Description de la Chine (La Haye)/Extrait du Pen tsao de Leang tao hong king

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Scheuerlee (3p. 558-566).


EXTRAIT
DU PEN TSAO DE LEANG TAO HONG KING,
INTITULÉ MING Y PIÉ LOU.


PREMIER PARAGRAPHE.
De la préparation des remèdes.


TEXTE.


Pour la préparation des drogues ou remèdes qu’on prend en pilules et en poudre, il faut d’abord couper les espèces par tranches fort minces, puis les faire sécher, après quoi on les pile. Il y en a qu’il faut piler séparément, et il y en a qui demandent d’être pilées les unes avec les autres, En quoi on aura égard à ce qui est prescrit dans chaque recette.

Il y a certaines espèces, qui étant de nature humide, doivent être prises en plus grande quantité avant qu’on les fasse sécher, et quand elles sont sèches, on les pile fort menues, puis on les fait sécher derechef ; et pour cet effet, si le temps est humide et pluvieux, il les faut mettre sur un petit feu, et les piler ensuite, néanmoins après les avoir laissé refroidir auparavant.


Commentaire.

Li ché tchin dit : Toutes sortes de drogues et remèdes, tirés, soit des arbres, soit des herbes, et surtout ceux qui servent à réparer les forces, ne doivent pas être préparées avec des ustensiles de fer, il faut se servir d’un couteau de cuivre ou de bois de bambou. Il y en a même qui craignent les ustensiles de cuivre. Or selon la diversité des pilules et des poudres qu’on veut préparer, on se servira de mortiers de différentes sortes de pierres.


TEXTE.


Pour tamiser les drogues pilées qui se prennent en pilules ou en poudre, il faut user de tamis, faits d’une étoffe claire, appelée tchong mi kiuen. Après quoi il faut remettre dans le mortier ce qui aura passé par le tamis, et donner encore quelques centaines de coups de pilon, jusqu’à ce que la poudre soit impalpable et uniforme.

Il y a certaines espèces, qui étant oléagineuses, comme les noyaux ou amandes d’abricot, etc. doivent être mises sur le feu, et rissolées ; après quoi on les pile dans le mortier. Quand ces espèces commencent à être bien pilées, on y ajoute quelque poudre convenable, qu’on broie et mêle ensemble. Ensuite on passe le tout par un tamis, fait d’étoffe, appelée king sou kiuen ; puis on remet dans le mortier ce qui a passé par le tamis, et on le pile encore, jusqu’à ce que tout soit égal et uniforme.

Pour les remèdes liquides appelés tang, ils se préparent avec un petit feu, et en les faisant bouillir lentement, la dose de l’eau est celle qui est prescrite dans la recette. Pour l’ordinaire sur vingt leang, ou onces de drogues, il faut mettre un teou, ou mesure d’eau, qu’il faut réduire, en la faisant bouillir, à quatre ching.

Que si c’est un remède, ou vomitif, ou purgatif, il faut pour sa préparation prendre un peu moins d’eau crue, et davantage de suc des drogues.

Pour les remèdes restaurants, ou potions cordiales, il faut prendre un peu davantage d’eau chaude, et un peu moins de suc des drogues.

En un mot, il ne faut en prendre ni trop, ni trop peu de l’un et de l’autre : il faut couler le tout à travers un linge de toile neuve, que deux hommes presseront avec deux pièces de bois. Ensuite il faut faire reposer la décoction, pour en ôter les fèces qui iront au fond, puis la garder dans un vaisseau bien bouché.

Toute sorte de remède, quand il est chaud, ne veut pas être mis dans des ustensiles de fer. Quand ce sont des remèdes à prendre par la bouche, il les faut faire cuire à petits bouillons : quand on les prend chauds, ils sont aisés à avaler : mais quand ils sont froids, ils soulèvent l’estomac.


Commentaire.

Tchi tsai dit : dans les remèdes liquides, quand on emploie le vin, il faut qu’il soit chaud.

Li ché tchin dit : ce qui est rapporté dans le texte, est selon la méthode ancienne. Car à présent, dans les remèdes liquides, sur une once de drogues, on met deux tasses d’eau : augmentant ou diminuant cette quantité à proportion qu’on augmente ou diminue la dose des drogues.

Si sur une grosse dose de drogues vous mettez peu d’eau, cela ne suffit pas pour en tirer toute la vertu : et au contraire, si sur une petite dose de drogues, vous mettez beaucoup d’eau, c’est énerver la vertu des drogues.

Généralement parlant, pour tous les remèdes qui se préparent sur le feu, il ne faut point d’ustensiles de cuivre et de fer : il faut, tant qu’on peut, à cet effet se servir d’ustensiles d’argent, et pour laver les drogues, d’ustensiles de terre.

Les vaisseaux où on garde les remèdes, doivent être bien bouchés, et être confiés à des gens soigneux. Dans la coction des remèdes, il faut bien connaître les degrés du feu, en sorte qu’on ne pèche en ce point ni par défaut, ni par excès. Le feu le plus propre est le feu de charbon, et celui de roseaux. L’eau doit être douce, fraîche, et nouvellement tirée, soit eau coulante, soit eau de puits.

Dans les remèdes liquides qu’on prépare au feu, il faut suivre exactement la recette, et consulter le traité des eaux. Pour les sudorifiques, il les faut préparer à grand feu, et les donner chauds. Les purgatifs se préparent aussi à grand feu, et se cuisent jusqu’à ce qu’ils paraissent un peu jaunâtres : ils demandent d’être pris un peu chauds.

Les remèdes qu’on donne dans les maladies dangereuses, qui procèdent de cause froide ou d’épuisement d’yn, se doivent préparer à grand feu, et à gros bouillons, et se donnent tout chauds au malade. Que si c’est dans le temps des grandes chaleurs, et qu’yn soit entièrement absorbé, il faut faire rafraîchir le remède dans l’eau fraîche, avant que de le donner au malade.


SECOND PARAGRAPHE.


Le médecin Ki pé dit : Les esprits sont susceptibles de plus ou de moins : l’habitude du corps est ou forte ou faible : la guérison des maladies est tantôt lente et tantôt prompte. C’est pourquoi entre les recettes, il y en a de grandes et de petites.

Le même auteur dit encore : Il y a des maladies éloignées, et il y en a de prochaines : leurs symptômes ou indications sont ou internes ou externes : les doses des remèdes sont fortes, ou faibles. Les maladies prochaines se guérissent par les ki fang, ou recettes impaires, et celles qui sont éloignées, par les ngheou fang, ou recettes paires : les recettes nommées ki fang, ne s’emploient point pour provoquer les sueurs, et les ngheou fang ne servent point dans les purgations.

Quand on veut rétablir les forces de la région supérieure du corps, et guérir quelque maladie qui y a son siège, on se sert des hoang fang ou recettes lentes, et quand on veut restaurer la région inférieure, et chasser les maladies qui y résident, il faut employer les ki fang ou recettes promptes.


TEXTE.


Pour expulser les maladies prochaines, servez-vous en premier lieu des ngheou fang, ou recettes paires ; et en second lieu, des ki fang, ou recettes impaires : en sorte néanmoins que les doses soient petites. Et au contraire, pour guérir les maladies éloignées, servez-vous d’abord des ki fang, ou recettes impaires, puis des ngheou fang, ou recettes paires : mais que les doses soient grandes. Les remèdes à grandes doses doivent être peu fréquents ; et au contraire, ceux dont les doses sont petites, doivent être souvent réitérés : les plus fréquents ne doivent pas être réitérés plus de neuf fois ; et les moins fréquents ne doivent pas se prendre plus d’une fois. Là où les ki fang, ou recettes impaires ne suffisent pas pour chasser la maladie, employez-y les ngheou fang, ou recettes paires : et quand les ngheou fang, ou recettes paires ne suffisent pas, fortifiez-les de quelque espèce de drogues ou remèdes, qui, pour leur qualité froide ou chaude, fraîche ou tempérée, ont le plus de rapport à la maladie présente.


Commentaire.

On entend par maladies prochaines, celles qui ont leur siège en dedans ; et par maladies éloignées, celles qui ont leur siège en dehors.

Vang ping prétend que les premières sont celles qui ont leur siège dans une partie voisine, comme le poumon ou le cœur ; et que les secondes sont celles qui ont leur siège dans quelque partie éloignée, comme sont le foie, ou les reins.

Le même Vang ping dit : Entre les viscères, les uns ont leur situation en haut, et les autres en bas. Entre les entrailles, les unes sont éloignées, et les autres sont prochaines : les symptômes ou indications des maladies sont, ou internes ou externes : les remèdes ont des doses fortes ou faibles : les recettes, qui sont de drogues ou remèdes simples, s’appellent ki fang : et celles qui sont de drogues ou remèdes composés, s’appellent ngheou fang : le cœur et le poumon sont censés proches : le foie et les reins sont éloignés : la rate et l’estomac tiennent le milieu, etc.

Les ki fang, ou recettes impaires, ont le nombre de leur poids ou mesure impairs ; et les ngheou fang l’ont pair. Quand vous traitez des maladies qui ont leur siège dans quelque partie voisine, employez-y les ngheou fang, et réitérez-les plusieurs fois ; et quand vous en traitez qui résident dans une partie éloignée, employez-y les ki fang, ou recettes impaires ; mais celles-ci ne doivent pas être souvent réitérées.

Si la maladie a son siège dans le poumon, réitérez la prise du remède jusqu’à neuf fois : si c’est dans le cœur, réitérez la prise sept fois : si c’est dans la rate, contentez-vous de cinq : si c’est dans le foie, ne passez pas trois fois : et si c’est dans les reins, une fois suffit. Et c’est la règle ordinaire qu’il faut garder, généralement parlant.

Dans l’usage des remèdes, les petites doses sont à préférer aux grandes, les drogues qui n’ont aucune qualité maligne, sont préférables à celles qui ont quelque qualité vénéneuse : et les petites recettes aux grandes, etc.

Li ché tchin dit : Si la maladie est non-naturelle (ou causée par quelque qualité vicieuse de l’air extérieur), il faut pour la guérir, se servir de remèdes qui tendent à rétablir, ou à entretenir l’habitude du corps dans sa droiture ; et si la maladie est naturelle, et procède de quelque cause interne, il faut, pour la traiter, user de remèdes auxiliaires, ou, qui par leur qualité chaude ou froide, ont le plus de rapport à la maladie : c’est-à-dire, que quand la chaleur est concentrée dans la région basse, à cause d’un froid étranger qui occupe la région supérieure, alors les remèdes dont il faut user, doivent être principalement composés d’espèces, qui soient d’une qualité froide ; on y doit aussi ajouter quelques-uns d’une qualité chaude : et ainsi, la chaleur concentrée au-dessous du diaphragme se dissipant par le moyen des espèces d’une qualité froide, qui sont la base du remède, le froid qui occupe la région supérieure, se dissipera aussi par le moyen des espèces ajoutées, qui sont d’une qualité chaude.

Que si, au contraire, la maladie est causée par un froid concentré en bas, et par une chaleur étrangère, qui occupe la partie haute, et l’empêche de se dissiper : alors la base des remèdes doit être d’espèces qui soient d’une qualité chaude, auxquelles on joindra néanmoins pour auxiliaires quelques espèces qui soient d’une qualité froide : et ainsi le froid concentré en bas, au-dessous du diaphragme, venant à se dissiper par le moyen des espèces d’une qualité chaude, qui sont le principal du remède, la chaleur qui occupe la région haute, sera aussi dissipée par le moyen des espèces auxiliaires, qui sont d’une qualité froide. Et c’est là en quoi consiste le secret admirable de la médecine, qui emploie tantôt le froid, pour servir comme de véhicule au chaud, et tantôt le chaud, pour servir de véhicule au froid, et pour chasser et rétablir l’un par l’autre. Il faut raisonner de même, à proportion, de la qualité fraîche, et de la qualité tempérée.

Van fou dit : L’altération des humeurs est un effet des maladies : la guérison des maladies dépend des recettes : la détermination des recettes dépend de la volonté de l’homme. Il y a sept sortes de recettes. La première est le ta fang, ou grande recette. La seconde est le siao fang, ou petite recette. La troisième est le hoang fang, ou recette lente. La quatrième est le kii fang, ou recette prompte. La cinquième est le ki fang, ou recette impaire. La sixième est le ngheou fang, ou recette paire. Et la septième est le fou fang, recette auxiliaire, ou doublement paire.

Dans la composition des recettes, on a égard aux qualités et aux saveurs des espèces. Les quatre qualités, savoir, le chaud, le froid, le frais et le tempéré, tirent leur origine du ciel : et les six saveurs, savoir, l’acide, l’amer, la saveur forte, (gravis sapor) le salin, le doux, et le fade, tirent leur origine de la terre.

Les plus grossières qualités, qui ont comme du corps, sont les saveurs : et celles qui sont plus subtiles, et n’ont rien de corporel, sont proprement les cinq qualités : les qualités tiennent d’yang, et les saveurs tiennent d’yn : Or, parmi les saveurs, celles qui ont la propriété de dissiper, et de pousser au-dehors par les sueurs, et par la transpiration, telles que sont la saveur forte et la douce, sont les saveurs d’yang : et celles qui ont la propriété d’attirer, ou de faire sortir par haut (par exemple les vomitifs), ou de chasser en bas par les selles (par exemple les purgatifs), tels que sont l’acide et l’amer, sont les saveurs d’yn : le salin doit être mis dans le même rang, car il a les mêmes vertus. Pour le fade, qui a une vertu apéritive et expulsive, c’est une saveur d’yang.

Or, dans l’usage des remèdes, il faut avoir égard aux symptômes et indications des viscères et du reste des entrailles, suivant la disposition desquels on détermine quand il faut employer les remèdes astringents ou dissipants, les remèdes prompts ou lents, les remèdes humectants ou desséchants, les remèdes affaiblissants ou fortifiants, selon les saveurs et qualités d’un chacun : ce qui a donné occasion aux sept sortes de recettes qui sont en usage, etc.


1. Ta fang ou grande recette.

Le médecin Ki pé dit : le ta fang, ou la grande recette, est composée de douze espèces de drogues ou remèdes, dont une est de l’ordre du kiun, ou souverain ; c’est-à-dire, du premier ordre : deux sont de l’ordre des tchin, ou ministres ; c’est-à-dire, du second ordre : et neuf sont de l’ordre des tso, ou officiers subalternes ; c’est-à-dire, du troisième ordre.

Le tchong fang, ou recette moyenne, est composée de neuf espèces, dont il y en a une du premier ordre, trois du second ordre, et cinq du troisième.

Le siao fang, ou petite recette, est composée seulement de trois espèces, dont une est du premier ordre, et les deux autres sont du second.

Tchong tching dit : Il y a deux sortes de ta fang, ou grandes recettes. La première est celle qui est composée de treize espèces, dont une est du premier ordre, trois du second, et neuf du troisième. Dans les maladies où l’on remarque des indications ou symptômes différents, et où conséquemment la cause du mal n’est pas unique ; il ne faut pas ordinairement employer les recettes où il n’y a qu’une ou deux espèces de drogues.

La seconde sorte de ta fang, ou grande recette, est celle où la dose est forte, et dont la prise ne se réitère pas, et cette sorte de recette est propre pour guérir les maladies qui ont leur siège dans le foie, dans les reins, c’est-à-dire, dans les parties les plus éloignées, et dans la région inférieure, etc.


2. Siao fang, ou petite recette.

Tsong tching dit : Le siao fang, ou petite recette, est de deux sortes. La première sorte est celle qui est composée de trois espèces de drogues, dont une est du premier ordre, et les deux autres du second ordre. Dans les maladies où il n’y a point complication de divers symptômes, et où conséquemment la cause du mal est unique, on peut employer les recettes composées d’une ou de deux espèces.

La seconde sorte du siao fang, ou petite recette, est celle dont la dose est petite, et dont la prise doit être souvent réitérée. Cette recette convient aux maladies, qui ont leur siège dans le cœur, dans le poumon, et dans la région supérieure du corps ; et il y faut procéder peu à peu, et fort lentement.

Oüan sou dit : La situation du foie et des reins est éloignée. Ainsi, pour guérir les maladies qui ont leur siège dans ces viscères, au lieu d’employer des remèdes, dont la prise se réitère souvent, la vertu de ces sortes de remèdes étant lente, et ne pouvant pénétrer que fort tard jusqu’à la région inférieure, il faut user de ceux dont la dose est forte, et qui ne se réitèrent pas si souvent, car ils opèrent plus promptement, et pénètrent plus vite jusqu’en bas.

Au contraire, le cœur et le poumon ayant une situation voisine, pour guérir les maladies qui résident dans ces viscères, au lieu d’user des recettes qui se réitèrent souvent, et dont la vertu étant prompte, et tendant en bas, ne peut se porter en haut, il faut employer celles qui se prennent en petite quantité, et se réitèrent souvent ; car elles ont la vertu de dissiper et d’opérer en haut. Ce qui revient à cet aphorisme de Oüang ping : « Dans les maladies du poumon, réitérez la prise jusqu’à neuf fois ; dans celles du cœur, sept fois ; dans celles de la rate, cinq fois ; dans celles du foie, trois fois ; et dans celles des reins, contentez-vous d’une fois. »


3. Hoang fang, ou recette lente.

Le médecin Ki pé dit : Si vous voulez restaurer et fortifier la région supérieure, ou chasser quelque maladie qui y réside, usez du hoang fang, ou recette lente. Mais si vous voulez restaurer et fortifier la région inférieure, ou expulser quelque maladie qui y a son siège, usez du kii fang, ou recette prompte.

Le kii fang ou recette prompte, est celle dont les drogues, qui la composent, ont des qualités et saveurs énergiques ; et le hoang fang est celle dont les espèces qui entrent dans sa composition, ont des qualités et saveurs faibles. Il faut user de ces diverses sortes de remèdes, suivant que la maladie est voisine ou éloignée, etc.

Vang ping discourant sur ce sujet dit : Si la maladie a son siège dans les reins, les esprits du cœur sont défectueux : ainsi il faut user du kii fang, ou recette prompte, et ne pas fatiguer longtemps le cœur par la réitération des remèdes, les remèdes propres aux maladies des reins, abattant les forces du cœur, et le rendant plus faible, à proportion de ce qu’on en prend davantage.

Van fou dit à ce sujet : Les sages ou maîtres de la médecine, en usant de remèdes pour rendre la santé à la région supérieure, ont grand égard à ne pas exciter le désordre dans la région inférieure ; en voulant guérir la région inférieure, ils prennent bien garde de ne pas troubler la supérieure ; et en cherchant à rétablir la région mitoyenne, ils sont fort attentifs à ne pas brouiller ni la haute ni la basse. Tsong tching distingue cinq sortes de hoang fang, ou recettes lentes, etc.


4. Kii fang, ou recette prompte.

Vang fou dit : Les drogues, dont les saveurs ont de la force, tiennent d’yn ; et celles dont les saveurs sont faibles, tiennent d’yang, issu d’yn. C’est pourquoi les premières sont propres à purger, et les secondes sont propres à désopiler.

Les drogues dont les qualités ont de la force, tiennent d’yang ; et celles dont les qualités sont faibles, tiennent d’yn, issu d’yang. C’est pourquoi celles-là sont propres à dissiper la chaleur, et celles-ci à faire suer.

Hao cou dit : Le hoang fang, ou recette lente, sert à guérir les maladies, dont la cause est interne, et elle porte le remède à la racine ; et le kii fang, ou recette prompte, sert à guérir les maladies qui procèdent de causes externes, et elle porte le remède au-dehors. Le dehors et le dedans, et les maladies où les sueurs et les purgations sont nécessaires, ont leurs recettes lentes et promptes. Tsong tching distingue quatre sortes de kii sang.

Vang ping dit : le kii fang est une recette simple, ou sans composition.


5. Ki fang, ou recette impaire.

Tsong tching dit : Il y a deux sortes de ki fang. La première est celle qui est d’une seule espèce : cette recette est propre à guérir les maladies qui ont leur siège dans quelque partie voisine, comme la région supérieure du corps. La seconde est celle dont le nombre des drogues qui la composent, est un des nombres impairs, ou propres d’yang ; savoir, un, trois, cinq, sept ou neuf : et cette sorte de ki fang s’emploie, et se donne lorsqu’il est besoin de purgatifs, et non pas lorsque les sueurs sont nécessaires.


6. Ngheou fang, ou recette paire.

Tsong tching dit : Il y a trois sortes de ngheou fang, ou recettes paires. La première est composée de deux espèces de drogues. La seconde est ngheou composée de deux recettes anciennes. Ces deux sortes de ngheou fang sont propres pour les maladies qui ont leur siège dans la région inférieure du corps, et dans quelque partie éloignée. Et la troisième sorte de ngheou fang, est celle dont le nombre des drogues qui la composent, est quelqu’un des nombres propres d'yn et pairs ; savoir, deux, quatre, six, huit et dix : et cette sorte de ngheou fang est propre pour exciter les sueurs, et non pour purger.

Vang taï pou dit : dans les remèdes sudorifiques, si on n’emploie pas les ngheou fang, ou recettes paires, la vertu du remède n’a pas la force de pousser au-dehors : et dans les purgatifs, si on n’emploie pas le ki fang, ou recettes impaires, la qualité maligne, qui est dans ces sortes de remèdes opère avec trop de force ; la raison de ceci, est que la purgation est facile ; c’est pourquoi la recette simple, dont la force est faible, suffit ; mais les sueurs sont ordinairement difficiles à exciter ; c’est pourquoi les recettes qu’on y emploie, doivent être composées, et avoir de la force.


7. Fou fang, ou recette double.

Ki pé dit : Quand on ne peut venir à bout de guérir une maladie par les ki fang, ou recettes impaires, il faut avoir recours aux ngheou fang, ou recettes paires, et cette méthode s’appelle tchong fang, ou recette double.

Hao cou dit : Si vous ne pouvez guérir quelque maladie par le moyen du ki fang, ou recette impaire, usez du ngheou fang, ou recette paire ; et si avec le ngheou fang vous n’en sauriez venir à bout, employez-y le kii fang, et cette manière de traiter les maladies s’appelle fou, ou double. Ce qui revient à cet aphorisme, qui porte, qu’en certaines maladies où on a employé dix remèdes restaurants ou corroboratifs, et un seul purgatif, sans aucun amendement, il faut employer plusieurs purgatifs, et seulement un restaurant. Outre cela, par exemple, dans une maladie causée par un froid étranger, si le pouls est semblable à celui qui accompagne les maladies causées par les vents ; ou, au contraire, dans une maladie causée par les vents, si le pouls est comme celui qui se trouve dans les maladies causées par un froid étranger, en sorte que le pouls ne réponde pas à la maladie du sujet, il faut traiter le malade selon la méthode du fou fang, ou recette double.

Tsong ching dit : Il y a trois sortes de fou fang, ou recettes doubles. La première est composée de deux, de trois, ou de plusieurs recettes. La seconde est composée d’une recette déterminée, et de quelques autres espèces qu’on y ajoute. La troisième est celle, où les espèces qui entrent dans sa composition, sont en égale quantité.