Description du département de l’Oise/Marseille

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P. Didot l’ainé (1p. 108-111).
MARSEILLE.


Les terres voisines sont mélangées de tuf, de marne, et de cailloux. Celles qui sont exposées au levant sont d’un rapport assez avantageux. Au couchant elles ne présentent qu’une superficie mêlée de craie et sans produit ; les terres labourables sont plantées de pommiers.

On cultive dans les environs (au château d’Achy) avec succès, quelques arbres et quelques plantes exotiques, telles que mûriers de la Chine, catalpa, accacia blanc, tulipier, arbre de Judée, faux ébénier, azerolier, sorbier des oiseaux et de la Laponie, sumac, le tuya de la Chine, le cèdre du Liban et de la Virginie, pins d’Écosse, ifs, melêse, etc.

Le sort des cultivateurs, dans ce pays peu favorisé de la nature, est à plaindre ; à peine, par des travaux constants, peuvent-ils payer leurs impositions et soutenir une foible existence. L’artisan, le manouvrier sont infiniment plus heureux.

Les bois de la forêt de Beaupré, dite Malmifait, les bois d’Achy, ceux de Marseille et de Fontaine, qui forment un total d’environ deux mille arpents, produisent annuellement 20,500 liv.

On trouve à la superficie des terres, à Marseille et dans ses environs, des grès durs, propres aux pavés des villes et des grandes routes, et d’autres grès mêlés de coquillages.

On fabrique aux environs de Marseilles une très grande quantité de bas, pour les troupes et pour les ports de mer.

Le bourg de Marseille est situé dans un vallon, sur la rivière du petit Thérain, au confluent de la petite rivière anciennement dite de Bally, et depuis d’Herbouval ; il est un bourg de station pour les voyageurs qui viennent de Calais ou qui s’y rendent. La seule branche de commerce qui s’y fasse est la tannerie et la mégisserie : le surplus des habitants travaille pour les passants et pour les communes environnantes.

Marseille est proprement bâti. Les petites montagnes qui le dominent, les points de vue qu’elles procurent, la couleur variée des terres, le verd des prairies et des plantations qui bordent la colline, en embellissent le séjour.

Dans les environs de cette commune est le village de Blicourt, célebre par sa manufacture d’étoffes de laine. Les serges de Blicourt et d’Aumale sont les mêmes quant à la fabrication, et ne différent que par leur largeur et par le choix des matières, toujours plus fines et mieux assorties dans le Blicourt que dans l’Aumale : le nombre des fils de la chaîne est d’environ quinze à seize cents pour l’Aumale, et de douze à quinze cents pour le Blicourt.

Le village d’Achy, où nous nous arrêtâmes, après avoir visité la célèbre abbaye de Beaupré, fondée en 1035, par Manassès, seigneur d’Achy, est situé au midi de Marseille, sur la riviere du Thérain. Le château d’Achy est remarquable par ses belles pieces d’eau, par ses prairies. On évalue à 20,000 liv. de rente le revenu de cette terre, susceptible d’améliorations. Le village qui porte son nom fabrique des bas très recherchés. La vue qu’on a du château est variée, heurtée ; elle plaît par ses contrastes avec les plaines que nous venons de parcourir, par ses enfoncements, ses eaux, ses montagnes couvertes de bois, dont les lignes sont coupées par des vallons sombres et vaporeux.

Nous arrivâmes à Troissereux par un chemin garni de quelques villages, de quelques maisons de campagne assez jolies. La route qui conduit de Troissereux à Beauvais est décrite sous le titre de route de Calais.