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§ 221. Il est fait un large emploi, aussi bien dans la langue des récits traditionnels que dans la langue de la conversation, de la juxtaposition pure et simple ou de la coordination, à l’aide de is, agus « et », de phrases simples : vʹi: fʹαr sən iˈlʹɑ:n fɑdo: ɑgəs nʹi: revʹ ʃe er sgœlʹ riəv ɑgəs mɑr ʃinʹ (bhí fear insan oileán fadó agus ní raibh sé ar scoil riamh agus mar sin..., etc.) « il y avait jadis un homme dans l’île, et il n’avait jamais été à l’école, et comme cela..., etc. ». On préfère souvent à la subordination l’emploi d’un verbe (le plus souvent verbe d’opinion) en incise : d’où l’emploi fréquent de formules comme bo ǥo: lʹαt (budh dhóigh leat) « tu aurais cru », dɑr lʹum (dar liom) « d’après moi », dʹi:αrfɑ: (déarfá) « tu dirais, tu aurais dit », etc.
§ 222. Un emploi très idiomatique de la coordination consiste à rattacher à la phrase simple par agus « et » un nom ou un pronom (qui peut représenter soit la même personne que le sujet, soit une autre) suivi d’un complément : adjectif, adverbe, nom régi par une préposition et, particulièrement, nom verbal régi par eg (ag). Le groupe nominal ainsi coordiné à la phrase au mode personnel permet d’économiser une proposition subordonnée (temporelle, causale, concessive, etc.), et exprime, comme ferait celle-ci, une circonstance de l’action principale.
vʹi: ən vʹαn sə χu:nʹə ɑgəs i: e bʹrʹeh χu:hʹə fʹe:nʹ (bhí an bhean insan chúinne agus í ag breith chúichi féin) « la femme était dans le coin, et elle ne se tenant pas de peur ».
B. O., II, 373 : do fuair’ athair bás agus é óg go math « son père mourut et lui assez jeune », « alors qu’il était assez jeune ».
B. O., II, 277 : tá ríocht mo dhóthain agam-sa, agus mac rí m’fhear « je ne manque pas de royaume, et un fils de roi mon mari », « du moment que je suis mariée à un fils de roi ».
§ 223. On voit qu’ici la coordination empiète sur le domaine de la subordination. Il en va de même dans les formules bipartites impliquant une subordination réelle entre les termes coordonnés : tu:rʹ e ɑgəs bʹi: ə tu:nʹʃəgʹ ou ɑgəs bʹi: nə çαl (tabhair é agus bí i t’óinsigh ou agus bí i n‑a cheal) « donne-le et sois idiote », « donne-le et passe-t-en » au sens de « si tu le donnes, c’est que tu es idiote » ou « cela te manquera ». Façon de présenter les choses assez habituelle.
De même dans l’opposition par no:, nu: (nó) « ou » de termes se conditionnant l’un l’autre : bʹegʹ mɑ: mαh a gɑ:rtəvʹ eg klɑun ə ri: no: bʷinʹhə mʹe sɑ:səv do:vʹ (beidh mádh maith i gcártaibh ag clann an righe nó bainfidh mé sásamh dóibh) « les fils du roi auront un bon atout dans leur jeu ou je tirerai vengeance d’eux ».
On a fréquemment recours à des particules démonstratives pour renvoyer à une phrase précédente de façon à constituer un tout quant au sens sans recourir à la construction d’une phrase complexe : mɑr ʃinʹ (mar sin) « comme cela », dɑ: vʹrʹi: ʃinʹ (dá bhrígh sin) « pour cette raison », etc. : vʹi: ʃi ə nɑurəs go mʹefɑ:sə go holk ɑgəs dɑ: vʹrʹi: ʃinʹ χœr ʃi ə tʹrʹu:r mɑk... (bhí sí i n‑amhras go mbeifeá-sa go holc agus dá bhrígh sin chuir sí a triur mac..., etc.) « elle se doutait que tu serais mauvaise et à cause de cela elle envoya ses trois fils... », etc. Tour plus commun que la proposition consécutive (voir § 237).