Des hommes sauvages - original/Relation/15

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Du pays où demeurent les ennemis des Portugais les plus dangereux.
CHAPITRE XV.

A cinq milles de Saint-Vincent est un endroit nommé Briokoka, où les ennemis arrivent d’abord ; ils pénètrent ensuite entre la terre ferme et une île que l’on appelle San-Maro.

Pour barrer ce passage aux Indiens, on envoya plusieurs mammeluks[1], qui étaient frères, et fils d’un Portugais et d’une Indienne. Ils se nommaient Joan de Praga, Diego de Praga, Domingo de Praga, Francisco de Praga et Andréas de Praga ; leur père, Diégo de Praga.

Environ deux ans avant mon arrivée, les cinq frères avaient résolu de construire dans cet endroit, avec l’aide des Indiens leurs alliés, une forteresse pour la défense du pays, ce qu’ils avaient exécuté.

Quelques autres Portugais s’étaient aussi joints à eux ; mais la nouvelle en étant parvenue au pays des Tuppin-Inbas, qui est à environ vingt-cinq milles de là, ils se préparèrent à détruire cet établissement naissant. Ils arrivèrent donc une nuit dans soixante-dix canots, et l’attaquèrent une heure avant le jour, comme c’est leur coutume. Les mammelucks et les Portugais se réfugièrent dans une maison construite en terre, et s’y défendirent bravement. Les Indiens se renfermèrent dans leur cabane et résistèrent de leur mieux ; de sorte qu’il y eut beaucoup d’ennemis de tués. Ceux-ci finirent cependant par avoir le dessus, et par brûler le village de Brikioka. Tous nos Indiens furent faits prisonniers, mais les sauvages ne purent réussir à s’emparer de la maison où les chrétiens, au nombre d’environ huit, et les mammelucks s’étaient réfugiés. Quant aux naturels, ils les coupèrent en morceaux, se les partagèrent et retournèrent ensuite dans leur pays.