Des délits et des peines (trad. Collin de Plancy)/Avertissement du traducteur

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Traduction par Jacques Collin de Plancy.
Brière (p. V-VIII).

AVERTISSEMENT
DE L’ÉDITEUR.



On n’a point oublié que c’est aux heureux effets du chef-d’œuvre de Beccaria, que nous devons l’abolition de la torture dans la plupart des états de l’Europe, la suppression des supplices et l’amélioration des lois pénales. Aussi on placera toujours Beccaria parmi les bienfaiteurs de l’humanité, et son livre parmi les plus nobles productions de l’esprit humain.

Le traité des Délits et des Peines à déjà eu trente-deux éditions en Italie. Il n’a pas été moins bien accueilli en France ; on l’a traduit dans toutes les langues de l’Europe. Mais, osons le dire, les traductions qu’on nous en a données n’ont pas rendu toute la force de l’original. Celle de l’abbé Morellet, qui est jusqu’ici la plus estimée, a trop de froideurs et d’obscurités. Beccaria manque quelquefois de clarté dans les objets qu’il était délicat de toucher, pour le pays et le temps où il vivait[1]. On ne doit pas lui reprocher ces passages obscurs, qu’il ne lui était guère possible de rendre plus clairs. Mais du moins on a cherché, dans cette nouvelle traduction, à ne rien laisser qui pût embarrasser le lecteur ; et les passages qu’on n’a pu éclaircir par la traduction, ont été éclaircis par les notes que des auteurs célèbres ont faites sur Beccaria.

Avant de parler de ces notes, nous devons avouer qu’on s’est aidé ici de tout ce qu’il y avait d’heureux dans les traductions précédentes, à l’exception de celle de M. Dufey, qui n’était pas encore publiée, et qui depuis n’a pas paru exacte.

On a joint à cette édition tout ce qui peut en faire un ouvrage complet. Elle est suivie du Commentaire de Voltaire, d’un extrait des réponses de Beccaria aux Notes et Observations de Vincenzo Facchinei, des judicieuses Observations de Hautefort, du Jugement d’un professeur célèbre, de la Note de Brissot de Warville, et des Lettres de Beccaria et de Morellet, relatives au livre des Délits et des Peines.

Nous avons joint au chapitre xvi les excellentes Considérations de M. Rœderer, sur la peine de mort. On sait que M. Rœderer a publié, en 1797, l’édition la plus recherchée de la traduction de Morellet. C’est à sa bienveillance que nous devons plusieurs notes inédites de l’abbé Morellet, que nous avons jointes à notre traduction, avec les notes de Diderot, (dont quelques-unes sont publiées pour la première fois), les notes de Brissot de Warville, et divers morceaux de Servan, de Mirabeau, de Rizzi, de M. Berenger, etc. etc.

Nous avons aussi mis en tête une notice sur Beccaria. Nous avons consulté toutes les notices publiées jusqu’ici, et sur-tout celle de la nouvelle Biographie des contemporains, et celle que M. de Lally-Tollendal a donnée dans la Biographie universelle. Nous avons aussi recueilli plusieurs notes auprès de diverses personnes qui ont eu le bonheur de voir Beccaria, ou qui connaissent sa famille.

Nous pouvons donc croire que nous avons surpassé ceux qui ont publié avant nous le même ouvrage ; et le lecteur en sera convaincu, lorsqu’il aura parcouru notre édition.

C.-Y.

  1. Voyez, à la fin de ce volume, le jugement d’un professeur italien.