans les pots toujours recouverte de mousse. Après la troisième, & encore mieux, après la quatrième année, & à la fin de l’hiver, on dépote sans déranger les racines ; on les plante à demeure, & ces arbres n’exigent plus aucun soin particulier, à moins qu’il ne survienne une sécheresse dans l’année de leur transplantation ; quelques arrosoirs d’eau suffiront dans ce cas. Tant que le pied de l’arbre est jeune, on doit le travailler au pied trois fois dans l’année.

À mesure que le pied de l’arbre se fortifie, il faut être très-modéré sur les branches à abattre dans le bas. Il s’élevera de lui-même sans vos soins, & les branches inférieures se détruiront peu-à-peu, parce que la sève tend sans cesse vers le sommet. (Consultez ce mot) Les plaies faites par les amputations sur les arbres résineux se cicatrisent avec peine, & occasionnent pendant long-temps un flux de résine ou gomme-résine, suivant la nature de l’arbre, & cette perte nuit beaucoup à l’arbre ; si au contraire la branche se détache d’elle-même du tronc, il n’y a point d’exudation, & la plaie est bientôt recouverte par l’écorce.