Derniers vers (Anna de Noailles)/Bien souvent, au moment

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BIEN SOUVENT, AU MOMENT…


Bien souvent, au moment des suprêmes fatigues,
Quand le corps sent ses maux faiblir et comme épars,
Et, qu’assuré soudain de l’infini départ
Qui fut, avec l’amour, sa hantise prodigue,

L’esprit prêt à s’enfuir jette un pâle regard
Sur ces membres lassés qu’on sent encore solides,
Et le corps, désormais esclave du hasard,
Contemple cet envol qui l’abandonne au vide ;


Et sachant qu’il fut tout, que lui seul animait
La passion charnelle ou bien spirituelle,
Il ressent en mourant que le faible coup d’aile
Qu’il prenait pour l’esprit altier, ne fut jamais
Que l’hôte présumé de l’ample citadelle
Qu’est le corps secouru par les veines fidèles.