De l’Imitation de Jésus-Christ (Brignon)/Livre 4/Prieres

La bibliothèque libre.
Traduction par Jean Brignon.
Bruyset (p. 357-365).


PRIERES POUR ASSISTER
avec devotion & recüeillement
à la sainte Messe.


Au commencement de la Messe, dites :

SEigneur, je suis indigne d’approcher de vôtre Autel ; mais comme c’est vôtre misericorde qui m’y conduit, souffrez que je vous y adore, & que je vous témoigne la douleur que je ressens de vous avoir offensé tant de fois.

Au Confiteor.

Recitez le Confiteor après le Prêtre, recevé la benediction avec humilité, & vous excitez à la contrition de vos pechez.

QUe vous êtes bon, ô mon Dieu, de me recevoir encore dans vôtre sanctuaire, de ne pas me défendre l’entrée de vos Tabernacles ! je viens m’y présenter aux pieds de vôtre Justice, pour lui demander pardon de mes crimes en m’écriant du fond de mon cœur :

Seigneur, ayez pitié de moi.
Seigneur, ayez pitié de moi.
Seigneur, ayez pitié de moi.

Au Gloria in excelsis.

SAints Anges, loüez à l’envi la bonté de mon Dieu ; il veut bien encore aujourd’hui descendre du Ciel en terre, & prendre naissance dans mon ame qui est un lieu mille fois plus indigne de le recevoir que n’étoit l’Etable de Bethléem.

A l’Epître.

Que toutes les creatures se taisent en la presence de leur Souverain, venez, parlez-moi vous-même, Seigneur, parce que votre serviteur vous écoute ; inspirez-moi le zele de vos Prophétes, donnez moi l’amour de vos Apôtres, & faites cesser tous leurs oracles par vôtre venuë dans mon ame, accomplissant au dedans de moi-même tous leurs vœux & toutes leurs promesses.

A l’Evangile.

J’Ai besoin de deux choses, ô mon Dieu ! pendant que je suis dans la prison de cette chair mortelle, j’ai besoin de lumiere & de nourriture, ne me les déniez pas, Seigneur, faites que vôtre parole soit la lampe qui éclaire mes pas, & qu’elle brille dans le sentier où je marche, & donnez-moi vôtre Corps pour me servir d’aliment, afin que je ne tombe pas de défaillance dans le chemin qui me reste à faire.

Au Credo.

Vous reciterez le Symbole des Apotres, protestant de vouloir vivre, & mourir dans la Foi qu’ils nous ont enseignée.

Depuis l’oblation de l’Hostie jusqu’à l’élevation.

SOuverain Prêtre, divin Jesus, qui vous êtes offert comme victime à vôtre Pere, pour l’expiation de nos pechez, & qui donnez vôtre Corps & vôtre Sang pour nourriture, à des miserables chargez envers vous de dettes qu’ils ne sçauroient acquitter : je vous prie par ce même Corps & ce même Sang, qui fût le prix de notre rédemption, je vous conjure par cet amour ineffable que vous témoignages aux hommes dans l’institution de cet auguste Sacrement, je vous conjure, dis-je, de me faire la grace que je m’en approche avec tout le respect, route la crainte & tout l’amour que vous demandez de moi : je reconnois qu’une faveur si grande ne peut être que l’effet d’une misericorde infinie, & j’avoüe mon indignité.

Penetrez donc mon entendement d’une foi si vive, que je croye & que je pense de ce Mystére tout ce que vous m’obligez d’en croire & d’en penser. Que vôtre esprit de douceur & de sagesse se fasse entendre au dedans de moi-même, sans le bruit des paroles, & qu’il m’enseigne vôtre verité, car ce Mystére est de lui-même trop profond, & le voile qui le couvre est trop Saint.

Roi des Vierges qui êtes la couronne des ames saintes, éteignez en moi le feu de l’impureté qui se glisse dans mes veines, mortifiez la loi de mes membres qui resiste sans cesse à celle de vôtre Esprit, afin qu’ayant le corps chaste & le cœur pur, je boive ce vin délicieux qui rend les vierges fécondes.

Anéantissez dans moi l’esprit de division & de nouvelle doctrine, de superbe, de dureté, de blasphême, d’envie, de contradiction, de tiédeur, de mollesse, & de relâchement, & me donnez toutes les vertus contraires à ces vices.

Permettez, que pour répondre à vôtre dessein, qui est de sauver tous les hommes, je vous offre ma communion pour le salut de tous. Quelque indigne que je sois de prier pour les autres, & quelque besoin que j’ai que l’on prie pour moi ; souffrez qu’en m’approchant de vous, je vous présente les necessitez de votre Eglise, les besoins des peuples, le danger des grands, l’abaissement des petits, les gemissemens des captifs, la misere des orphelins, l’indigence des foibles, la langueur des infirmes, la caducité des vieillards, les soupirs des jeunes, les chastes desirs des vierges, & le triste état des veuves ; éclairez les infidéles & les hérétiques, convertissez les pecheurs, faites du bien à ceux qui ont le cœur droit, répandez vos benedictions sur mes proches & sur mes amis, recompensez mes bienfacteurs, comblez de graces mes ennemis, & nous conduisez tous au séjour de votre gloire. Ainsi soit-il.

A l’Elevation de l’Hostie.

JE vous adore, ô mon divin Jesus, qui êtes nôtre Pontife & nôtre Roi, & je vous benis de ce que par vôtre Croix, & l’oblation sanglante de vôtre Corps & de vôtre Sang vous m’avez racheté, & reconcilié avec votre Pere. Je vous conjure par toute l’immensité de votre amour de me rendre participant avec vôtre Eglise de tous les avantages, que nous a procuré vôtre mort, de la gloire de votre resurrection, & du triomphe de vôtre Ascension dans le Ciel.

Les yeux de mon ame vous découvrent, ô mon Dieu, au travers des espéces qui voilent vôtre Majesté, oüi, c’est le Sauveur du monde, la verité éternelle du Pere, l’homme-Dieu tout entier, qui est invisiblement contenu sous cette Hostie ; son Sang dans le Calice est le même qui fut répandu pour nous sur la croix.

O mon Dieu, changez-moi comme vous changez le pain & le vin, transformez-moi en vous par la vertu de vôtre amour, qu’il ne paroisse de moi que le dehors de ce que j’étois auparavant, que d’impur je devienne chaste, d’avare prodigue envers les pauvres, de colere patient, de violent pacifique, de présomptueux humble, d’ingrat reconnoissant, de médisant pieux & charitable, d’indifferent & de lâche, devot & zelé.

Au Pater.

Recitez-le en Latin ou en François, & pesez-en toutes les demandes avec attention, vous arrétant particulierement à celle par laquelle nous prions Dieu de nous donner nôtre pain de chaque jour, ce qu’il faut entendre pour lors de la Sainte Eucharistie.

A l’Agnus Dei.

AGneau de Dieu, qui effacez les pechez du monde, ayez pitié de moi.

Agneau de Dieu, &c.
Agneau de Dieu, &c.

Au baiser de paix.

SEigneur, qui êtes nôtre vie, nôtre gloire, & nôtre bonheur, délivrez mon ame de tous les dangers qui l’environnent, retirez-la de toutes les attaches, afin qu’elle s’unisse parfaitement à vous ; ne souffrez pas qu’elle vous perde apres vous avoir reçû, & ne vous donnez pas à elle pour un moment, mais pour toujours : faites-lui connoître à cet effet ce que c’est que de vous posseder, afin que venant ensuite à considerer sa bassesse, elle soit toûjours dans une humilité profonde, qui est la disposition la plus propre à vous, rendre le séjour d’un cœur agréable.

Au Domine, non sum dignus.

SEigneur, je ne suis pas digne que entriez au dedans moi-même, mais dites seulement une parole & mon ame sera guérie. Il faut dire ceci trois fois.

Communiez ici spirituellement avec le Prétre, vous efforçant par des Actes d’Amour d’attirer Jesus-Christ au dedans de vous-même ; & le pressant avec instance d’entrer dans votre cœur par la grace ; dites-lui :

SEigneur, qui êtes tout amour, & qui ne descendez ici-bas que pour vous communiquer aux hommes de bonne volonté, venez, Seigneur, venez au dedans de moi-même, afin d’y rendre toutes choses disposée pour vous recevoir, sçachant bien l’impuissance où je suis, de vous préparer une demeure digne de vous. Que vôtre grace donc s’empare de tous les postes de mon ame, qu’elle couvre tout ce qu’il y a de defectueux, qu’elle change la disposition de mon cœur, & qu’elle efface tout ce qui pourroit choquer les yeux de vôtre Majesté sainte ; ornez tout mon intérieur, embellissez-le de vos biens, parez-le de l’éclat de vos richesses, parce que je n’ai rien de moi-même que de méprisable & que d’indigne de vous. Je proteste, mon Dieu, de reconnoître avec humilité, que tous les ornemens dont mon ame sera revêtuë, vous appartiendront en propre ; j’oserai seulement vous prier, (comme vous êtes souverainement magnifique & liberal) de m’en faire un don à vôtre départ ; afin de vous attirer plus souvent dans mon ame, & que vous ayant servi de séjour sur la terre, vous deveniez vous-même sa demeure dans le Ciel.

À la Benediction.

BEnissez moi, Seigneur, afin que je devienne un Temple consacré, que vous daigniez ensuite remplir de vous-même.

Pendant que le Prêtre recite l’Evangile de saint Jean.

O Mon adorable Jesus, qui élevez ceux qui vous reçoivent à la dignité d’enfans de Dieu, comme le marque vôtre saint Evangeliste & vôtre Apôtre bien aimé, souffrez que je m’approche de vous, dans ce dessein, & rompez pour cela toutes les attaches que je puis encore avoir avec la chair & le sang : aprés m’avoir fait renaître de nouveau par la grace dans la penitence, faites-moi marcher dans une nouveauté de vie par votre amour, dans l’Eucharistie : faites que je rende témoignage à la verité de votre présence réelle dans mon ame, par la profonde veneration dans laquelle je demeurerai devant vous, & par l’union intime que j’espere & que je desire ardemment de contracter avec vous, afin qu’après que vous aurez habité en moi par le Sacrement de nos Autels, je puisse joüir de vôtre gloire qui est celle du Fils unique du Pere, & que je sois rempli de grace & de verité. Ainsi soit-il.