De la sagesse/Livre I/Chapitre IX
CHAPITRE IX [1].
- SOMMAIRE. — Des facultés de l’ame ; de sa faculté vegetative, et des trois autres sortes de facultés qui en dérivent.
APRÉS la description generale de l'ame en ces dix
poincts , il faut en parler particulièrement, scion
l’ordre de ses facultés, commençant par les moindres,
lequel est tel, végétative, sensitive, apprehensive,
ou imaginative, appetitive, intellective, qui est
la souveraine et vrayement humaine. Sous chascune
y en a plusieurs, qui leur sont subjectes et comme
parties d’icelles, comme se verra en les traittant de
rang.
De la vegetative plus basse, qui est, mesme aux plantes, je n’en veux parler beaucoup, c’est le propre subject des médecins, de la santé et de la maladie. Dirons seulement que soubs cette faculté, il y en a trois grandes qui s’entresuivent ; car la premiere sert à la seconde, et la seconde à la troisiesme, et non au rebours. La première donc est la nourrissante pour la conservation de l’individu, et à icelle plusieurs autres servent, l’attractive de la viande necessaire, la concoctive, la digestive, separant le propre et bon du mauvais et nuisible : la retentive, et l’expulsive des superfluités : la seconde, accroissante pour la perfection et quantité deue à l’individu : la troisiesme est la generative pour la conservation de l’espece. Par où il se voyt que les deux premieres sont pour l’individu, et agissent au dedans de leur propre corps : la troisiesme est pour l’espece, agit et a son effect au dehors en autre corps, dont est plus digne que les autres, et approche de la faculté plus haute qui est la sensitive : c’est un grand tour de perfection de faire une autre chose semblable à soy [2].