De l’Imitation de Jésus-Christ (Brignon)/Livre 2/04

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Traduction par Jean Brignon.
Bruyset (p. 85-87).


CHAPITRE IV.
De la pureté, & de la droiture de cœur.

L’Homme a deux ailes pour s’élever de la terre au Ciel : l’une est la droiture ; & l’autre la pureté.

La droiture est dans l’intention, & la pureté dans l’affection.

La droiture va à Dieu ; la pureré l’embrasse & le goûte.

Jamais aucune bonne œuvre ne vous causera de trouble & d’embarras si vôtre cœur est bien dégagé de toute affection terrestre.

Vous jouirez d’une entiere liberté d’esprit, si vous ne vous proposez que de plaire à Dieu, & de servir le prochain.

Vous pourriez apprendre de toutes les creatures à bien vivre, si vous aviez une parfaite droiture de cœur.

Il n’y a point dans le monde de creature si abjecte, qui ne fasse voir la bonté du Createur, & qui n’en soit une image.

Si l’œil de vôtre ame étoit bien net, vous verriez clairement les choses telles qu’elles sont.

Un cœur pur ne trouve rien, ni de si sublime dans le Ciel, ni de si profond dans l’enfer, qu’il ne penetre.

On juge pour l’ordinaire des choses exterieures, selon la disposition & le penchant de la volonté.

S’il y a quelque joye solide ici bas c’est dans un cœur pur ; & s’il y a quelque véritable tristesse, c’est dans une mauvaise conscience.

Comme le fer perd sa roüille, & devient tout étincelant dans le feu : ainsi l’homme attaché à Dieu, se défait de la tiédeur, & devient un homme nouveau.

Dès qu’on le relâche tant soit peu, on commence à craindre & à fuir les moindres peines, & on reçoit volontiers tout ce qui flate les sens.

Mais lorsqu’on a resolu de se vaincre tout de bon, & de marcher à grands pas dans la voye de Dieu, on ne trouve plus de peine, ou l’on trouvoit auparavant des difficultez insurmontables.