Démêlés du Comte de Montaigu/Chapitre XI

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XI

comment jean-jacques parle de son successeur auprès de l’ambassadeur, et du rappel du comte de montaigu


Il suivit cet avis et me donna réellement pour successeur un vrai procureur qui, dans moins d’un an, lui vola vingt ou trente mille livres.


Après le départ de Rousseau, en avril 1744, le comte de Montaigu se préoccupa naturellement du choix de son remplaçant. Chercher un secrétaire à Venise, il n’y fallait pas songer. L’ambassadeur s’adressa à son banquier de Paris, Kolly, qui lui indiqua une personne « absolument sûre ». Kolly avait été mal informé, car ce soi-disant honnête homme, qui s’appelait Henry, n’était qu’un escroc[1]. Le comte, l’ayant tenu en surveillance pendant quelques semaines et le voyant irréprochable, lui confia, en janvier 1745, la direction de sa maison, ce qui permit à Henry d’exercer son ancien métier. Les lois de la République défendaient aux ministres étrangers de traiter directement avec les négociants pour leurs achats quotidiens : un prête-nom était donc indispensable. Henry s’aboucha avec un individu de son espèce, le marchand Cornet, Français naturalisé Vénitien, qui promit de fournir à l’ambassadeur tout ce qui lui manquerait pour la nourriture, l’entretien, etc. Le comte, pour le payer, lui remettait les lettres de change qu’il recevait de Paris[2]. Les deux complices avaient, par suite, intérêt à ce que l’ambassadeur dépensât plus que moins ; c’est ce qui amena Henry à grossir de moitié les mémoires dans lesquels le comte de Montaigu évaluait ses avances pour recevoir du ministère le remboursement de ses dépêches secrètes, et des ports de lettres[3] ; de plus, il se livrait à une contrebande effrénée. Son maître avait compté mensuellement avec lui pendant le premier trimestre de 1745 ; n’ayant rien remarqué d’anormal, il négligea cette précaution. Henry et Cornet abusèrent de sa confiance imprudente[4].

… qui lui vola de vingt à trente mille livres.

Dix-huit mois de suite, le secrétaire trompa indignement le comte de Montaigu. Il gaspilla les finances de l’ambassadeur et lui fit naturellement un tort considérable auprès du ministre.

… Il le chassa, le fit mettre en prison, chassa ses gentilshommes avec esclandre et scandale, se fit partout des querelles, reçut des affronts qu’un valet n’endurerait pas…

En janvier 1746, l’ambassadeur ordonna à Henry de préparer la justification de ses opérations

financières pour l’année écoulée ; mais Henry ne se conforma que lentement à cette injonction. Son maître, qui commençait à le soupçonner, le somma de s’exécuter ; mais il dut patienter jusqu’au mois d’août. À ce moment, Henry produisit un compte obscur dont le total atteignait le chiffre de 176, 720 livres vénitiennes, c’est-à-dire 88, 000 livres tournois, ce qui supposait un train de maison s’élevant annuellement à plus de 50, 000 livres. L’ambassadeur, en examinant sommairement cette pièce, fut surpris de nombreux articles qui y figuraient, et exigea pour chacune des fournitures une quittance séparée, à défaut de laquelle tous les commerçants affirmeraient eux-mêmes le règlement de leur créance. Henry, se doutant que ses rapines seraient prochainement découvertes, se disposa à la fuite. Il brûla les papiers les plus compromettants, en enleva d’autres (entre autres des dépêches de l’ambassadeur, des années 1745 à 1746) et, abusant de la liberté qu’on lui laissait, il emporta avec lui tous les meubles de sa chambre[5]. Son complice Cornet protégea sa retraite en lui retenant une place dans une voiture qui faisait le service entre Venise et Florence et appartenait au grand-duc de Toscane. Avant de s’en aller, il avait eu l’impudence de dénoncer au ministre l’ambassadeur comme l’auteur de la friponnerie dont lui Henri, aidé de Cornet, avait été l’audacieux inventeur[6]. Dans une lettre au cardinal de Tencin, le 25 novembre 1747, le comte de Montaigu dit : « Après m’estre deffait du fripon de secrétaire (Henry) que j’ai eu, j’en ai chassé seize (domestiques) tout à la fois qui étaient de sa clique, que j’ay gardé les uns deux ans, les autres trois, malgré leur friponnerie… dont je me défendois le mieux qui m’estoit possible[7]. »

Il le fit mettre en prison…

Ceci est exact. Henry fut arrêté à Monaco par ordre du maréchal de Belle-Isle et sur la prière du comte de Montaigu[8].

… il finit par se faire rappeler…

Ceci est faux. Le roi avait supprimé les fonds secrets pour Venise, mais sans pour cela liquider l’arriéré de ce qu’il devait à son représentant à l’étranger[9]. Le comte de Montaigu se résigna à regret, et avertit le ministre qu’il ne serait plus à même de fournir des renseignements exacts sur les événements d’Italie[10].

Quelques semaines après, il représentait au marquis d’Argenson qu’on pouvait désapprouver l’emploi qu’il avait fait des sommes qui lui étaient allouées, mais qu’il avait droit au paiement intégral des avances qui lui étaient dues depuis tant de mois[11]. Les réclamations de l’ambassadeur étaient tout à fait légitimes, et le ministre les eût volontiers admises si elles avaient été rédigées dans un style plus diplomatique. Pendant son séjour dans l’armée le comte de Montaigu s’était accoutumé à un franc-parler qui, admissible chez un officier, ne l’était plus chez un représentant du roi à l’étranger.

Cette indépendance de langage était de nature à lui nuire auprès du ministre, très formaliste d’ordinaire ; elle lui valut l’hostilité des bureaux, dont il avait involontairement blessé les susceptibilités. Si les commis du ministère jugeaient mal la République et n’étaient pas au courant des détails de sa politique, il aurait été plus habile de ne pas le leur dire. Peut-être eussent-ils mieux apprécié les lettres de l’ambassadeur en s’assimilant les utiles conseils qu’elles contenaient, tandis qu’ils n’y relevaient que les critiques qu’il avait l’air et non l’intention d’adresser à son chef hiérarchique. C’est bien sans arrière-pensée qu’il laissa figurer dans sa dépêche du 2 avril 1747 une phrase inspirée par une idée juste au fond, mais trop librement exprimée. Le ministre vit dans cette lettre un manque d’égards que l’ambassadeur était loin d’avoir voulu y mettre : ce fut sans doute sous l’empire de ce sentiment qu’il signifia au comte, le 19 avril, que le roi croyait répondre à ses désirs en le relevant de ses fonctions d’ambassadeur à Venise.

L’annonce de cette nouvelle causa au comte de Montaigu une véritable stupeur. Il avait si peu songé à s’écarter du respect dû à un supérieur qu’il avait inséré une phrase à peu près identique[12] dans sa lettre du même jour au maréchal de Belle-Isle, ministre d’État comme d’Argenson, qui n’en fut pas autrement choqué : en relations d’amitié avec l’ambassadeur, il était habitué à sa franchise.

À peine le comte eut-il connaissance de la décision royale qu’il écrivit au ministre, le 14 mai, une lettre pleine de dignité : il protestait contre la conclusion erronée qu’on avait tirée de ses paroles, et ajoutait qu’il ne consentirait à partir qu’après qu’on lui aurait soldé tout l’arriéré de ses appointements, ports de lettres, etc.

C’était là un argument auquel le ministre ne fut pas insensible ; son mécontentement avait d’ailleurs été exploité par les bureaux, et il entendait seulement donner un avertissement à l’ambassadeur. Dans ses dépêches suivantes, il ne lui parla plus de son rappel. Ce silence inquiéta le comte de Montaigu ; le bruit courait dans Venise qu’il était disgracié, et cette fausse situation lui était fort préjudiciable[13].

Il n’en continua pas moins à rendre service à l’armée gallispane, à laquelle il fournit dans un moment critique des vivres et de l’argent. Entre temps, il faisait agir ses amis auprès du marquis d’Argenson dont la rancune fut de courte durée. Le 23 août 1746, il rassurait l’ambassadeur par un billet extrêmement courtois, où il affirmait que le roi n’avait eu le dessein de le rappeler que parce qu’on le jugeait dégoûté de sa charge ; lui-même n’avait jamais blâmé que la forme et non le fond de ses dépêches.

D’Argenson confia également au cardinal de Tencin, son collègue dans le conseil, le soin de dire au chevalier de Montaigu que son frère pouvait demeurer tranquille dans sa place et regarder comme non avenu tout ce qui s’était passé[14].

Le semblant de rappel du comte de Montaigu n’aurait été qu’un incident sans importance si l’ambassadeur n’en avait été gravement affecté. On comprend du reste que ses lettres se ressentissent parfois des ennuis qu’il éprouvait. Il se voyait environné d′hommes indignes de sa confiance. Rousseau, outre ses malversations, espionnait son maître et altérait ses chiffres de correspondance[15]. Son successeur Henry imita ce triste exemple. (Quant au gouvernement vénitien, l’espionnage était son principal moyen d’action. Six mois après son arrivée à Venise, l’ambassadeur signalait à Amelot un fait singulier. Il avait présenté au Collège un mémoire dont il expédia un double à la cour, le jour où l’assemblée en délibérait ; la réponse ne lui fut notifiée que le lendemain, et cependant Cornaro, ministre vénitien à Versailles, eut en main une copie de cette réponse avant que le mémoire fût parvenu à Amelot[16]. Un an plus tard, le comte se plaignait de ce que le texte d’une de ses dépêches chiffrées eût été livré au chancelier de la reine de Hongrie, qui l’avait transmis mot pour mot à la République[17], et de ce que les ambassadeurs vénitiens surprenaient le secret de ses lettres et en communiquaient le contenu au Sénat[18].

D’Argenson ayant été surpris d’une telle indélicatesse, le comte précisa ses griefs : quatre de ses dépêches avaient occasionné un minutieux rapport de Diedo à son gouvernement[19]. Le ministre attribua cette coïncidence à ce que lui-même avait été amené, dans une conversation avec Diedo, à traiter la question en détail[20] ; mais l’ambassadeur insista en prouvant la duplicité du chargé d’affaires de Venise qui dévoilait à la cour de Vienne nos projets sur l’Italie[21].

Ces intrigues répugnaient à la loyauté du comte de Montaigu. Soupçonnant que ceux qui l’entouraient avaient des intelligences à la cour, il s’en ouvrit à deux reprises à d’Argenson. Dans sa première lettre, il semblait accuser quelque commis du ministère[22] ; d’Argenson s’empressa de disculper le personnel de ses bureaux[23]. Dans la dépêche suivante, l’ambassadeur déclara qu’il ne doutait pas de leur intégrité, et qu’il avait simplement observé qu’il y avait à Venise quelqu’un qui protégeait les espions et dont on ne se défendait pas assez à Versailles[24].

Le Blond, parti pour la France au mois d’avril 1748, avait employé son temps à cabaler contre l’ambassadeur et à soigner ses intérêts aux dépens des autres[25]. Son crédit était grand dans les bureaux[26] et il en usa secrètement pour amener la disgrâce de son adversaire.

Le marquis de Puyzieulx, qui venait de remplacer d’Argenson au secrétariat des affaires étrangères, avait été un peu déconcerté par une des dépêches du comte de Montaigu : il crut qu’à Venise on le considérait comme l’auteur de l’attestation de moralité donnée au misérable Henry et, quoique l’ambassadeur fût persuadé du contraire[27], la confusion lui fut nuisible. Il avait sollicité un congé pour venir en France rétablir sa santé gravement atteinte par toutes ses épreuves ; le 6 mai 1749, le roi le prévint qu’il allait être remplacé et lui expédia ses lettres.

Ce rappel n’était pas une disgrâce, puisque le marquis de Puyzieulx assura l’ambassadeur dans une de ses dépêches que le roi et lui-même n’avaient sur

son compte que des préventions très favorables[28]. Le comte de Montaigu désirait d’ailleurs atteindre le terme de son exil[29]. Il fit part au gouvernement vénitien de son changement, et le Sénat, qui ne doutait pas de la culpabilité de Cornet, mais n’avait pas voulu se compromettre en la proclamant, adressa en réponse à l’ambassadeur un mémoire où il lui exprimait très courtoisement les regrets les plus flatteurs[30].

Les divers préparatifs du départ exigèrent quelques semaines ; les bureaux des affaires étrangères s’en étonnèrent et traitèrent le comte de Montaigu comme son prédécesseur[31]. L’ambassadeur, quoique ses deux fils fussent malades à Venise, ne voulait pas qu’on l’accusât de résister aux ordres ministériels ; il quitta seul, le 8 septembre, le territoire de la République, sans prendre le temps de recevoir le présent du Sénat, qu’il avait refusé d’accepter en argent[32]. Mme de Montaigu et ses enfants le rejoignirent plus tard, le 15 décembre 1749[33]. Le comte de Montaigu eut son audience de congé du roi, qui lui assigna une pension de six mille livres sur le Trésor[34].

Il renonça à la vie publique et se voua exclusivement aux siens. Sa mort arriva le 23 novembre 1764 ; il était âgé de soixante-douze ans[35].

Si la publication des lettres du comte de Montaigu ne fait que compléter sur quelques points l’histoire générale du dix-huitième siècle, elle aura réparé une injustice en détruisant la légende qui depuis cent cinquante ans s’était substituée à la vérité. L’ambassadeur a été calomnié dans les Confessions : on le jugerait mal si l’on n’étudiait que les documents officiels du ministère des affaires étrangères ; il était indispensable de dépouiller sa correspondance privée pour se prononcer en connaissance de cause. Ce n’est pas à dire que le comte de Montaigu fut à l’abri de toute critique. Son style n’était pas celui d’un académicien ; sa négligence des questions de forme, l’excessive confiance qu’il avait dans son personnel, lui firent commettre des incorrections ou des imprudences : soldat austère plutôt que diplomate et homme de cour, peut-être ne mena-t-il pas toujours à bien, malgré l’expérience qu’il avait acquise de la République vénitienne, les affaires souvent délicates dont il assumait seul la responsabilité. Mais, au milieu de son déplorable entourage, il sut demeurer fidèle aux traditions d’honneur qu’il avait reçues de ses ancêtres et servir son pays en parfait honnête homme. Cela n’a-t-il aucun prix ? Et Jean-Jacques, philosophe et moraliste, ne devait-il pas le confesser ? Ces notes, tout en rendant justice à l’ambassadeur, permettront de constater que Rousseau n’a pas toujours dit le « bien et le mal avec la même franchise [36] », et que, contrairement au programme, il a exagéré le mal et dissimulé le bien.


Paris, novembre 1899.
  1. « Il m’a esté dit que toute sa vie il avoit fait le mestier d’un escrocq ; qu’il avoit esté employé à Grenoble et chassé de son employ pour malversations ; qu’il avoit occupé pendant quelque temps la place de procureur qu’avoit son père, et qu’avant ou après, ayant mangé tout son bien, il avoit esté chevau-léger ou gendarme. » (Lettre du comte de Montaigu à Kolly, 19 avril 1749.)
  2. Lettre de l’ambassadeur au marquis de Puyzieuls, 29 juillet 1747.
  3. Henry avouait lui-même dans une lettre à Cornet qu’un des articles de son compte, qui y estoit porté 4 559 liv. 54 d., ne s’élevait en réalité qu’à 2 000 livres.
  4. Cornet vola tant qu’il put l’ambassadeur avec l’aide de Henry. En octobre 1745, il avait procuré au comte de Montaigu une gondole du prix de 3,900 livres. Plusieurs marchands assurèrent qu’ils auraient livré la même gondole pour 800 livres de moins. Il acheta du vin à Miran sur le pied de 24 livres « le mastello » : le chancelier de Miran attesta que ce vin ne valait que 18 livres. L’ambassadeur avait désiré du marasquin de Zara ; Cornet le compta à 33 livres la bosse. L’homme qui le lui avait vendu certifia par un acte notarié que son tarif ordinaire n’était que de 27 livres la bosse. Sur les fournitures de farine, de café, Cornet pratiquait un courtage analogue. Le café venait du Caire et était négociable en piastres. Cornet évalua cette monnaie à raison de 6 livres de Venise, ce qui constituait une majoration de 22 pour 100 sur le change ; des commerçants du Caire affirmèrent le vol. Enfin, dans le mémoire de Henry était inscrit une somme de 32,800 livres ; cet argent, prétendit Cornet, aurait été avancé à Henry pour l’usage de l’ambassadeur. Celui-ci, qui n’avait jamais donné au secrétaire le moindre pouvoir écrit ou verbal pour quoi que ce fût, refusa d’admettre ce prêt imaginaire, et comme il ne se souciait pas de sacrifier les 32,000 livres, il les revendiqua par les moyens légaux.
  5. Tous ces détails et les suivants sont tirés d’un document de la correspondance, intitulé « Mémoire instructif sur les affaires entre Son excellence M. le comte de Montaigu et MM. Henry et Cornet ».
  6. Lettre de l’ambassadeur au comte de Maurepas, 17 février 1748.
  7. Lettre de l’ambassadeur au cardinal de Tencin, 25 novembre 1747.
  8. Lettre de l’ambassadeur au maréchal de Belle-Isle, 20 juillet 1748.
  9. À cette date, on devait à l’ambassadeur, sans parler des dépenses secrètes, neuf mois d’appointements, neuf mois de ports de lettres, et la gratification qu’on lui avait promise pour le mariage du dauphin.
  10. Lettre de l’ambassadeur au marquis d’Argenson, 29 janvier 1746.

    Citons aussi au sujet de l’emprisonnement d’Henry la lettre du chevalier de Montaigu (2 février 1747), où il dit à son frère que le marquis de Puyzieulx lui conseille de « retenir en prison le sieur Henry, que l’abbé de Broglie ne protège plus, comme je vous l’ay mandé ».

  11. Lettre de l’ambassadeur au marquis d’Argenson (19 mars 1746).
  12. « Le ministre a mal connu les vrayes intentions de la cour de Venise, par rapport à ce pays-cy, ayant préféré les avis qui luy en ont esté donnez à ceux dont j’ay fait part, qui auroient deub faire prévoir ce qui arrive aujourd’hui… » (Lettre du comte de Montaigu au maréchal de Belle-Isle, 2 avril 1746.)
  13. Lettre de l’ambassadeur au maréchal de Noailles, 30 juillet 1746.
  14. Le chevalier annonce à son frère, le 18 août 1746, qu’il a su par le cardinal de Tencin « que M. d’Argenson ne pouvoit pas vous escrire la lettre que vous me demandiez de sa part, mais que vous pouviez vous tenir tranquille et assuré dans votre place, et regarder ce qui s’est passé comme non avenu ».
  15. Lettres de l’ambassadeur à l’abbé Alary (août 1744). — Lettres de l’ambassadeur au marquis d’Argenson (14 août 1745).
  16. Lettre de l’ambassadeur à Amelot, 22 février 1744.
  17. Lettre du comte de Montaigu au marquis d’Argenson, 14 août 1745.
  18. (2) Lettre du comte de Montaigu au ministre, 1er janvier 1746.
  19. Le 18 septembre 1745 le comte de Montaigu écrivait au marquis d’Argenson : « Je ne fus pas longtemps à m’apercevoir qu’un vallet de pied qu’il m’avoit donné, de la plus grande confiance pour porter mes lettres, m’en rendoit de décachetées. Après que le prétexte de la peste, qui, pendant un temps obligeoit de les ouvrir touttes, fut passé, je fis suivre ce vallet. Je découvris non seulement qu’il ouvroit les lettres, mais que c’étoit un espion, qui alloit, à de certaines heures de la nuit, chés les inquisiteurs d’État leur rendre compte de ce qui se passoit chés moy… ayant dix ducats par mois de sallaire pour cela…
  20. Lettre du ministre à l’ambassadeur, 25 janvier 1746.
  21. Lettre de l’ambassadeur au ministre, 19 février 1746.
  22. Lettre de l’ambassadeur au marquis d’Argenson, 27 février 1745.
  23. Lettre du marquis d’Argenson à l’ambassadeur, 16 mars 1745.
  24. Lettre du comte de Montaigu au marquis d’Argenson, 10 avril 1745 : ce personnage était Le Blond, consul de France à Venise.
  25. Le ministre recevait parfois des plaintes sur les agissements de Le Blond. Un conseiller au parlement de Metz, Gomé de la Grange, était venu à Venise pour y chercher un héritage ; le 31 mai 1749, il écrit au marquis de Puyzieulx en l’assurant que cette succession n’est pas une chimère : « Malgré tout ce que Mr Le Blond pouroit vous avoir dit sur cette affaire, qu’il a voulu faire passer pour une vision pendant son séjour à Paris, parce qu’il a des raisons particulières… qui l’ont engagé de parler différemment de ce qu’il pensoit… » Et plus loin : « Dans cet estat, Monseigneur, j’ose vous représenter que Mr Le Blond m’est suspect, et avec raison. »
  26. Le 20 juin 1750, Joseph Key envoyait de Venise, au comte de Montaigu, un billet dont certains passages sont bien caractéristiques : « Il ne m’auroit pas esté difficile de former un mémoire tel que vous me le demandez contre Mr Le Blond, si par votre moyen on avoit pu obtenir du ministre une copie des fausses imputations qu’il a cy devant avancé contre moy : car en me justifiant, j’aurois fait voir en même tems toute sa noirceur et sa méchanceté, au lieu qu’en usant du droit de récrimination contre luy, je ne pourois guère être fondé à le faire, à moins que je n’eusse en main des pièces authentiques. C’est ce qui me manque, car il y a certaines circonstances qu’on peut bien montrer icy, au doigt et à l’œil, mais il est difficile de le montrer de loin de la même façon au ministre. Je crains même que mes lettres que Votre Excellence a laissé à Mr de Chavigny ne fassent pas tout l’effet qu’on pouroit en espérer, non que les faits qu’elles contiennent ne soient bien vrais, mais c’est que ce consul est si fort protégé que je tremble encore qu’on ne me fasse un crime d’avoir osé avancer la moindre chose contre luy… »
  27. Lettre du chevalier de Montaigu à son frère, 24 mai 1749.
  28. Lettre du marquis de Puyzieulx à l’ambassadeur.
  29. Dès le 30 décembre 1747, l’ambassadeur écrivait à son collègue de Rome : « Je désirerois voir la fin de mon exil ; je puis nommer ainsy la situation d’un ambassadeur de Venise, estant séquestré totalement du commerce de la bonne compagnie par les lois du pays. » Quand notre ambassadeur à Constantinople passa par Venise, pour rentrer en France, il lui fut interdit de voir la noblesse, à cause de son caractère (lettre du comte de Montaigu au marquis de Castellane, août 1748). Des amis du comte, le duc d’Agenois et le comte de Laumont, voyageant en Italie, s’arrêtèrent dans la ville des doges : l’ambassadeur ne put pas leur donner l’hospitalité sous peine de les compromettre (lettre de l’ambassadeur à l’abbé de Canillac, 11 janvier 1749). Même les généraux commandants des troupes étrangères n’avaient pas le droit de correspondre sans permission avec les nobles Vénitiens. (Lettre de l’ambassadeur au duc de Richelieu, 17 février 1748.)
  30. Lettre de l’ambassadeur à son frère, 24 mai 1749.
  31. « Le ministre me paroist fort impatient de mon départ… » (Lettre de l’ambassadeur au marquis de l’Hôpital, 9 août 1749.)
  32. Lettre du comte de Montaigu au marquis de Puyzieulx, 6 septembre 1749.
  33. À cette date, le gouvernement royal redevait plus de vingt mille livres au comte de Montaigu. (Lettre du chevalier au marquis de Puyzieulx, 29 décembre 1749.)
  34. Lettre des frères… de Marseille à l’ambassadeur, 16 mars 1750.
  35. Il habitait alors l’hôtel de Montaigu, rue Garancière, et fut enterré dans l’église Saint-Sulpice.
  36. Confessions, liv. Ier, p. 1.