De la date initiale des Annales de Flodoard

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DE LA DATE INITIALE
des
ANNALES DE FLODOARD


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Il est vraiment curieux de constater combien il est difficile, en historiographie, de faire abandonner une hypothèse, lorsque cette hypothèse a eu la bonne fortune d’être acceptée par des érudits d’une incontestable autorité. On a beau montrer, par de nouvelles observations et aussi par de petites découvertes, que le point de départ et les raisons de cette hypothèse n’ont pas la solidité qu’on leur avait d’abord prêtée, qu’on n’arrive pas pour cela à la chasser du domaine de la littérature historique. Elle continue à agir sur l’esprit de certains travailleurs et les amène, sans qu’ils s’en rendent bien compte, à formuler d’autres hypothèses qui, sans elle, n’auraient certainement pas vu le jour.

Le mémoire très intéressant et très habilement conduit que notre confrère M. Ph. Lauer a publié dans l’avant-dernier fascicule de la Bibliothèque de l’École des chartes[1] en fournit un exemple frappant.

M. Lauer détruit, dans un nouvel et excellent exposé des raisons données jusqu’ici contre elle, l’hypothèse admise par quelques érudits, d’après laquelle les Annales de Flodoard auraient commencé à 877 au lieu de 919 et présenteraient, dans leur état actuel, une importante lacune s’étendant de 877 à 919. — Nous reviendrons tout à l’heure sur ces raisons pour leur donner un supplément de force. — Malheureusement, cette idée de lacune est restée dans son esprit et l’a amené à tirer une singulière conclusion.

Il n’a pu, en effet, s’en tenir aux résultats qu’il a si bien fait connaître. Après avoir montré que la mention relative à 877 n’était pas de Flodoard et que par suite l’hypothèse d’une lacune de 877 à 919, qui avait été logiquement émise à cause de cette mention, devait être abandonnée, il a cru pouvoir risquer une autre hypothèse et supposer une autre lacune qui ne commencerait pas cette fois à 877 mais à 893.

Flodoard est un si bon chroniqueur qu’on souhaiterait volontiers de pouvoir augmenter l’étendue sinon le nombre de ses œuvres. Cela enrichirait certainement la littérature historique du xe siècle qui est si pauvre. Mais il est à craindre que la réalisation de ce souhait ne se produise pas de sitôt ; elle nous paraît, en tout cas, aussi peu probable que possible dans le sens de la nouvelle hypothèse.

M. Lauer a assez longuement et assez clairement dressé la bibliographie du sujet pour que nous n’ayons pas à y revenir ici. Il est d’ailleurs inutile, dans l’espèce, de préparer l’examen de la question proprement dite par l’examen ou l’exposé des opinions émises sur cette question par les divers érudits qui s’en sont occupés.

On n’a, jusqu’à présent, signalé que sept manuscrits des Annales de Flodoard[2]. Les divers éditeurs de ces Annales n’en ont connu que cinq, dont quatre se trouvent certainement parmi ceux qui ont été conservés ; le cinquième (l’un des trois employés par Pithou) est peut-être perdu[3]. On est donc très suffisamment documenté pour contrôler les hypothèses dont le texte des Annales a été l’objet.

Ces sept manuscrits ont été groupés en deux familles. Le classement que nous en avons fait, en 1895, n’a pas été contesté, autant du moins que nous puissions savoir. La première de ces familles n’est représentée que par un manuscrit ; la seconde est formée par les six autres. Dans cet unique manuscrit de la première famille, le texte des Annales commence à 919 et rien, dans son état matériel, ne permet de supposer qu’il soit incomplet du commencement. Dans tous les manuscrits de la seconde, l’année 919 est précédée de la mention suivante relative à Charles le Chauve :


Anno D CCC LXXVII et indictione X, ii nonas octobris præcellentissimus imperator Karolus sanctæ recordationis, insignisque memorie, temporalem finiens cursum feliciter, ut credimus, ad gaudia migravit æterna. Hic siquidem fuit serenissimi augusti Hludovici filius ac nepos gloriosissimi cæsaris ejusdem nominis Karoli ; cujus celsitudinis atque dulcedinis nobilissima propinqua ejus Bertrada, abbatissa, cum omni congregatione sibi commissa, supplicationibus devotissimis assidue memor, hanc memoriam litteris compendio comprehensam fecit describi, quæ in ejus anniversario annuatim recitaretur ejusque memoria semper haberetur.


Cette mention a été considérée par les plus anciens éditeurs de Flodoard[4] comme appartenant au texte des Annales, et ils en ont logiquement conclu, les premiers en fait et le dernier d’une façon explicite, que ce texte des Annales nous était arrivé mutilé et que cette mutilation avait porté sur toute la partie comprise entre 877 et 919[5].

En 1839, Pertz rejeta cette attribution et du même coup l’hypothèse de la lacune[6]. L’année 919 fut, par conséquent, considérée par lui comme la date initiale de l’œuvre.

Les raisons qu’il en donne sont au nombre de trois[7] :

1o La mention de 877 relative à la mort de Charles le Chauve est tirée d’un livre de l’abbaye de Faremoutiers.

2o Cette mention ne devait pas faire partie de l’œuvre primitive puisque tous les manuscrits ne la contiennent pas.

3o Richer n’a utilisé les Annales de Flodoard qu’à partir de 919.

Ces raisons n’ont pas toutes la même valeur ; l’une d’elles, la dernière, est même mauvaise. Comment savoir, en effet, que Richer n’a pas utilisé une partie perdue de l’œuvre de Flodoard, puisqu’on n’a aucun renseignement sur cette partie supposée perdue ? Tout ce que Pertz aurait dû se contenter de dire, c’est que Richer ne semblait pas avoir utilisé, pour la partie de sa Chronique antérieure à 919, une œuvre historique aussi consciencieuse et aussi bien informée que l’aurait été assurément celle de Flodoard, si elle avait jamais existé.

Mais les deux autres raisons suffisent pour convaincre. Elles sont d’ailleurs corroborées par celles qu’on trouvera plus loin et par les observations que nous allons ajouter ou reproduire.

Disons d’abord que M. Lauer a très justement rapproché cette mention relative à Charles le Simple de l’extrait du nécrologe de Faremoutiers publié par D. Toussaint-Duplessis et montré qu’elle avait dû être tirée d’un obituaire de cette abbaye.

En second lieu, le classement des manuscrits des Annales tel que nous l’avons établi n’augmente-t-il pas la valeur de la seconde des raisons de Pertz ? Des deux familles qu’ils forment, l’une contient la fameuse mention et l’autre ne la contient pas. N’y a-t-il pas des chances, par suite, pour qu’elle ne se trouvât pas dans l’original ?

D’un autre côté, aucun manuscrit, qu’il appartienne à la première famille ou à la seconde, ne permet, par son état matériel, de supposer une lacune avant l’année 919.

On n’a cité, en outre, aucun passage d’un chroniqueur ancien ou d’un écrivain quelconque du moyen âge qui autorisât une pareille hypothèse. Bien mieux, M. Lauer en cite un, après Mabillon d’ailleurs, qui est aussi affirmatif que possible dans le sens contraire. La Chronique de Saint-Maurice d’Angers contient, en effet, dans la partie qui a été rédigée avant 1040, le passage suivant : « DCCCCXVII. Initium chronicæ Frodoardi[8]. » Et ce passage, personne ne l’avait encore fait remarquer, a été reproduit et par suite corroboré par la Chronique de L’Évière, dite de Vendôme[9], dont la première partie a été rédigée entre 1057 et 1060.

Que peut-on souhaiter de plus net et de plus catégorique ? Ce témoignage cependant n’embarrasse pas beaucoup M. Lauer ; il a même une façon par trop sommaire d’en faire justice. « Il se pourrait, » se contente-t-il de dire en note[10], « que DCCCCXVII fût une erreur pour 877, » et c’est tout. Mais cette hypothèse d’une erreur aussi forte n’est pas admissible, et pour des raisons péremptoires.

Est-il naturel, en effet, de supposer une erreur aussi grave dans une série de notations chronologiques comme celles qui forment la première partie de ces deux chroniques ? Ces notations sont très brèves et la date de l’année les précède toutes d’une façon très apparente. Comment concevoir, par conséquent, que ces chroniqueurs aient été assez distraits ou se soient assez lourdement trompés pour mettre entre les années 912 et 918 ce qui aurait été relatif à 877 ?

Voici, en second lieu, une observation décisive. Ces chroniqueurs notent tous les deux, à l’année 877, la mort de Charles le Chauve[11]. Comme on sait, par leur propre témoignage, qu’ils ont connu les Annales de Flodoard, on est forcé de conclure, — toujours dans l’hypothèse de la lacune, — qu’ils ont pris cette mention dans ces Annales ou l’y ont tout au moins contrôlée. Et alors pourquoi après s’être servis de Flodoard en 877 n’auraient-ils pas dit immédiatement : c’est à cette année que commencent ses Annales, au lieu de rejeter cette indication à l’année 917 ? Il faudrait, par conséquent, pour justifier l’hypothèse de M. Lauer, supposer une double erreur ou, pour parler avec plus de précision, un oubli et une erreur, ce qui est vraiment inadmissible.

La seule chose qu’il y eût à faire remarquer, c’est que cette date de 917 n’était pas tout à fait exacte ; il aurait fallu 919 et non 917. Devait-on en conclure, comme Mabillon[12], que deux années manquaient dans les Annales, ou pouvait-on supposer une erreur de copiste ? À notre avis, cette dernière hypothèse était évidemment celle qui se présentait le plus naturellement à l’esprit. Un copiste avait parfaitement pu écrire « DCCCCXVII » pour « DCCCCXVIIII ; » la différence de graphie est si petite. Et cette hypothèse était corroborée, pour ne pas dire justifiée, par la constatation d’une erreur manifeste dans le paragraphe suivant. Ces Chroniques mentionnent, à l’année 918, l’abandon de Charles le Simple par les grands qui ne s’est certainement produit qu’en 920. Pourquoi le copiste ou même le chroniqueur qui a mis 918 au lieu de 920 n’aurait-il pas mis, à une ligne de distance, 917 au lieu de 919 ?

Il nous paraît résulter, avec évidence, de toutes ces observations et de toutes ces constatations que les érudits qui ont considéré la date de 877 comme la date initiale des Annales de Flodoard se sont complètement trompés et que l’hypothèse d’une lacune en tête de l’œuvre doit être abandonnée sans la moindre hésitation.

M. Lauer admet la première partie de cette conclusion, mais non la seconde.

Examinons donc son raisonnement. En étudiant quelques-uns des manuscrits qui contiennent les Annales de Flodoard, il a remarqué, après Pertz, que certaines années étaient accompagnées de nombres écrits, chose singulière, en lettres majuscules grecques. Le premier de ces nombres (ΛΓ, c’est-à-dire 33) se trouve à la suite de l’année 925 ; ils se continuent sans interruption, dans le manuscrit de Montpellier tout au moins, jusqu’à l’année 965. Les manuscrits 5354 et 9708 de la Bibliothèque nationale et le manuscrit 6332 du Vatican présentent la même particularité, avec un peu moins de régularité et d’exactitude. Plus d’une fois les scribes n’ont pas compris le sens de ces lettres et les ont omises ou mal interprétées. Si on cherche le point de départ de cette numérotation, qu’il y a tout lieu de croire chronologique, on arrive à l’année 893, c’est-à-dire à l’avènement de Charles le Simple.

Que faut-il, par suite, conclure ? « Quel pouvait être le but de cette numérotation ? »

Pertz y a vu un de ces synchronismes si fréquents dans les annales et les chroniques du moyen âge. C’est simplement, d’après lui, le compte des années écoulées depuis l’avènement de Charles le Simple[13]. Il n’en fait pas, d’ailleurs, autrement cas et ne s’y arrête pas plus longuement.

M. Lauer a été, au contraire, vivement intéressé par ces nombres. Il les a, comme nous l’avons dit, recherchés dans quelques manuscrits, et il semble bien résulter des intéressantes constatations qu’il a faites que ces lettres se trouvaient dans le manuscrit original et devaient par suite provenir de Flodoard lui-même.

De plus, leur signification ne lui paraît pas douteuse. « Il est difficile, dit-il, de leur en reconnaître d’autre que celle de marquer la suite des paragraphes correspondant aux années[14]. » L’opinion de Pertz lui paraît si peu acceptable qu’il ne la mentionne même pas[15]. Il signale bien, en note, cette circonstance singulière que le point de départ de cette numérotation « correspond aux années de la vie de Flodoard, » mais il considère cette coïncidence comme fortuite et sans conséquence. « Il serait bien étrange, dit-il, que Flodoard ait eu l’idée de mettre son âge à côté de chaque année de l’Incarnation[16] » Donc, ces nombres désignent, d’après M. Lauer, des paragraphes, et chacun de ces paragraphes correspond à une année.

On peut faire à ce raisonnement de très graves objections. D’abord, pourquoi cette numérotation commence-t-elle, dans tous les manuscrits, à 925, au plus tôt, et jamais à 919 ? Cette circonstance n’est-elle pas de nature à faire naître un doute ? Comment justifier une pareille omission ? Et on sait que deux manuscrits au moins sont de la fin du xe siècle ou du commencement du xie et ont été écrits, par suite, par des scribes presque contemporains de Flodoard.

Celui-ci a de plus soigneusement noté dans ses Annales les années pendant lesquelles s’étaient produits les événements qu’il rapporte, et cette indication d’années forme, dans son œuvre, une division si naturelle qu’on ne s’expliquerait pas qu’il ait cru devoir la renforcer sans la modifier. Pourquoi ce double emploi ?

Enfin, par suite de quelle préoccupation bizarre aurait-il indiqué, par des signes inintelligibles pour la plupart de ses contemporains, une division dont le seul but était de les éclairer et de les guider ? Cette particularité nous paraît indiquer, au contraire, que ces nombres se rapportent à son âge qu’il ne notait que pour lui seul. On comprend, par suite, qu’il ait eu la coquetterie de le noter en grec.

L’hypothèse de M. Lauer se heurte donc à des difficultés très grandes, pour ne pas dire à des impossibilités. Nous doutons très fort qu’il s’y fût arrêté lui-même, si son esprit n’avait été dominé, comme nous le disions en commençant, par une idée de lacune et n’avait été mis ainsi dans une disposition très fâcheuse.

Il n’hésite pas à tirer de son hypothèse la conclusion logique qu’elle comporte. Ces nombres indiquant une suite de paragraphes et d’années, la date initiale des Annales doit être placée non à 919, mais à 893. La lacune est moins grande que dans la vieille hypothèse, mais il y a néanmoins une lacune qui s’étend de 893 à 919.

Or, quel est le critique, dont le jugement ne serait pas influencé par cette idée de lacune, qui pourrait accepter une hypothèse édifiée sur une base aussi fragile ? On trouve, dans une partie du texte des Annales de Flodoard, des nombres, dont rien, soit dans l’œuvre elle-même soit ailleurs, ne précise la signification, et ces nombres suffiraient pour permettre de dire, contre tous les manuscrits et contre tous les témoignages, que ce texte nous est arrivé mutilé ? Ce serait de la fantaisie et non de la critique.

On ne peut pas s’arrêter davantage aux observations par lesquelles M. Lauer essaie de justifier son hypothèse. Prétendre, en effet, selon ses propres expressions[17], que « les plus anciens manuscrits peuvent offrir une lacune de quelques années (893-919), de même qu’ils présentent une addition relative à l’année 877, » n’est pas donner un argument. À quoi bon, en outre, faire remarquer[18] que Richer, qui a utilisé Flodoard, « est le seul auteur qui fournisse la date exacte du couronnement de Charles le Simple (28 janvier 893) ? » C’est fort heureux, mais nous ne voyons pas l’intérêt que présente ce fait pour la date initiale des Annales. De ce que nous ignorons où Richer a puisé son renseignement, il ne s’en suit pas que ce soit dans un Flodoard perdu.

Nous ne comprenons pas enfin pourquoi on s’est tant étonné que Flodoard ait commencé ses Annales en l’année 919, qui n’a été marquée par « aucun fait politique important[19]. » En quoi cela était-il nécessaire ? Flodoard a écrit des Annales et non pas une Histoire de règne ou d’époque ; il a noté, au jour le jour ou à peu près, les événements qui arrivaient à sa connaissance ; le goût d’un pareil journal ne lui est venu que vers la vingt-cinquième année, et il a commencé par enregistrer une chute de grêle à Reims ; quoi de plus naturel ? Quel besoin avait-il d’attendre une circonstance solennelle quelconque ou de chercher un point de départ ?

Il faut donc conclure, comme Pertz l’a fait très justement, en 1839, et comme d’autres l’ont fait depuis[20], que les Annales de Flodoard commencent à 919 et que, jusqu’à plus ample informé, le texte que nous en possédons doit être considéré comme complet. La numérotation grecque signalée par Pertz et par M. Lauer semble être un simple synchronisme dont le point de départ est ou l’avènement de Charles le Simple ou plus probablement la date de la naissance de Flodoard, mais on ne saurait en tirer aucune conclusion au sujet d’une lacune du texte.


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  1. Pages 241-252.
  2. Cf. C. Couderc, Essai de classement des manuscrits de Flodoard, dans les Mélanges Julien Havet. Paris, 1895, in-8o, p. 719-731.
  3. Pithou ne le désigne pas d’une manière assez précise pour qu’on puisse l’identifier.
  4. Pithou en 1574, Duchesne en 1636 et Dom Bouquet en 1752.
  5. Cf. Lauer, p. 242-243.
  6. Monumenta Germaniæ, SS., t. III, p. 368-408. — Cette édition a été reproduite par Migne dans sa Patrologie latine, vol. CXXXV. — Pertz n’a pas été le premier à émettre cette opinion. On la trouve exposée dans une lettre d’un érudit de Troyes, Grosley, dont nous devons la communication à l’obligeance de notre confrère et ami M. Vidier. Cette lettre fut adressée par Grosley à Dom Bouquet, après la publication du tome VIII des Historiens de France : « Troyes, 21 novembre 1752. — Je viens de lire, mon très révérend Père, votre nouveau volume, avec l’empressement et la satisfaction que je vous ai témoignés pour les précédens. Pour m’éclaircir sur la lacune que vous trouvez dans la Chronique de Frodoard, entre l’année 877 et l’année 919, j’ai consulté le ms. sur lequel M. Pithou a donné son édition de cette cronique et qui est ici à la bibliothèque de notre collège. Le ms. très complet commence par la relation des Visions de Flotilde (Flotildæ) et la cronique sans titre suit immédiatement en commençant par l’année 919. Ainsi je penserois que M. Pithou et le P. Labbe ont tiré l’année 877 d’un ms. qui avoit appartenu au monastère dont la Bertrade, dont il y ait parlé, étoit abbesse, qui, ayant un ms. de Frodoard dont on avoit laissé le titre en blanc pour le remplir ensuite en lettres de couleur, a fait mettre dans cette place la datte de la mort de Charles le Chauve, fondateur de son couvent ut ejus memoria semper haberetur. Frodoard, né en 894, aura commencé sa cronique en 919, étant âgé de vingt-cinq ans, et il l’a continuée jusqu’à sa mort, n’y ayant fait entrer que ce qui s’est passé sous ses yeux depuis qu’il avoit été en âge de réfléchir. Le ms. de M. Pithou porte à la vérité au dos : Ex libris S. Benigni Divionensis, mais ces mots sont d’une écriture très postérieure à celle du ms., en sorte que l’on n’en peut pas conclure que ce ms. ait été écrit à Dijon… » (Bibl. nat., ms. fr. 25538, fol. 33.) Un certain nombre de lettres écrites par P.-J. Grosley, pendant son séjour en Italie (1745-1746), ont été publiées récemment par M. Babeau dans les Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et arts de l’Aube, t. LX, p. 131-176.
  7. Pertz, p. 367. Migne, CXXXV, col. 422 : « Codex regius Parisiensis no  5354… annalibus notitiam de obitu Caroli Calvi præmittit, ex libro quodam abbatiæ S. Faræ Meldensis descriptam, quæ tamen causa fuit, quod docti viri plures abinde Flodoardum scribendi initium fecisse et anno operis ejus 878-918 desiderari statuerunt. Quod quam veritati contrarium sit tum ex ipsis codicibus tum ex Richero patet, qui Flodoardum ab anno 919 exscripsit. » M. Lauer a montré qu’il s’agissait de l’abbaye de Faremoutiers et non pas de celle de Saint-Faron de Meaux.
  8. Chronique des églises d’Anjou, éd. Marchegay et Mabille. Paris, 1869, p. 8.
  9. Loc. cit., p. 161.
  10. P. 242, note 6.
  11. Chronique des églises d Anjou, p. 7 et 160.
  12. Acta SS. O. B., sæcul. V, 331.
  13. « Annus quisque littera græca, numerum quo ab anno 893, initio regni Caroli Simplicis, distet, significante, insignitur. » Migne, CXXXV, col. 422. — M. Lauer se trompe donc lorsqu’il dit (p. 249, n. 5) que Pertz signale brièvement cette numérotation « sans essayer de l’expliquer. »
  14. Lauer, p. 250.
  15. Peut-être M. Lauer passe-t-il sous silence l’opinion de Pertz, simplement parce que cette opinion lui a échappé. C’est ce qui semble résulter du passage cité ci-dessus.
  16. Lauer, p. 251, note. On est renseigné sur la date de la naissance de Flodoard, par son propre témoignage. Il se dit, en effet, en 963, dans la 70e année de son âge. Cf. Annales, éd. Migne, col. 487.
  17. Lauer, p. 251.
  18. Lauer, p. 249.
  19. Lauer, p. 245-246.
  20. M. G. Monod, en particulier. Cf. Revue critique, 1873, 2e part., p. 263, et Revue historique, t. XVI (1881), p. 397.