De la Chasse (Trad. Talbot)/07

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De la Chasse (Trad. Talbot)
Traduction par Eugène Talbot.
De la ChasseHachetteTome 1 (p. 388-390).


CHAPITRE VII.


De l’élève des chiens de chasse.


Il faut faire couvrir les chiennes en hiver, pendant l’interruption des chasses, afin qu’avec du repos elles donnent une bonne race au printemps : c’est la meilleure saison pour l’accroissement des meutes. Les femelles sont en chaleur pendant quatorze jours. On doit les mener refroidies, pour qu’elles conçoivent plus vite, à des chiens de bonne race. Dès qu’elles sont pleines, on ne les conduit plus continuellement à la chasse, mais à de rares intervalles, de peur qu’elles ne se blessent et ne se laissent entraîner. Elles portent soixante jours.

Quand les petits sont nés, il faut les laisser sous la mère et ne pas les placer sous une autre chienne : ces soins étrangers les empêchent de grossir ; tandis que le lait de la mère, son haleine, ses douces caresses, tout cela leur est bon. Lorsqu’ils se mettent à aller de côté et d’autre, on leur continue le lait toute l’année avec les aliments dont ils se nourriront le reste du temps, mais rien de plus : autrement la réplétion leur tourne les jambes, leur donne des maladies, et leur détériore les entrailles. Les noms qu’on leur donne doivent être courts, afin qu’il soit facile de les appeler. En voici quelques-uns[1] : Psyché, Thymos, Porpax, Styrax, Lonchè, Lochos, Phroura, Phylax, Taxis, Xiphôn, Phonax, Phlégôn, Alcè, Teuchôn, Hyleus, Médas, Porthôn, Sperchôn, Orghè, Brémôn, Hybris, Thallôn, Rhomè, Antheus, Héba, Ghétheus, Chara, Leusôn, Angô, Polys, Bia, Stichôn, Spoudè, Bryas, OEnos, Sterrhos, Craughè, Kénôn, Tyrbas, Sthénôn, Aïthèr, Actis, Aïchmè, Noès, Gnomè, Stibôn, Hormè.

Il faut conduire les jeunes chiens à la chasse, les femelles à huit mois et les mâles à dix : on ne doit pas les mettre en liberté sur les traces du lièvre qui gîte, mais les tenir attachés avec de grandes laisses à la suite des chiens en quête, et ne leur permettre de courir qu’ainsi sur les voies. Quand le lièvre est levé, quelque dispos qu’ils soient pour la course, ne les lâchez point tout de suite ; attendez que l’animal ait assez gagné au pied pour qu’ils ne l’aperçoivent plus. En effet, si, parce qu’ils sont dispos et de bon cœur, on les laissait courir quand ils voient le lièvre, la tension briserait leur corps, qui n’est pas assez formé : que le chasseur y prenne donc garde.

Quand les chiens paraissent peu propres à la course, rien n’empêche de les lâcher ; comme ils n’ont pas l’espoir de prendre le gibier, il ne leur arrivera point de mal. Si les chiens sont sur la trace d’un lièvre de passage, on peut les laisser courir jusqu’à ce qu’ils l’aient pris : quand ils le tiennent, on le leur laisse pour la curée.

Si, au lieu de vouloir se tenir près des filets, ils se dispersent, rappelez-les jusqu’à ce qu’ils s’accoutument à trouver le lièvre à la course : en le cherchant toujours en désordre, ils finiraient par ne plus frayer avec les autres chiens ; ce qui serait une mauvaise habitude. Tant qu’ils sont jeunes, il faut leur donner à manger auprès des filets au moment où on les enlève, afin que si, par inexpérience, ils s’égarent à la chasse, ils reviennent aux filets et se retrouvent. Or, cela ne leur arrivera plus quand, animés contre la bête, ils en auront plus souci que de leur manger. Le chasseur donnera lui-même la nourriture aux chiens : si elle leur manque, ils n’en savent point la cause ; mais s’ils la reçoivent quand ils la désirent, ils aiment qui la leur donne.



  1. Voici, dans l’ordre du grec, le sens approximatif des noms donnés aux chiens : Âme, Cœur, Gand’laisse, Bout de lance, Lance, Loche, Garde, Gardien, Bataillon, Grande épée, Tueur, Brûlant, Vigueur, Inventeur, Forestier, Midas, Ravageur, Pressant, Colère, Grognon, Insolent, Florissant, Force, Fleuri, Jeunesse, Gaieté, Joie, Bon œil, Éclat, Changeant, Violence, En ordre. Soin, Moussu, Vineux, Solide, Crieur, Le neuf, Troubleur, Bonne poitrine, Éther, Hayon, Pointe, Finesse, Pensée, À la trace, Élan.