De la Présence et de l’Action du Saint-Esprit dans l’Église/Chapitre 2

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CHAPITRE II.

OBSERVATIONS SUR LE CHAPITRE SECOND DE M. WOLFF, OÙ IL PARLE DE LA VOCATION AU MINISTÈRE.

Il est vrai que le substantif vocation est appliqué à l’appel effectif de Dieu dans un sens général [1] : mais appelé ( comme adjectif) est appliqué dans le même sens aux chrétiens et au Ministère. Dans le premier chapitre de l’épître aux Romains, on voit au verset premier que Paul apôtre, était appelé : et au verset 7 que les saints à Rome étaient appelés. Le même terme est appliqué à la vocation à l’apostolat et à la vocation au salut.

Ce chapitre de M. Wolff nous présente tout ce qu’il y a de faux et de ridicule dans le principe de la brochure. Le Ministère s’exerce sans don ; telle est la thèse principale de M. Wolff. Ces deux choses, Ministère et don, sont entièrement distinctes : le Ministère, dit-il, tient au Seigneur Jésus, le don au Saint-Esprit.

Cependant M. Wolff parle ici du Ministère du prophète, qui s’exerçait, il faut donc le supposer, sans don. C’était un singulier Ministère que celui de prophète sans don ; Ministère dont la vocation n’était que de Dieu seul. De sorte que, dans ce cas, on ne peut pas parler d’une vocation extérieure. On aurait bien de la peine à concevoir quel était le Ministère qu’un prophète exerçait sans don[2]. Le cas est plus frappant que celui d’apôtre, parce que la prophétie n’était pas une charge variée comme celle d’apôtre ; le prophète ne faisait que

prophétiser. De deux choses l’une ; selon le système Wolff : ou bien ils prophétisaient sans don, ou bien, exerçant un don, ce n’était plus un Ministère.

On aurait peut-être trouvé moyen d’échapper à cette contradiction, en se disant, comme j’ai voulu me le dire moi-même pour en trouver une explication : peut-être que les prophètes exerçaient leur ministère quand ils parlaient en consolation et en édification, et que c’était un don quand ils révélaient l’avenir. Mais non. Tout était don et don miraculeux ; car ce qui est dit dans le chapitre XIV de la première épître aux Corinthiens, sur l’édification par la prophétie, est cité par M. Wolff comme une preuve que la prophétie était un don miraculeux, dont les signes, lors de leur exercice, démontrent que toute prétention à sa possession maintenant n’est qu’une illusion (page 73, n° 12). De sorte que, dans le cas d’un prophète, l’on était appelé à un ministère par Dieu seul ; mais alors, dans tous les cas, c’était un pur don et l’exercice de ce don n’est pas un Ministère du tout.

Tout ce que l’on peut dire sur une telle confusion, c’est que le but étant d’affermir ce qui existe, sans une vraie crainte de Dieu, les conséquences paraissent nécessairement si l’on consulte la Parole. Dieu n’a pas permis qu’il en fût autrement. Ici la contradiction est ridicule.

La division de la vocation au Ministère que M. Wolff établit n’est pas même exacte. Comme instrument, on pourrait recevoir sa vocation par le moyen d’un ange, aussi bien que par le moyen des hommes. Sous l’Ancien Testament c’était beaucoup plus le cas. Il y a quelque chose de semblable dans l’Apocalypse, ch. I, 1 : « Révélation de Jésus-Christ, « que Dieu a donnée... en l’envoyant par son ange à Jean son serviteur. »

Nous avons donc à remarquer, sur ce chapitre, que la prophétie, qui était un pur don dans toutes ses parties, est reconnue être un ministère ; et que par conséquent le ministère était l’exercice d’un don, parce que le prophète exerçait son don lorsqu’il prophétisait ; et si ce n’était pas là son ministère, on a bien de la peine à savoir quel était son ministère comme prophète ; c’est une contradiction positive du chap. XV [3].

Encore une remarque sur ce chapitre.

Quiconque est un peu familier avec la Parole de Dieu , aurait supposé qu’après avoir parlé d’apôtres et de prophètes, en venant à des évangélistes et à des docteurs, l’on aurait retrouvé la liste d’Éphésiens IV, ou du moins quelque autre tirée de la Parole de Dieu ; mais point du tout. Toutes sont abandonnées, parce que ce qui existe maintenant est le seul but que l’on ait ici en vue, et le train d’idées de la Parole est peu important. Ainsi, après les apôtres et les prophètes, nous avons les évêques, les évangélistes et les docteurs parce qu’il en existe, mais une telle énumération n’existe nulle part dans la Parole ; et l’évêque n’entre en aucune liste quelconque de toutes celles contenues dans la Parole de Dieu [4]. Ceci déjà donne quelque chose de louche. Il faut abandonner la manière de penser et d’enseigner du Saint-Esprit pour venir à bout de ce qu’on se propose, savoir, de faire entrer dans la liste ce qui ne s’y trouve jamais dans la Parole de Dieu, ce que la Parole n’y met jamais, et faire pour soi-même une liste tout autre que quelque liste que ce soit qui s’y trouve.

Je le répète, quand, pour soutenir un système, il faut ainsi abandonner la Parole de Dieu, cela seul est une chose fâcheuse.

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  1. Je dis dans un sens général, parce que la seule application dans ce sens est relative aux Juifs ; et il est tout à fait faux de dire que vocation ϰλησις signifie l’appel effectif. Ce mot signifie, comme en français, un appel, une vocation. Sans doute, Dieu appelle les élus (Rom. VIII) ; mais il est si peu vrai que ce mot signifie l’appel effectif que Dieu adresse à tous ses élus, qu’il ne se trouve qu’une seule fois employé dans ce sens et neuf fois dans un sens plus général. Comme en français, le sens ordinaire de ce mot en grec exprime le caractère ou la condition que l’on est appelé a soutenir ou à embrasser, c’est-à-dire, la vocation. Les élus ont une vocation céleste ; les chrétiens doivent rester dans la vocation dans laquelle ils sont appelés. — Et, pour montrer avec quelle légèreté on use ici de la Parole, la seule fois que le mot est employé dans le sens d’appel selon les conseils immuables de Dieu, il s’applique à la nation juive ; c’est dans ce passage : « Les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance. » C’est un principe général quant à l’appel de Dieu ; mais, dans la Parole, ce mot n’est jamais appliqué à un appel intérieur et efficace dans le cœur. En général, quant au christianisme, ce mot est, comme verbe, mis en contraste avec l’élection ; ainsi, dans ce passage : « Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus, » les élus sont appelés. — Voici, du reste, les passages où ce mot se trouve : Rom. XI, 29 ; — I Cor. VII, 20 ; — Éph. I, 18 ; IV, 1, 4 ; — Phil. III, 14 ; — Hébr. III, 1 ; — II Tim. I, 9 ; — I Cor. I, 26 ; — II Thess. I, 11 ; — II Pierre I, 40.
  2. Et il faut se souvenir que le Ministère en est « essentiellement différent (savoir des dons) par sa nature, son origine et son but. » (Wolff, page 66).
  3. En un mot, selon M. Wolff, le prophète exerce un ministère qu’il a reçu immédiatement de Dieu, p. 14 et 50 ; — la prophétie est un don p. 71 ; mais le Ministère n’est pas l’exercice d’un don.
  4. C’est une invention de M. Wolff pour appuyer son système et glissée furtivement ici pour qu’on la reçoive et s’y habitue sans y faire attention.