Aller au contenu

Description de Notre-Dame, cathédrale de Paris/Porte Saint-Marcel

La bibliothèque libre.

Porte Saint-Marcel.

La porte Saint-Marcel, réservée à l’évêque, ouvrait sur une des cours du logis épiscopal. On l’appelle aussi porte des Martyrs, en raison des personnages qui s’y voient sculptés. C’est encore l’abbé Lebeuf qui nous apprendra qu’entre autres saints, les niches des ébrasures contenaient les statues de saint Denis et de ses deux compagnons, le prêtre Rustique et le diacre Éleuthère. Le sculpteur, au lieu de les représenter leurs têtes à la main, avait cru devoir laisser les têtes à leur place et ne mettre entre les mains de chacun des trois martyrs que la partie supérieure du crâne ; compromis vraiment singulier entre la foi absolue et l’esprit de discussion. Cet artiste ne se doutait donc pas que dans l’ordre des miracles il n’y a ni plus ni moins, et que tous sont exactement du même degré ? Il ne faut pas plus de puissance pour ressusciter un mort, que pour suspendre les lois de la pesanteur en arrêtant la chute d’une pierre. À l’époque où l’on brisa les statues des portails de Notre-Dame, quelques fragments de ces figures, employés comme de la pierre brute, allèrent servir de bornes dans la rue de la Santé, vers le haut du faubourg Saint-Jacques, où ils sont demeurés près de cinquante ans. Sur la demande du Comité des arts et monuments, ils furent enfin transportés, en 1839, dans la grande salle des Thermes. Parmi ces débris, on a recueilli une portion considérable du saint Denis cité par l’abbé Lebeuf ; il porte, en effet, entre ses mains, la calotte de son crâne. Nous avons compté quinze corps de statues, tous sans tête, la plupart aussi dépourvus de leurs bras et de leurs pieds. Ils appartiennent à des époques très-différentes les unes des autres, ce qui confirme l’opinion des auteurs les plus accrédités sur les diversités de style et d’origine des figures autrefois placées aux portails de Notre-Dame.

Le bas-relief du tympan retrace les principales circonstances du martyre de saint Étienne. Le saint diacre, vêtu de la dalmatique et portant le manipule sur le bras gauche, discute avec les docteurs de la loi, les uns attentifs à ses paroles, les autres criant au blasphème ; il annonce le Christ au peuple, et dans l’assistance on remarque une femme assise par terre, qui allaite son enfant, sans cesser pour cela d’écouter ; le martyr est entraîné violemment par des gardes devant un juge, qui l’interroge avec dureté. Une arcature trilobée en pendentifs, avec tourelles entre les archivoltes, sépare cette première partie de la sculpture des deux suivantes. Saül assis garde les vêtements des lapidateurs ; ceux-ci, au nombre de quatre, lancent avec fureur de grosses pierres sur le martyr à demi renversé, qui fait un dernier effort pour se garantir. Deux fidèles déposent dans un cercueil le corps du saint enveloppé d’un suaire, en présence d’une femme qui pleure, d’un prêtre en chasuble qui lit l’office des morts, et d’un clerc qui porte la croix et le bénitier avec le goupillon. À l’étage le plus élevé du tympan, deux anges adorent le Christ, qui sort à mi-corps d’une nuée, et qui bénit le combat de son premier martyr. Dès la seconde moitié du XIIIe siècle, on négligeait les traditions iconographiques. Le sculpteur de la porte Saint-Marcel n’a donné de nimbe qu’à Jésus-Christ ; ce nimbe est d’ailleurs croisé suivant l’usage. La statue du trumeau n’a pas été conservée. Sous le linteau, des feuillages et des anges tenant soit l’encensoir, soit la navette, servent de consoles.

La voussure est triple. Au premier rang, douze anges debout, un peu mutilés, qui paraissent avoir tous tenu des couronnes destinées aux martyrs ; un treizième ange, placé au sommet de l’arc, entre deux dais, en présente une de chaque main. Au second rang, quatorze martyrs assis, entre autres deux diacres, saint Laurent avec son gril, et saint Vincent tenant un livre fermé ; saint Maurice et saint Georges, couverts de mailles ; saint Denis, portant cette fois à deux mains sa tête mitrée ; saint Clément avec la meule qui lui fut attachée au cou ; saint Eustache agenouillé devant la face du Christ, qui lui apparaît entre les deux bois d’un cerf. Les sept autres ne sont pas aussi faciles à nommer. Il y a un pape coiffé de la tiare, deux évêques, un personnage avec un livre fermé, deux qui tiennent des hampes de croix ou de lances, un dernier qui n’a plus d’attribut. Les martyrs ont ici la prééminence sur les docteurs ou les confesseurs assis au nombre de seize dans le troisième rang de la voussure. Ce sont des prêtres ou des moines tenant presque tous des livres, soit ouverts, soit fermés. Le premier personnage, à gauche, vêtu en religieux, tient une crosse ; il représente un abbé, peut-être saint Benoît. Au sommet du cordon des martyrs, un ange apporte deux couronnes ; à la pointe du troisième, une tête barbue, probablement le Père Éternel, se montre entre deux dais.