Décrets des sens sanctionnés par la volupté/1

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A Rome, De l’Imprimerie du Saint Pere, M. DCC. LXXXXIII (p. Frontisp.-17).

Décrets des Sens
Frontispice
DÉCRETS DES SENS
SANCTIONNÉS PAR LA VOLUPTÉ.

LE DÉPUTÉ CINIQUE

OU
LA DAME LE… FOUTUE EN RÊVE.


Chacun dans ce monde s’occupe à sa manière, tandis que la ma maîtresse France divisée par deux puissantes factions, flotte dans l’incertitude, ou d’une meilleure destinée, ou d’un accroissement de troubles, les plaisirs ne perdent jamais leurs droits ; leur empire est toujours le même, et le feu des guerres civiles qui s’allume au quatre coins de ce royaume, jadis si florissant, cause moins de violens effets, que celui dont l’amour embrâse les cœurs et les sens français. Nul être ne peut se soustraire à sa domination, et nos graves législateurs eux-mêmes, blancs ou noirs, ne se reposent des fatigues qu’ils essuyent en parcourant le dédale obscur où ils marchent en aveugles, que dans les bras de la prostitution, et en épuisant toutes les ressources de la lubricité.

Couchés sur les tétons d’une Laïs de la rue Saint-Honoré, tout aussi nue que l’étoit Vénus sortant du sein des eaux, c’est-là qu’ils oublient l’esprit de parti, pour viser au même but. La plus délicieuse des jouissances excite en eux les desirs ; cuisses rondes et blanches, ventre ferme et poli, gorge d’albâtre, motte velue, grassouillette et abondamment fournie, conin vermeil dont les lèvres retroussées sont les symboles les plus parfaits d’une rose qui commence à s’épanouir, voilà les écueils où ces sénateurs voyent journellement échouer leur orgueil.

Osez me démentir, courtisannes renommées de la capitale, osez nier le partage que vous faites avec les députés de la France, des émolumens que leur accorde la nation. Brocardés, chansonnés par les feuillistes ; ces dignes représentans, tour-à-tour loués et blâmés, n’ont encore entendu raisonner que sur leurs opérations aristocratiques ou démocratiques, et les mystères qu’ils ont consommés avec vous, ont été ensevelis dans la nuit du silence ; ce sont ces mystères que j’entreprends de dévoiler ; que Gorsas, Clément, Audouin et Marat s’exercent à démontrer leurs erreurs et leurs inepties, moi je ne veux m’occuper que de leurs fredaines lubriques. Foutre, voilà ma morale et ma politique ; palper les fesses de ma divinité, voilà l’unique occupation à laquelle je veux me livrer ; dévorer de baisers lascifs et brûlans les charmes secrets de ma déitée ; mourir entre ses bras de l’ivresse du plaisir ; sentir ranimer en moi l’ardeur de mon membre viril, par six coups de cul vigoureux ; le plonger avec fureur dans le canal de la volupté ; le retirer pour l’y enfoncer de nouveau ; l’innonder d’un torrent de foutre ; le faire bouillonner dans cette source féconde où mes desirs se concentrent ; voilà mes délices. Osez me blâmer, froids et glacés raisonneurs, traités d’infâmes obscénités mes peintures chaudes et passionnées, tous vos argumens ridicules ne valent pas un des soupirs convulsifs qui s’exalent de ma poitrine brûlante sur le beau corps de la tendre amie de mon cœur ; et j’aime beaucoup mieux, quoi que vous en puissiez dire, occuper ma plume à tracer énergiquement les effets d’un ardent délire, que d’innonder la capitale de brochures incendiaires ; j’emflammerai les sens, mais je ne troublerai pas les têtes. En me lisant, les sectateurs passionnés s’empresseront moins de courir à la révolte qu’au cul de leurs maîtresses. Ils répandront avec profusion cette liqueur spermatique, ce foutre vivifiant, le principe de notre être, et ils ménageront le sang de leurs freres concitoyens. Croissez et multipliez, nous a dit, dans un moment de bonne humeur, le Dieu de toutes les nations ; je remplis donc les vues de la providence, en en décrivant les moyens. Foutez donc, foutez à triples mesures, braves révolutionnaires, mais ne vous égorgez pas pour l’aristocratie, et moins encore pour la démocratie ; bannissez de vos foyers les horreurs de la guerre, et que des Priapes de bonne constitution soient maintenant vos seules armes ; braquez-les sur des cons dispos, ce sont là les citadelles et les bastions que vous devez attaquer ; d’une main libertine parcourez-en les frontières, construisez des individus, au lieu d’en détruire, et le Ciel, le juste Ciel, bénira vos travaux, le Dieu des fouteurs, du haut de l’Olympe, secoura sur vous sa pine ineffable, il vous couvrira de la divine rosée, son abondante décharge facilitera les vôtres, et vous jouirez de l’effet précieux de ces paroles angéliques : Pax te cum.

Charmantes courtisannes, Duthé, Colombe, d’Argens, Contat, Delaunay, Blondi, Marie-Antoinette, Polignac et autres, ô vous, à qui je consacre mes productions, daignez sourire à mes tableaux !

D’une main perfide l’infâme calomnie osa tracer la censure de nos actions, vous traiter de tribades, de catins, de prostituées et d’adultères ; ses infâmes ministres ont essayé d’attirer sur vous l’horreur des peuples ; mais consolez-vous, les monstres ne bandaient pas ; la rage de tenir entre leurs mains un vit impuissant, de le branler vainement sans jouir de la délicieuse faveur de l’érection, a corrompu leurs sens et aigri leurs transports. Ah ! si, comme la mienne, leur pine molasse eût orgueilleusement levé la tête, si leurs couilles enflammées leur eussent fait pressentir, par d’agréables picotemens, que rien ne pouvait être comparable au bonheur de foutre, loin de lancer sur vous l’infect venin de la satyre, ils eussent préconisés vos cons charmans, ils les eussent regardés comme autant d’idoles dignes de leurs hommages, et les bougres y eussent sacrifié.

C’est ainsi que pensait Socrate, ce sage philosophe ; tout en guidant les Athéniens dans le chemin de la sagesse et de la félicité, il foutait en cul le jeune et galant Alcibiade ; il prêchait l’exemple avec cet aimable guerrier, il lui insinuait sa doctrine par l’anus ; mais quoique ce fut-là sa méthode favorite, il était bien éloigné de blâmer celle de son disciple. A son tour celui-ci branlait le clitoris de Glicere, jeune et jolie bouquetière Athénienne, dont la croupe mobile, les fesses enchanteresses, les tétons palpitans étaient dignes des adorations de toute la Grèce. Après ces importantes occupations, nos philosophes s’asseyaient en plein sénat, et y dictaient les loix les plus sages. C’est ainsi que font nos députés. Ont-ils tort ? ma foi non ; car qu’est-ce qu’un législateur ? C’est un homme ; or donc, un législateur peut foutre comme un autre ; c’est par cet argument sans réplique que j’entre en matière.

Le député ......[1], au retour d’une séance pénible où il avait soutenu vigoureusement les droits du monarque français contre les principes empoisonnés des Barnaves et Mirabeau, s’endormit dans son cabinet en réfléchissant aux contradictions qu’il venait d’essuyer. Les réparties amères de Mirabeau, non celui dont la panse énorme est l’emblème d’une futaille, mais de Mirabeau le roué, avaient excité son dépit et allumé sa colere. Mille idées sinistres lui passaient par la tête, ne respirant que sang et que vengeance ; les songes les plus fâcheux aliénaient son imagination, quand le Dieu de la fouterie lui-même prenant pitié de son délire, voulant terminer le trouble de ses sens et les agiter plus agréablement, lui apparut pendant son sommeil et lui tint ce langage :

Insensé, connais toute ta démence, et le ridicule de ton orgueil ; tu médites d’égorger ton semblable, ou d’en être toi-même la victime, toi qui dans tous les tems consacras tes jours au plaisir, ta folie me touche, et je viens à ton secours. Si Mirabeau le roué t’a vaincu par ses puissans axiômes, tu peux à ton tour le terrasser en fouterie, et je veux bien t’avouer que tu n’auras pas grande peine, car s’il se montre à la tribune un athelète redoutable, c’est un piètre sire sur le ventre de sa déesse, ce n’est ordinairement que par les secousses d’un poignet vigoureux, que son vit lâche, faible et mou, donne quelques signes d’existence ; et la gloriole d’une fouteuse lubrique et insatiable est le seul motif qui retient sa bien-aimée attachée à son haut-de-chausses ; ce n’est pas pour rien que je t’ai doué d’un vit que j’ai pris plaisir à modeler sur le mien. Voici le moment de la vengeance ; écoute :

Sur la place du Carrouzel existe une courtisanne fringante, alerte et sensuelle ; le bon homme Lafontaine sert d’enseigne au magazin d’esprit qu’elle possède relié en veau et en brochures, sans qu’il en existe une parcelle dans sa tête. Md..... est son nom. Cette fouteuse infatigable, après avoir triplé les cornes que porte son débonnaire et pacifique cocu d’époux, ajoute en en maintenant à sa célébrité en foutant avec Mirabeau ; oui, c’est dans le con de cette fougueuse Messaline, que le coquin pompe les documens dont il appuie les décrets que sa cabale prononce ; mais ne crois pas qu’il soit le seul, Foucault, Rabaud-de-Saint-Etienne, ont eu leur part de ses caresses ; aristocrates, démocrates, noirs, blancs, tout a foutu cette catin, et si jamais ses entrailles impures venaient à féconder ; le monstre qu’elle enfanterait serait à-coup-sûr un composé d’horreurs. Ajoute ton nom et tes exploits à la liste nombreuse des amans de cette louve charnelle, c’est en la foutant que tu peux te venger de ton rival ; viens, son con brûlant est disposé à te recevoir. Je vais t’y introduire.

Alors, le député ..... se sentit enlever par le dieu des jardins et poser à califourchon sur le vit prodigieux que ce divin patron des fouteurs portoit à sa ceinture.

Priape lui ordonna de se saisir des poils qui ombrageaient sa cheville, pour se tenir en sûreté ; et dans cette situation, faisant traverser les airs à son protégé, il l’introduisit dans la chambre à coucher de la dame ..... qui dans ce moment, méditant sur les plaisirs de l’amour, avait retroussé sa jupe et sa chemise, et se branlait délicieusement.

C’est ainsi que tu honore mon culte, dit le Dieu de la fouterie, en posant à terre le député Bouche. Eh ! quoi, tu t’amuses à te branler comme une coquine, tandis que ton mari ronfle dans son galetas, et que Mirabeau, ton farfadet, heurle à l’assemblée nationale. N’est-il donc pas d’autres vits que celui de ce lâche député, pour assouvir tes sens et ta luxure ; mais je lis dans ta pensée et préviens ta réponse. Je sais que Mirabeau ne te fout qu’en bande-à-l’aise ; que ses couilles flasques et épuisées ne t’arrosent qu’avec peine de cette essence prolifique dont les parvis de ton con sont à peine humectés. Eh bien ! donne lui un substitut. Voici un Hercule que je te présente. Foutez et refoutez ensemble, noyez-vous tous les deux dans des torrens de foutre, je vais renouveler vos forces et votre ardeur, en achevant ces mots, Priape souffla sur la dame ..... et sur le député ..... et disparut à leurs yeux.

Un songe aussi flatteur avait irrité les sens lascifs du député ; continuant donc à errer dans son imagination lubrique, il rêva qu’il s’approchoit de la prostituée de Mirabeau le roué ; qu’il couvrait son sein de baisers ; qu’il pressait entre ses mains les tétons de cette infante ; qu’il lui maniait la motte ; qu’il entrouvrait les lèvres vermeilles de son conin ; et qu’en même tems qu’il lui glissait la langue dans la bouche, il lui introduisait le vit dans le con. Qu’à son tour, la dame ....., en proie aux fureurs amoureuses, le serrait entre ses bras, remuait le croupion avec mobilité, le mordait avec yvresse, et se tortillait en mille replis.

Echauffé par l’image de cette fouterie voluptueuse, qu’avait fait le député ..... pendant son sommeil ? ce qu’il avoit fait ? belle demande. Il avait fait ce que j’ai fait moi-même mainte fois, quand le Dieu des chimères m’envoya en songe un con à foutre : il avait déboutonné ses gregues, et de ses cinq doigts, formant un con artificiel, il avait empoigné son vit bandant en enragé, et s’était branlé en l’honneur des appas de madame ....., qu’il croyait foutre réellement. Les approches du plaisir interrompirent son sommeil, et le paillard député ouvrit les yeux au moment où le foutre s’élançant avec ardeur de sa verge alla se fixer sur les meubles voisins et sur le parquet de son appartement.

Revenu de cet état d’enchantement, il disserta sur les délices de la masturbation, et cessa de s’étonner que les Jésuites, en enculant leurs élèves, leur aient appris à se branler. De réflexions en réflexions, il r’empoigna son outil encore ferme et disposé à une nouvelle secousse, et foutit encore, sans courir des risques trop ordinaires, une nouvelle beauté, que son imagination lui peignait. Heureux passe-tems, combien de fois vous m’avez été favorable.

Eh quoi ! se branler, dira-t-on ? Eh ! pourquoi pas. C’est de cette manière qu’un célibataire Epicurien fout toute la terre sans en avoir la réputation ; c’est de cette façon que j’ai foutu la reine de France, les dames de la cour, les courtisannes, qui vendent leurs coups de cul au poids de l’or, et que fait cocu la majeure partie de mes voisins. Si j’apperçois une femme aimable, dont la gorge ferme, blanche et élevée excite mes desirs, mon imagination voltige et s’égare sous sa chemise ; elle me promène de beautés en beautés, le prestige me fait toucher ses cuisses, son ventre, sa motte et son con. Cette idée luxurieuse enflamme mes sens, je me déboutonne, je ferme les yeux, je me branle, je décharge ; et je suis tellement obsédé des appas que je prête à ma fouteuse imaginaire, que je crois en effet avoir foutu l’aimable objet qui m’a fait bander. A la vérité, l’illusion se dissipe ; mais pareil évènement arrive auprès d’une jolie femme. On n’a pas toujours à souhait un con à foutrailler, mais il reste toujours cinq doigts et un vit ; conséquemment, nouveaux tendrons à foutre ; c’est donc avec raison que mon héros dit que l’Illiade en entier ne vaut pas un branleur.





  1. Surnommé ........, jadîs patriote zélé, maintenant Monarchien, et antagoniste des Jacobistes, dont la tête est une girouette tournant à tout vent.