De la génération des vers dans le corps de l’homme (1700)/Chapitre 07

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Chapitre VII.

De la sortie des Vers & des prognostics qu’on en doit tirer.



NOus ne parlerons dans ce Chapitre, que de la sortie des Vers, qui sont dans les intestins : ce qui regarde celle des autres étant peu considerable. Il y a plusieurs circonstances à considerer dans la sortie des vers, les unes concernent la personne, les autres le tems, les autres le lieu, les autres les excremens, les autres les vers mêmes.

Les circonstances de la personne sont : si elle est en santé ou malade, si elle a pris quelque medicament ou fait quelque chose à quoi on puisse attribuer la sortie de ces Vers.

Celles du temps : si les vers sortent dans le commencement, dans l’état, ou dans le declin de la maladie.

Celles du lieu : s’ils sortent par le haut ou par le bas, & en cas que ce soit par le haut, si c’est par le nez, ou par la bouche.

Celles des excremens : si les vers sortent mêlez dans les matieres, ou tout seuls, & la qualité des déjections qui en ont ou précédé, ou accompagné, ou suivi la sortie.

Celles des vers : s’ils sortent morts ou vivans, entiers ou rompus, enfermez dans quelque enveloppe, ou entierement libres, fondus ou dans leur forme naturelle, d’une couleur plûtôt que d’une autre, épais ou menus, en grande ou en petite quantité ; toutes circonstances necessaires à remarquer, & que nous allons examiner par ordre.


La Personne.

Si la personne est en santé, & que les vers soient sortis par la force de quelque medicament, ou pris en dedans, ou appliqué en dehors, il y a lieu de juger que ce n’est point tant la chaleur naturelle toute seule, que le secours étranger qui les a chassez, & par consequent que le corps dépourvû d’une chaleur suffisante, pour empêcher la corruption qui entretient ces insectes, est en danger de maladie, si l’on n’a soin de recourir aux évacuans & aux alterans. Si au contraire la personne n’a rien fait qui puisse avoir chassé les vers, il en faut bien augurer, puisque c’est une marque que la nature a eu assez de force, pour se débarrasser elle-même sans être aidée.

Si la personne est malade, & que les vers sortent d’eux-mêmes, il faut avoir égard à la seconde circonstance, dont nous allons parler, qui est celle du tems.


Le Tems.

S’ils sortent sur le declin de la maladie, le signe est bon, parce que les forces se rétablissant alors, il y a apparence qu’ils ne sortent qu’à cause de la chaleur naturelle qui s’augmente, & qui ne leur laisse plus assez de corruption pour s’entretenir. S’ils sortent dans le commencement de la maladie le signe est mauvais, parce que la fermentation des humeurs n’étant pas encore faite, ils ne peuvent gueres sortir qu’à cause de l’âcreté de la matière, ainsi que l’observent la plûpart des Medecins, & que l’a remarque M. Tauvri dans son Traité des Maladies aiguës

Levinus Lemnius[1] voulant rendre raison de ce signe, dit que les vers connoissent par une certaine sagacité naturelle la ruïne prochaine du corps où ils sont, & que c’est pour cela qu’ils abandonnent la place. Il ajoûte qu’ils sont en cela semblables aux loirs & aux souris, qui prévoyant, dit-il, que la maison où ils sont va tomber, l’abandonnent quelquefois plusieurs mois à l’avance. Sans mentir Levinus Lemnius juge bien favorablement de la prudence & de la sagesse des vers, de celle des loirs, & de celle des souris ; pour moy, qui ne sçaurois croire que ces animaux soient si intelligens, j’estime qu’il vaut mieux s’en tenir à la raison que nous avons apportée.


Le Lieu.

Dans une maladie le signe est meilleur quand ils sortent par le bas que quand c’est par le haut, parce que d’ordinaire quand ils sortent par le haut, cela vient de l’une de ces deux causes, ou de quelque obstruction considerable dans les gros intestins, laquelle empêche qu’ils ne prennent leur chemin par le bas, ou de quelque obstruction dans le meat cholidoque, laquelle empêche la bile, qui est si contraire aux vers, de descendre dans le duodenum, & permet ainsi à ces mêmes vers de remonter jusques dans l’estomach, & de passer de-là dans la bouche.

Les vers ne remontent pas seulement des intestins dans la bouche, mais vont quelquefois pendant le sommeil jusques dans le nez lorsque la bouche est close, & sortent par les narines[2] : ce qui ne doit pas surprendre, ni paroître d’un plus mauvais prognostic, que s’ils sortoient par la bouche, veu la communication qu’il y a du fond du palais avec le nez.

Quand la personne est en santé, il n’y a pas lieu de croire qu’il puisse y avoir de telles obstructions, puisque ces obstructions causent toûjours de grandes incommoditez, ainsi il est à juger que si les vers sortent alors par le haut, cela peut venir de ce qu’on aura été trop long-tems sans manger, ce qui oblige les vers, malgré le fiel qui se décharge dans le duodenum, de remonter jusques dans l’estomach, pour y chercher à manger, & de sortir ensuite par la bouche. Levinus Lemnius[3] dit avoir vu plusieurs fois des vers remonter ainsi, & sortir par le nez ; mais il ajoûte que ç’a toûjours été avec danger dans les malades, & sans péril dans les personnes en santé.

Quelquefois les vers sortent par le haut, attirez dans l’estomach par les alimens qu’ils y trouvent, & un exemple, que nous rapporterons plus bas d’une Religieuse, qui en vomissoit presque tous les jours quand l’heure de ses repas approchoit, en est une marque assez évidente. On lit dans le voyage de Rassily, qu’en Afrique on void des Serpens, qui aux heures des repas viennent dans les maisons manger ce qui tombe sous la table, & s’en retournent aprés sans faire mal à personne ; c’est ainsi que les vers viennent quelquefois dans l’estomach chercher à ces mêmes heures de quoy manger. Quant au vomissement qui arrive alors, il est facile de voir qu’il vient du picotement que ces animaux affamez font à cette partie.


Les Dejections.

Il vaut toûjours mieux que les vers sortent avec les dejections que tout seuls, lorsque c’est dans le commencement, ou dans l’état de la maladie. La raison en est, que quand ils sortent avec les excrémens, il est à croire que ce n’est pas par l’acreté seule des humeurs, mais par le mouvement même des matieres qui les entraînent, au lieu que quand ils sortent seuls, on ne peut gueres soupçonner autre chose que la malice de l’humeur, il n’en va pas de même quand c’est dans le declin de la maladie ; car il n’en faut tirer aucun mauvais augure.

Il arrive quelquefois qu’aprés avoir jetté des vers par le haut ou par le bas, on vomit une matiere noire semblable à de l’encre, ce signe est mortel, sur tout au commencement de la maladie. Quand les vers sortent mêlez dans les excremens, & que ces excremens qui les accompagnent sont jaunes, le signe est bon, soit dans la santé, soit dans la maladie, pourvû toutefois qu’en maladie ce ne soit pas au commencement : ce qui fait que ce signe est bon, c’est que la jauneur des matieres marque que c’est la bile qui a chassé les vers, & par consequent que cette humeur étant dans sa force naturelle peut reparer le vice des autres. Je dis la même chose des matieres, qui précedent la sortie des vers.

Quand les vers sortent seuls dans une maladie, & que c’est par l’effort de quelque medicament, le signe est bon ; nous remarquerons que c’est ainsi qu’est sorty le Solium, dont nous avons donné icy la figure, il vint seul & sans aucun mélange d’excrément.


Les Vers.

Quant aux circonstances qui regardent les vers mêmes, la premiere, que nous avons rapportée, est s’ils sortent morts ou vivans, & c’est par celle-là que nous commencerons.


Morts ou vifs.

On ne sçauroit tirer de cette circonstance aucun prognostic, sans avoir égard à celles qui regardent l’état de la personne, & en cas que la personne soit malade, à celles qui regardent le tems de la maladie. Voici donc ce qui est à observer. Si la personne se porte bien, il n’importe que les vers soient morts ou vivans, parce qu’il est à juger s’ils sortent morts, que c’est faute d’avoir trouvé assez de corruption pour vivre, & s’ils sortent vivans, que c’est pour chercher ailleurs la nourriture corrompuë qu’ils ne trouvent pas. Si la personne est malade, il faut examiner les divers tems de la maladie, & sçavoir que dans le declin du mal, les vers peuvent sortir morts ou vivans sans rien présager de mauvais, & cela pour les mêmes raisons, que lorsqu’ils sortent du corps de ceux qui se portent bien ; mais dans le commencement de la maladie, ou dans l’état, il en va tout autrement ; car alors c’est toûjours un plus mauvais signe de les voir sortir morts que vivans, y ayant apparence que c’est plûtôt le venin de la maladie qui les a tuez, que la force de la chaleur naturelle qui les a chassez.


Entiers ou rompus.

Il n’arrive gueres qu’aux vers plats de sortir rompus, & même ils ne viennent presque jamais autrement, mais pourvû que la tête ne reste pas dans le corps, il n’en faut point tirer de mauvais augure, parce que ce qui est resté meurt bientôt, & est ensuite entraîné par les matieres, ou par quelque leger purgatif, au lieu que quand la tête demeure, le ver reprend de nouvelles forces, & croît toûjours.


Enfermez dans des envelopes.

S’ils sortent enfermez dans une envelope, c’est un bon prognostic, parce que d’ordinaire ils se trouvent tous ensemble dans ces envelopes, sans qu’il en reste aucun autre dans le corps : de maniere que quand ils sortent ainsi sur le declin d’une maladie, on en doit bien augurer. Aussi remarque-t’on que les malades, qui rendent de ces poches de vers, pourvû que ce ne soit pas dans le commencement de la maladie, se rétablissent quelquefois plus promptement que ceux qui les rendent seuls & séparez. Un enfant de quatre ans, reduit à l’agonie, & dés auparavant abandonné des Medecins[4], rendit tout à coup par le bas, sans qu’on s’y attendît, une vessie de la grosseur d’une bale de Jeu de Paume, dans laquelle se trouverent des milliers de vers, aprés quoi il se rétablit promptement. Il arrive quelquefois qu’au lieu de trouver plusieurs vers dans ces envelopes, on n’en trouve qu’un, mais le signe n’en est pas toûjours plus mauvais pour cela, veu qu’il arrive souvent qu’un seul ver produit d’abord cette envelope ; & qu’aprés y avoir été enfermé seul quelque tems, il y engendre ensuite d’autres vers, qui font cette fourmilliere qu’on y découvre : en sorte que quand il ne s’y en trouve qu’un, cela peut souvent venir de ce que le ver n’y a pas été enfermé assez long-tems, pour y en engendrer d’autres. Benivenius[5] dit qu’un Medecin étant tourmenté d’une grande douleur d’estomach, & faisant tâter par un de les Confreres l’endroit de sa douleur, rendit par le vomissement un morceau de chair fait comme une petite boule, dans lequel se trouva enfermé un ver comme une graine dans sa gousse, & dont la sortie luy procura une prompte guérison. Gabucinus[6] rapporte un exemple semblable d’une Dame de qualité.

Ces vessies sortent quelquefois sans renfermer de vers, ce qui est un mauvais signe, à moins que le malade n’ait rendu des vers auparavant, ou n’ait pris quelque medicament qui puisse faire juger que si l’on n’a pas remarqué des vers dans ses drjections, c’est qu’ils ont été tuez dans le corps par l’action du medicament, & sont ensuite sortis en cole, & hors d’état d’être remarquez ; car il faut observer icy que quand ces corps membraneux, que le vulgaire appelle poches à vers, sortent seuls ensuite d’un medicament propre contre les vers, il est à juger que ces corps membraneux se sont rompus & déchirez par l’action du remede, que les vers contenus dedans étant fondus par la force du même medicament sont sortis par les selles sans avoir figure de vers ; mais quand ces membranes sortent d’elles-mêmes sans être détachées par aucun medicament, il est à craindre que les vers mêmes n’ayent percé la membrane, ne se soient répandus dans la capacité des intestins, & que cette membrane ne se soit séparée d’elle-même à force de vieillir, comme on void de vieilles peaux se lever quelquefois de dessus les mains. Or, je dis qu’alors le prognostic est mauvais, parce que c’est une marque que les vers se sont engagez ailleurs dans les intestins, & qu’ayant eu assez de force, pour percer la membrane qui les renfermoit, ils peuvent faire des érosions dangereuses dans les parties où ils sont allez.

Ces corps membraneux sont tissus par les vers comme la toile de l’araignée est tissuë par l’araignée, comme la coque du ver à soye est tissuë par le ver à soye, & comme les enveloppes, dans lesquelles on trouve les petits des chenilles, sont tissuës par les chenilles mêmes. Ces membranes, comme le remarque Hollier[7], tiennent quelquefois toute l’étenduë des intestins ; en sorte qu’elles couvrent les extrémitez des venes lactées, empêchent par là le chyle d’entrer dans ces vaisseaux, & par consequent privent le corps de sa nourriture : ce qui est souvent cause de la maigreur extraordinaire, où tombent ceux qui ont des vers ; de maniere que quand ces corps membraneux sortent, le malade en retire toûjours cet avantage, que les venes lactées n’étant plus recouvertes, la distribution du chyle n’est plus empêchée.

Quelquefois ces membranes s’engendrent sans qu’il y ait des vers dans les intestins ; alors c’est toûjours un bon signe qu’elles sortent de quelque manière que cela se fasse, soit d’elles-mêmes, soit par l’action de quelque purgatif. Fernel parle d’un Ambassadeur de Charles Quint, qui aprés avoir été incommodé pendant six ans d’une tumeur, qui alloit depuis l’hypocondre droit jusqu’à l’hypocondre gauche, & avoir tenté inutilement toutes sortes de remedes, rendit enfin, par le moyen d’un fort lavement, un corps dur & ferme de la longueur d’un pied, cave dans le milieu, que les assistans prirent d’abord pour une portion des intestins, mais que le prompt soûlagement du malade fit voir n’être qu’un corps étranger. Le même lavement fut réïteré, & le malade rendit un autre corps membraneux comme le premier, aprés quoy il recouvra la santé. Paul Pereda assûre avoir vu une semblable membrane, laquelle avoit une aulne de long, & étoit d’une cavité à y mettre la main. Il ne faut pas oublier de remarquer qu’il arrive aussi quelquefois que ces membranes sont une portion des intestins rongez par quelque humeur acre ; signe tres-dangereux dans les dissenteries, & presque toûjours mortel. Je conserve dans de l’eau-de-vie plusieurs membranes de cette sorte, qui ont été renduës dans des dissenteries invétérées, sans que les malades, qui les ont renduës, ayent pû échaper par aucun remede.


Fondus ou entiers.

Les vers du corps se fondent quelquefois de telle maniere aprés être sortis, qu’il n’en reste pas la moindre apparence : ce qui est souvent cause, selon la remarque de Monardus[8], que les Gardes voulant montrer aux Medecins les vers qu’elles ont remarquez dans les dejections de leurs malades, ne trouvent plus rien quand elles les cherchent. Lorsque cela arrive, c’est une marque que les vers ne sont pas d’une substance forte, & qu’ainsi ceux qui restent dans le corps cederont aisément à l’action des medicamens.

Quelquefois ils se fondent dans le corps même par le moyen de certains remedes, & sortent ensuite tout en cole & en glaires. Que les vers se puissent ainsi fondre, l’experience le fait voir, & voicy un fait qui ne permet pas d’en douter. M. de Caën, Docteur de la Faculté de Medecine de Paris, m’a raconté qu’une Religieuse, qui presque tous les jours un peu avant les repas vomissoit une fort grande quantité de vers, le vint un jour consulter aux Ecoles de Medecine, où il étoit de visite avec feu M. Perreau de l’Academie des Sciences, Docteur de la même Faculté, & frere du celebre M. Perreau d’aujourd’huy, que comme elle y fut arrivée, elle vomit en leur presence beaucoup de vers, que M. Perreau en emporta quelques-uns dans une boëte, qu’il mit dans sa poche, que quand il fut arrivé chez luy, il trouva que ces vers, réveillez par la chaleur de la poche, étoient plus vifs qu’auparavant, qu’alors il essaya divers remedes sur ces insectes, pour voir ce qui les pourroit tuer le plus promptement ; & qu’ayant jetté de la glace sur quelques-uns, ceux-là coulerent aussitôt en eaux, & disparurent presque dans le moment. Il rapporta ce fait dans l’Academie des Sciences comme une chose digne d’être remarquée, & M. Duhamel, membre celebre de cette Academie, m’a dit avoir été present à ce recit.


La couleur.

Les vers sortent ou rouges, ou blancs, ou jaunes, ou livides ; les rouges sont d’un mauvais prognostic, parce que cette couleur denote qu’ils se sont nourris de sang, & qu’ainsi ils ont fait erosion à quelque portion des intestins : ce qui ne sçauroit avoir que des suites fâcheuses.

Les blancs ne présagent ni bien ni mal, les jaunes & les livides sont d’un mauvais augure ; car il faut remarquer que les vers se teignent ordinairement de la couleur des choses, dont ils se nourrissent.

Les Chenilles, qui viennent sur l’écorce des arbres, sont grises ; celles qui mangent les herbes sont vertes ; celles qui naissent sur les fleurs sont de diverses couleurs, selon la couleur des fleurs, où elles ont pris naissance. Il en est ainsi des vers du corps ; ceux qui se nourrissent de sang sont rouges ; ceux qui se nourrissent de chile ou de pituite sont blancs ; ceux qui se nourrissent de bile sont jaunes & livides. Or, comme la bile est une humeur que les vers fuyent, & que cette bile est un baume, qui empêche toutes les autres humeurs de se corrompre, il est impossible que les vers se nourrissant de bile, ce baume ne soit corrompu & affadi ; & qu’ainsi le malade n’ait tout à craindre, puisqu’il n’y a point de corruption plus dangereuse & plus difficile à corriger que celles des choses, qui servent à conserver les autres. Quod si sal evanuerit in quo salietur[9] ?


Minces ou épais.

S’ils sont fort gros, c’est une marque qu’ils n’ont pas manqué de nourriture ; & qu’ainsi la corruption ayant été fort grande, il est difficile qu’elle ne le soit encore, & que le malade n’en reçoive du dommage, si on n’a soin d’évacuer promptement.

La grosseur des vers vient aussi tres-souvent de ce qu’ils en contiennent d’autres dans le ventre : ce qui se peut connoître en les ouvrant ou en les écrasant. Quand cela est, le signe est encore plus mauvais, parce qu’il denote une plus grande pourriture ; aussi la plûpart de ceux qui rendent de ces sortes de vers meurent peu après.

Amatus Lusitanus[10] parle d’une petite fille, qui rendit un ver long & rond que l’on écrasa avec le pied, & du ventre duquel sortirent aussitôt plusieurs autres vers, il ajoûte que la fille ne vécut pas long-tems aprés.

Panarolus rapporte deux exemples de la même nature, l’un d’un jeune homme de seize ans, & l’autre d’un jeune homme de trente, il dit que le premier devint hectique, & mourut aprés avoir rendu quatre mois auparavant un ver, dans le ventre duquel s’en trouva un autre enfermé : que le second tomba dans une fiévre tierce, & mourut au bout de dix-sept jours, après avoir été délivré d’un semblable ver. J’ay vû cependant quelques malades rendre de ces sortes de vers & échaper.


En grande ou en petite quantité.

Quand ils sortent en grand nombre le signe est bon & mauvais tout ensemble, il est bon en ce que c’est toûjours autant de corruption de sortie, & mauvais en ce que ce grand nombre de vers ne peut avoir été dans le corps, sans que quelques-uns n’ayent fait érosion aux intestins : ce qui ne peut avoir que de fâcheuses suites : je dis, sans que quelques-uns n’ayent fait érosion, parce que quand les vers sont en si grand nombre, ils s’affament les uns les autres, & que les plus affamez ne manquent gueres de s’en prendre au lieu qui les renferme.

Aprés avoir parlé des moyens de se garantir des vers, & avoir rapporté les prognostics qu’on peut tirer de la sortie de ces animaux, il nous reste à marquer les remedes propres pour s’en délivrer. Nous observerons que parmy ceux qu’on a coûtume d’employer pour cela, il y en a de bons, & d’autres qui sont dangereux, c’est pourquoy nous ferons un Chapitre exprés des remedes qu’il faut éviter, & un autre de ceux que l’on peut pratiquer avec succés.



  1. Levin. Lemn. de occultis naturæ mirac. lib. 1. cap. 22.
  2. Fernel. de morb. intestin. de Lumbr.
  3. Levin. Lemn. lib. 1. cap. 22. de occult. natur. mirac.
  4. Amat. Lusit. cent. 1. cur. 40.
  5. Beniv. cap. 88. de abditis.
  6. Gabuc. comment. de Lumb. cap. 13.
  7. Holler de Morb. intern. lib. 1. Cap. 54.
  8. Monard. Epist. Lib. 4.
  9. Math. cap. V.
  10. Amat. Lusit. cent. 5. curat. 46.