De la fièvre puerpérale/Des affections

La bibliothèque libre.
De la fièvre puerpérale devant l’Académie impériale de médecine de Paris
Germer Baillière (p. 82-83).


Des affections qui précèdent, accompagnent ou suivent la fièvre puerpérale, mais qui ne la constituent pas.


À présent que l’on connaît la fièvre puerpérale légitime et que l’opinion scientifique est faite à son égard, que l’on admette subsidiairement avec Leacke et Hulme, médecins anglais ; avec de La Roche, médecin de Genève ; avec Pouteau, le célèbre médecin de Lyon ; avec Th. Cooper, avec Hunter, Gardien, Pinel, Gasc ou avec M. Béhier ; qu’on admette, disons-nous, que les inflammations soit de l’épiploon, soit de l’intestin, ou de la matrice, ou du péritoine, ou des veines, peuvent donner lieu à des accidents qui, en se liant à la puerpéralité, deviennent fort graves et provoquent une réaction à laquelle on a donné le nom de fièvre puerpérale… rien de mieux ; mais il n’en reste pas moins bien établi que ces accidents puerpéraux ne constituent pas la fièvre puerpérale proprement dite.

Que l’on admette, si l’on veut, avec MM. Velpeau, de Castelnau et Ducrest, que certaines altérations du sang, que la présence du pus dans les veines, que sa migration sur différentes parties de l’économie, ou son transport dans le torrent de la circulation, peuvent produire des affections qui présentent les caractères de la fièvre puerpérale et de la fièvre traumatique des opérés… rien de mieux encore ; mais on n’a pas affaire là à la fièvre puerpérale, on a affaire à une fièvre essentielle putride.

Que l’on admette encore, avec MM. Hervez de Chégoin, Velpeau, Cruveilhier et Dumontpallier, que la présence de caillots dans l’utérus peut, ainsi que les détritus qui baignent cet organe, déterminer une infection putride ou infection purulente, soit ; mais, nous le répétons, ces affections ne constituent pas davantage la fièvre puerpérale légitime. D’autre part, que l’on dise avec Rivière, Willis et White, que la fièvre puerpérale est susceptible de revêtir les formes bilieuse, maligne ou putride ; ou bien encore que l’on répète, avec la plupart des auteurs, que le génie épidémique ou la constitution médicale régnante lui impriment un caractère spécial violent, contagieux, terrible, nous y consentons, mais en ajoutant toujours que ce n’est point encore là une fièvre puerpérale.

Enfin que l’on soutienne qu’une fièvre puerpérale, sui generis, est susceptible de s’engendrer spontanément par l’encombrement et l’entassement des nouvelles accouchées dans des salles trop étroites ou insuffisamment aérées ; que l’on ajoute même que la fièvre ainsi née des émanations miasmatiques des malades, se confine dans ces Salles, à la manière d’une maladie infectieuse, et qu’elle y sévit mortellement ; qu’on s’accorde à donner à cette fièvre puerpérale miasmatique et accidentelle le nom de typhus puerpéral, ou celui de fièvre puerpérale épidémique infectieuse ou contagieuse, on ne fera-là peut-être qu’appeler les choses par leur nom ; mais, encore une fois, cela ne détruira pas l’existence naturelle du type primitif et franc qui caractérise l’entité désignée sous le nom de fièvre aiguë des femmes en couches, nom auquel on a substitué celui de fièvre puerpérale, auquel personne n’a encore osé toucher ! Or, c’est bien ici le cas de le dire : l’Académie, dans ses longues et verbeuses disquisitions, n’a véritablement poursuivi que cette fièvre puerpérale factice et accidentelle, et, passez-nous l’expression, comme le chien de la fable, elle a malheureusement pris l’ombre pour la proie !