De la Présence et de l’Action du Saint-Esprit dans l’Église/Chapitre 9

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CHAPITRE IX.

DU CHAPITRE IXe DE M. WOLFF SUR LA DOUBLE VOCATION DE L’ÉVÊQUE.

Au sujet de la double vocation de l’évêque, je ne trouve rien du tout de scripturaire dans le système de M. Wolff. Ce qui est appelé vocation intérieure ou immédiate ne se retrouve pas dans la Bible dans le cas de l’évêque. La Bible suppose que quelqu’un peut désirer d’être évêque, mais voilà tout. Quand ce désir existe, il n’est pas dit un mot de vocation intérieure comme qualité voulue pour la charge. Si un jeune homme désirait être ministre, selon le système actuel (et il serait bien difficile de trouver quelque analogie entre cela et le choix des évêques dans le Nouveau Testament), la première chose qu’un ami évangélique du jeune homme lui demanderait ce serait : vous sentez-vous appelé de Dieu au ministère ? Pas trace d’une telle idée dans l’épître à Timothée. « Si quelqu’un désire d’être évêque il désire une bonne œuvre » et là-dessus suivent les qualités voulues, sans un seul mot de vocation intérieure. C’était une charge confiée à des personnes qualifiées.

Mais cette confusion est la conséquence naturelle de celle que l’on fait entre le pasteur et l’évêque ; elle résulte d’avoir nié tous les dons et les avoir exclus du ministère et de vouloir appuyer à tout prix le système qui existe et la chair qui s’y repose.

Il se présente ici une seconde observation. M. Wolff dit, p. 36, que « c’est Dieu qui donne, qui place les évêques dans l’Église, ce sont les hommes, les ministres qui les établissent. » Mais dans la Parole de Dieu le mot donné n’est jamais employé par rapport à l’évêque ; jamais il n’est dit que Dieu, que Christ, ait donné des évêques [1]. Jamais le mot placer n’est employé quant à la charge. Le Saint-Esprit avait placé certaines personnes dans cette charge. En Actes XX, il ne s’agit nullement d’une vocation intérieure, mais du simple fait que le Saint-Esprit les avait placés là ; et M. Wolff lui-même reconnaît qu’une personne n’est pas placée dans une charge par une vocation intérieure et immédiate. Aussi n’est-il pas vrai que Dieu place les évêques dans l’Église ; mais il place les personnes dans la charge d’évêque dans un troupeau.

Tout ce que dit M. Wolff à ce sujet est donc entièrement faux d’un bout à l’autre, c’est une théorie ou arrangement pour sanctionner ce qui existe sans aucun fondement scripturaire, théorie, qui après tout, est toute autre chose que la théorie même qui constitue évêques de jeunes étudiants n’ayant aucune des qualités exigées de Dieu.

M. Wolff dit que la Parole ne s’oppose pas à ce que l’Église choisisse parmi ceux qui ont déjà été appelés au ministère, ou parmi ceux qui sont prêts à être reçus. Il y a dans de telles expressions une effronterie qui vraiment demande autre chose que les courtes remarques que je peux faire ici. On veut pour se justifier ajouter à la Parole de Dieu des systèmes, des pensées dont il ne s’y trouve pas trace. Où voit-on dans la Parole de Dieu, la trace d’un choix parmi ceux qui sont déjà appelés au ministère, à moins que ce ne soit dans le cas de ceux qui disaient : moi je suis de Paul, et moi d’Apollos ?

L’apôtre ou ses délégués nommaient certaines personnes ayant certaines qualités à une certaine charge ; est-ce que l’Église devait choisir ensuite parmi eux ou même en élire d’autres en laissant ceux-là de côté ? N’est-il pas vrai que l’apôtre nommait telle personne évêque en telle ville ? Et comment, si l’Église n’avait pas une part active dans la vocation de l’évêque, pouvait-elle choisir parmi ceux qui étaient appelés ? Il est très-commode de dire de quelqu’un qu’il est appelé au ministère, parce que cela se fait maintenant ; mais où est-ce que cela se trouve dans la Parole ? Personne dans ce cas n’était appelé au ministère ; mais l’évêque était établi dans une charge spéciale.

Il s’agissait dans le cas de l’évêque d’une charge locale et M. Wolff admet que dans ce temps là il y avait des ministères d’apôtres et de prophètes, dont la vocation était de Dieu seul. Est-ce que les Églises pouvaient choisir à leur gré parmi les apôtres et les prophètes ? Dans toute cette partie de l’ouvrage il règne pour flatter ce qui existe, un mépris de la Parole de Dieu, que l’on ferait bien de peser devant le Seigneur, Dieu en jugera.

Quand l’auteur parle du candidat au ministère, qu’est-ce que cela veut dire ? était-on candidat pour être apôtre et prophète ? était-on alors choisi par telle ou telle Église ? car c’était là des ministères. Et quand l’apôtre choisissait et établissait des évêques en chaque ville, quand même il y aurait eu des hommes qui désirassent cette charge, étaient-ce des Églises (on ne sait pas où) qui choisissaient dans une volée de jeunes ministres celui qui leur allait ? Il est mauvais, très-mauvais de traiter ainsi la Parole de Dieu.

Enfin que l’on prenne le ministère comme l’exercice d’un don, comme c’était le cas des apôtres ou des prophètes ; (car il est absurde après tout de vouloir dire que le prophète exerçait un ministère sans dons), ou que l’on veuille le considérer comme une charge ainsi que c’était le cas des évêques établis par l’apôtre, par Timothée ou par Tite, l’idée d’un choix parmi des candidats ou parmi ceux appelés au ministère est également étrangère à la Parole, exclue de la Parole. Et l’idée qu’un jeune candidat ou un ministre consacré aille se faire entendre, pour que la population d’un endroit le choisisse, ne se trouve certainement pas dans la Parole de Dieu.

Je ne peux pas admettre que l’évêque ne soit pas évêque sans imposition des mains. J’ai déjà dit que, raisonnant par analogie, il est probable que l’on imposait les mains à celui qui devait être évêque. Mais si l’apôtre avait nommé certaines personnes évêques et les avait établies par son autorité, elles auraient été évêques ; il ne s’agit pas de la distinction entre désir et réalité, car un homme aurait pu désirer sans être nommé, n’ayant pas les qualités requises. Il s’agissait seulement de ce fait : avaient ils été établis par les apôtres ou par d’autres personnes compétentes ?

Vouloir insister sur l’imposition des mains, quant à l’évêque, chose qui n’est pas dite dans la Parole, et puis adroitement ajouter, p. 38, 2° : « ainsi, celui qui veut être pasteur sans recevoir l’imposition des mains n’a pas réellement reçu de charge ; son ministère ne doit être reconnu par aucune Église, » ce n’est qu’un tour d’escamotage ; car au bout du compte le pasteur ne se trouve nommé nulle part que dans une liste de dons ; voilà le fait : et pas un mot de ce qui est dit de l’évêque et de sa charge, ne lui est appliqué dans la Parole.

Quant au témoignage tiré du chapitre XIII des Actes, p. 38, 3°, nous avons déjà trouvé le raisonnement de l’auteur entièrement faux. Ainsi tous les gros mots qu’il adresse aux frères à la fin du paragraphe, ne valent pas grand chose [2]. Celui qui croit que Paul et Barnabas ont reçu la collation de la charge de simples évangélistes de la part des prophètes et docteurs à Antioche, et qui base ses répréhensions là-dessus, a besoin en effet de crier très-haut pour se faire entendre.

Que dans le système actuel, l’on « dégrade le ministère pour y voir un ordre de choses tout humain » j’en conviens. A-t-on de la peine à reconnaître le tableau qui se trouve p. 41 [3]. Où est-ce que M. Wolff a trouvé l’original de ce portrait ? Veut-il que nous restions dans un système qui dégrade ainsi le ministère ?

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  1. L’expression de 1 Tim. III, 1 , à elle seule, montre la différence qui existe entre le don de pasteur et la charge d’évêque. Si Dieu donnait un pasteur, celui qui l’était par la grâce de Dieu n’avait pas à désirer ce don, cette fonction ; il la possédait. Il ne s’agissait pas non plus de juger les qualités de l’individu pour savoir s’il était propre à cette place.Christ avait déjà jugé tout cela lorsqu’il lui avait départi la grâce d’être pasteur ; mais quant à l’épiscopat, on désirait une charge, une certaine position dans une église, et, celui à qui cela était confié devait commencer à examiner si celui qui le désirait avait les qualités voulues. Pourrait-on appliquer cela à ce qui est dit, Éph. IV. Lorsque Christ est monté il a donné les pasteurs et docteurs si l’on doit un don il fallait s’adresser à celui qui donnait, et si l’on aspirait à une charge, soumettre à subir un examen pour savoir si l’on possédait certaines qualités requises pour cette charge.
  2. « N’est-il pas scandaleux, dit M. Wolff, de voir au milieu des chrétiens de prétendus esprits forts regimber, se libérer des obligations reconnues par l’église dans tous les temps, et se rebeller contre une institution à laquelle le Saint-Esprit lui-même a voulu se soumettre ! » ?
  3. « Quand on perd de vue la vocation divine dans le ministère, dit M. Wolff, alors on voit, comme aujourd’hui dans quelques églises, l’imposition des mains conférée à ceux qui n’ont aucune intention de se vouer au service de l’église, ou recherchée par des candidats sans aucune certitude d’avoir jamais une charge à remplir. Conférer une pareille imposition ou même la rechercher, c’est une monstruosité ; c’est méconnaitre la vocation intérieure et les droits de Dieu , c’est se faire un jeu des institutions les plus saintes, c’est dégrader le ministère pour y voir un ordre de choses tout humain. »