De l’Imitation de Jésus-Christ (Brignon)/Livre 4/07

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Traduction par Jean Brignon.
Bruyset (p. 317-320).


CHAPITRE VII.
De l’examen de la conscience, & de la resolution de s’amender.
Le Maistre.

LE premier soin que le Prêtre doit avoir, s’il veut célébrer dignement les saints Mystéres, c’est d’y apporter une vraye humilité, un profond respect, une vive foi, une intention pure d’y honorer Dieu.

Examinez donc serieusement vôtre conscience, & n’obmettez rien pour la purifier ; de sorte qu’après une contrition sincere, & une humble confession, il n’y reste aucune tache, qui doive vous éloigne de l’Autel.

Ayez une vraye douleur de tous vos pechez en general ; mais concevez un regret particulier des fautes où vous tombez le plus souvent.

Et si le tems vous le permet, confessez à Dieu dans le fond de vôtre cœur tous les excès ou vous porte le déreglement de vos passions.

Gemissez de vous voir encore si sensuel & si mondain, si immortifié, si plein de desirs & de mouvemens impurs ;

Si peu appliqué à la garde de vos sens, si rempli de vaines imaginations ;

Si facile à vous épancher au dehors, si peu soigneux de vôre intérieur ;

Si porté à vous divertir & à rire, si dur à la componction & aux pleurs ;

Si prompt à chercher vos commoditez, si lent à embrasser les rigueurs de la penitence ;

Si curieux de voir d’agréables choses & d’en entendre de nouvelles ; si ennemi des exercises bas & humilians ;

Si ardent à amasser, si reservé à donner, si avare à retenir ;

Si indiscret dans vos paroles, si peu maître de vôtre langue ;

Si déreglé dans vos mœurs, si fâcheux & si imparfait dans votre maniere d’agir ;

Si sensuel à table, si peu attentif au Sermon ;

Si passionné pour le repos, si paresseux pour le travail ;

Si éveillé lorsqu’on vous conte des fables, & si assoupi lorsqu’il faut vous lever la nuit pour aller au Chœur.

Si sujet à vous ennuyer dans la priere, si accoûtumé à prier sans attention ;

Și négligent à l’Office divin, si tiéde à la Messe, si sec & si indévot à la Communion ;

Si souvent distrait, si rarement récuëilli ;

Si violent & si emporté, si rude au prochain ;

Si témeraire à juger, si rigoureux à réprendre ;

Si insolent dans la prospérité, si foible dans l’adversité ;

Si genereux à former de bons desseins, si lâche à les mettre en execution.

Après vous être bien examiné sur toutes ces fautes & sur d’autres, donc vous vous trouverez coupable, tâchez d’en avoir de la douleurs ; confessez vous-en, & prenez la résolution de mieux vivre à l’avenir.

Faites ensuite un Autel de vôtre cœur, offrez-vous-y tout entier à moi en holocauste perpetuel :

Abandonnez entre mes mains & vôtre corps & vôtre ame, avec une ferme volonté de me servir.

Par ce moyen vous vous rendrez digne de célébrer les divins Mystéres, & de recevoir le Sacrement de mon Corps, au grand profit de vôtre ame.

Car l’Oblation la plus agréable à Dieu & la plus utile à l’homme pour l’expiation de ses offenses, est de s’offrir purement & entierement lui-même avec le Corps de son Sauveur, dans le Sacrifice de la Messe, & à la sainte Communion.

Si l’homme fait tout ce qui dépend de lui & qu’ayant une vraye douleur de ses crimes, il me vienne demander la grace : Je jure par moi-même, dit le Dieu vivant, que je ne desire point la mort du pecheur, que je souhaite plutôt qu’il se convertisse, & qu’il vive, & que s’il se convertit, j’oublierai entièrement ses pechez, & lui en accorderai une abolition génerale.