Description de la Chine (La Haye)/De la Province de Koei tcheou

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Scheuerleer (Tome Premierp. 253-256).


QUINZIÈME PROVINCE DE L’ EMPIRE DE LA CHINE.

KOEI TCHEOU.


C’est une des plus petites provinces de la Chine, laquelle est située entre les provinces de Hou quang, de Se tchuen, d’Yun nan et de Quang si. Elle contient dix villes du premier ordre, et trente-huit autres villes tant du second que du troisième ordre.

Elle est remplie de montagnes inaccessibles, c’est ce qui fait qu’une partie de la province est habitée par des peuples, qui ne se sont jamais soumis à l’empereur, et qui vivent dans une parfaite indépendance des lois de l’empire. J’en ai parlé assez au long au commencement de cet ouvrage.

Dans le dessein que les empereurs ont eu de peupler cette province, ils ont souvent envoyé des colonies de Chinois, quelquefois même des gouverneurs avec toute leur famille.

Il y a quantité de forts et de places de guerre, où l’on entretient de nombreuses garnisons ; mais le tribut qui se tire de la province n’est pas suffisant pour leur subsistance ; ainsi la Cour est obligée d’y suppléer, et il n’y a point d’année qu’elle n’y envoie du secours.

Il y a dans les montagnes des mines d’or, d’argent, et de mercure ; et c’est en partie de cette province, qu’on tire le cuivre, dont on fait la petite monnaie qui se frappe dans tout l’empire.

Entre ces montagnes on voit des vallées agréables et assez fertiles, surtout auprès des rivières ; les denrées y sont à bon marché, mais non pas avec cette abondance qu’on trouve ailleurs, et qu’on y trouverait pareillement, si la terre y était mieux cultivée.

Les étoffes de soie y manquent, mais on y fabrique des étoffes d’une certaine herbe qui ressemble assez au chanvre, et qui est très propre à faire des habits d’été.

On y nourrit quantité de vaches, de pourceaux, et les meilleurs chevaux de la Chine : les poules sauvages qui s’y trouvent sans nombre, sont d’un goût admirable.


Première ville, capitale de la province.
KOEI TANG FOU


C’est une des plus petites villes de la Chine, elle n’a pas une lieue de circuit. Ses maisons sont en partie de terre, et en partie de briques, de même que celles des tribunaux. La rivière sur laquelle elle est située, ne porte point de bateaux, c’est pourquoi il s’y fait peu de commerce. Elle a sous sa juridiction trois villes du second ordre, et quatre autres villes du troisième, et quantité de forts dont elle est comme environnée. Le pays est plat en quelques endroits et en d’autres il est semé de montagnes, dont quelques-unes sont fort escarpées.


SE TCHEOU FOU. Seconde ville.


C’est à l’extrémité de la province, du côté de celle de Hou quang qu’est placée cette ville : elle n’a dans sa juridiction que quelques




forts. Le pays est plein de montagnes. Il fournit du vif argent, du cinabre et divers autres minéraux.

Ses habitants, quoique moins grossiers que d’autres peuples de la même province, vivent dans une profonde ignorance des sciences chinoises. Ils vont d’ordinaire nus pieds, et ils sont tellement endurcis à la fatigue, qu’ils marchent sur les rochers avec une vitesse surprenante.


SE NAN FOU. Troisième ville.


Cette ville qui est bâtie sur les bords d’une belle rivière, et dans une assez longue plaine, a dans son département trois villes du troisième ordre, et plusieurs forts. Elle est bornée de côté et d’autre par des montagnes, dont quelques-unes sont inaccessibles : il n’y a qu’un chemin fort étroit par lequel on y puisse grimper.

C’est sur ces montagnes qu’en temps de guerre les habitants se retirent, et qu’ils y transportent leurs effets, pour les mettre à couvert du pillage des soldats qui traversent leur pays. D’autres peuples sauvages s’y tiennent cachés, et n’ont presque aucune communication avec les Chinois.


TCHIN YUEN FOU. Quatrième ville.


Le district de cette ville est d’une très petite étendue, il ne comprend que quelques forts et deux villes du troisième ordre. Le pays produit des grenades, des oranges, et les plus belles fleurs qui soient dans toute la Chine.

Quelques-unes de ses montagnes sont habitées par des peuples, qui ayant peu de communication avec les Chinois, sont grossiers et en quelque façon barbares.


CHE TSIEN FOU. Cinquième ville.


Cette ville est située entre les deux précédentes, et n’a qu’un très petit ressort, qui comprend quelques forts et une ville du troisième ordre. Les peuples qui habitent les montagnes, sont d’un génie et d’un caractère bien différent de celui des Chinois ; hommes et femmes marchent nus pieds, et ils ont conservé d’autres usages bien éloignés de la politesse chinoise. Le pays produit quantité de vif argent.


TONG GIN FOU. Sixième ville.


C’est une ville frontière de cette province, du côté de la province de Hou quang. Il n’y a qu’une ville et quelques forts qui dépendent de sa juridiction. On y amasse beaucoup d’or, et l’on y trouve des mines de cuivre. Le commerce des Chinois a un peu civilisé ces peuples, qui étaient autrefois cruels et barbares.


NGAN CHAN FOU. Septième ville.


Tout le pays, qui dépend de cette ville, est rempli de montagnes. Son ressort contient trois villes du second ordre, et cinq du troisième, avec plusieurs forts garnis de soldats, pour tenir en respect les peuples de son voisinage, qui se sont maintenus dans l’indépendance où ils vivent sur leurs montagnes. Les rivières qui arrosent les vallées et les plaines, rendraient le pays assez fertile, si ces peuples étaient plus laborieux.


TOU YUN FOU. Huitième ville.


La juridiction de cette ville est d’une très petite étendue, elle ne comprend que quatre villes, dont deux sont du second ordre, et les deux autres du troisième. C’est la plus voisine des montagnes habitées par les Seng miao sse qui sont des peuples que les Chinois n’ont jamais pu réduire, et qui ont leur gouvernement particulier, ainsi que je l’ai décrit ailleurs ; elle n’en est séparée que par une rivière, et par des montagnes fort escarpées.


PING YUEN FOU. Neuvième ville.


Tout le pays compris dans le ressort de cette ville, est pareillement dans le voisinage de ces peuples sauvages indépendants de la Chine, qui habitent des montagnes impénétrables. Ce ressort n’a que cinq villes dans son étendue, dont une est du second ordre, et les deux autres sont du troisième.

La terre y produit d’excellent thé, et des oranges de toutes les sortes. On y fabrique des toiles d’une espèce de chanvre cru, bien différent de celui qui croît en Europe.


OUEI NING FOU. Dixième ville.


Cette dernière ville est bâtie sur les bords d’un beau lac, et au milieu d’une plaine environnée de hautes montagnes. Elle a sous sa juridiction trois villes du second ordre, et trois autres du troisième, avec plusieurs forts, où il y a des garnisons pour la défense du pays.