Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux/Chapitre V
Il y a deux sortes de rites, soit, ceux pour les dieux, et ceux pour les mânes de ses ancêtres.
Les rites pour les dieux sont de six espèces ; savoir : le Rite d’un repas par jour^^73, le Rite du repas de nuit, le Rite du repas non mendié, le Jeûne, le Vœu sacrificatoire^^74 et le Rite de donation.
Manger une seule fois au milieu du jour et seulement d’un seul mets constitue le Rite d’un repas par jour.
Manger pendant la nuit au moment du crépuscule du soir est le Rite du repas de nuit.
Manger la nourriture reçue le jour même et sans qu’on ait mendié est le Rite du repas non mendié ; cependant quelques-uns disent que le Rite du repas non mendié consiste à manger la nourriture reçue la veille et préparée par la femme, le fils, etc., sans qu’on le leur ait demandé.
73 Littéralement traduit, le mot « Ekabhukta » signifie seulement « Un repas » (sous-entendu par jour). Cependant, quoique ce repas ne soit ordinairement lié à aucune cérémonie religieuse particulière et offrandes sacrificatoires, autres que celles qu’on accomplit avec les repas ordinaires de chaque jour, il est en lui-même une observance de pénitence prescrite à ceux qui ont encouru la colère des dieux, tels que les veufs, les veuves, ceux qui n’ont pas de fils, etc., et acquiert ainsi un caractère religieux qui permet de lui appliquer ajuste titre le nom de « Rite ». L"emploi du mot « Rite » dans la traduction des prescriptions qui suivent n’a pas besoin d’être expliqué, puisque notre auteur les appelle Naktavrata, Lānavrata, etc.
74 Le mot que nous traduisons ainsi est « Vrata » (voir note 63).
Ne manger ni pendant le jour, ni pendant la nuit, c’est le jeune^^75.
Les rites spéciaux comme, par exemple, le culte sacrificatoire^^76 et autres semblables, sont des vœux sacrificatoires. Renoncer à ses droits sur sa propriété et la donner à d’autres est le Rite de donation^^77.
Les rites ci-dessus énoncés d’un repas par jour, etc., sont de trois sortes :
quelquefois ils doivent être accomplis comme parties complémentaires des vœux sacrificatoires, quelquefois ils doivent être célébrés à la place du jeûne de la onzième Tithi, et quelquefois ils ne dépendent que d’eux-mêmes. Ceux qui sont célébrés comme parties complémentaires (d’autres rites) et ceux qui remplacent d’autres rites seront décrits quand il s’agira de ces rites principaux (auxquels ils sont ainsi attachés).
Voici la description des Rites dépendant d’eux-mêmes.
Quand il s’agit de ces rites, le jour est divisé en cinq parties^^78. La première partie est appelée « bon matin » ; la seconde « avant midi » ; la troisième « midi » ; la quatrième « après-midi » ; la cinquième « après-midi tardive ». Les six ghaṭikas qui suivent le coucher du soleil constituent le crépuscule du soir^^79. Pour le Rite d’un repas par jour il faut prendre la Tithi qui, parmi ces temps, s’étend au delà du milieu du jour. Ici, encore, négligeant la première partie du jour de la Tithi^^80 qui a 30 ghaṭikas et commençant à la seizième ghaṭika, il faut compter trois ghaṭikas comme le meilleur temps pour le repas. Le temps qui s’écoule ensuite jusqu’au soir est moins bon.
En ce qui concerne l’extension de la Tithi sur le temps de midi, elle est de six sortes, savoir : lorsque la Tithi atteint le temps de midi le jour
75 Il ne faut pas cnire cependant que ce jeune soit nécessairement très rigoureux, puisque, suivant les règles du chapitre suivant, il y a toute une série de différentes sortes de mets qu’on peut manger sans rompre le jeune.
76 C’est le mot « Pûja » que nous traduisons ainsi ; il ne peut pas être traduit par le mot « culte » tout seul, parce qu’il est toujours accompagné d’un sacrifice d’offrandes.
77 Le mot que nous traduisons ainsi est « Dāna « que quelques auteurs traduisent par erreur par Charité » ou « Rite d'aumônes », car les dons, comme on le verra dans le cours du livre, ne sont pas faits aux pauvres, mais aux brâhmanes ; ils leur sont offerts non pis en ltant que pauvres, mais en leur qualité de prêtres.
78 « Jour » signifie ici le temps écoulé de 6 heures du matin à 6 heures du soir, et comme un pareil jour se compose de 30 ghaṭikas (comparez le texte à la note 31) chacun de ces cinq temps égale six ghaṭikas.
79 C’est le mot « prādosha » que nous traduisons ainsi. Il implique quelque chose de néfaste, et son temps est considéré comme impropre à la lecture des Védas et autres rites très sacrés.
80 On ne doit pas oublier que la Tithi est très différente d’un jour (voir note 20 sur les Tithis). précédent ; lorsque la Tithi l'atteint le jour suivant ; lorsqu'elle l'atteint les deux jours ; lorsqu'elle ne l'atteint dans aucun des deux jours ; lorsque, avec une égalité parfaite, elle l'atteint presque les deux jours ; et, lorsqu'elle l'atteint presque les deux jours mais pas également. Il ne peut y avoir de doute sur ce point que, lorsque la Tithi atteint le temps principal (de midi) le jour précédent, il faut choisir ce jour précédent (pour la célébration de ces rites)[1] et quand elle l'atteint ce jour suivant, c'est alors ce jour suivant qu'il faut prendre. Quand la Tithi l'atteint les deux jours, il faut alors suivre le texte sur les « Paires »[2] ; quand elle ne l'atteint ni un jour ni l'autre, mais qu'elle s'étend seulement au temps inférieur des deux jours, il faut choisir le jour qui précède ; quand elle l'atteint presque les deux jours également, il faut prendre le jour qui précède ; quand elle l'atteint presque les deux jours, mais inégalement, et qu'il y a assez de temps chaque jour pour célébrer un rite, il faut suivre le texte sur les « Paires » ; mais si le temps n'est pas suffisant pour la célébration du rite, ni un jour ni l'autre[3], il faut alors prendre le premier jour.
Pour le Rite du repas de nuit il faut choisir la Tithi qui renferme le crépuscule du soir des six ghatikas qui suivent le coucher du soleil. Si des deux jours de la Tithi, le premier la Tithi renferme le crépuscule du soir et qu'elle l'atteigne presque le second jour, il faut alors prendre le jour dans lequel la Tithi renferme le crépuscule du soir.
Il ne faut également pas prendre un repas ordinaire avant que le crépuscule du soir de trois ghatikas après le coucher du soleil soit passé, puisqu’il est défendu de manger, de dormir et d’avoir des relations sexuelles pendant le temps du crépuscule. L’ascète, celui qui n’a pas de fils, le veuf et la veuve, à qui il est interdit de manger pendant la nuit, doivent dans les Tithis qui renferment l’ « après-midi tardive » manger le Repas de nuit au temps de la huitième division^^84 du jour. De même aussi le Rite du repas de nuit accompli en l’honneur du soleil, doit avoir lieu dans le jour lorsque la Tithi renferme l’après-midi tardive. Quand la Tithi englobe le crépuscule du soir les deux jours, il faut choisir le second jour ; quand elle ne l’englobe ni un jour ni l’autre, il faut également prendre le second jour, l’après-midi tardive et la huitième division^^84 du jour pour la célébration du Rite du repas de nuit mais pas la pleine nuit. Quand, les deux jours également, la Tithi englobe presque le crépuscule du soir, il faut prendre le second jour. Quand elle l’englobe, presque les deux jours, mais pas également, il faut alors prendre le premier jour, dans lequel le crépuscule du soir englobé par la Tithi est plus long, c’est-à-dire si ce temps plus long est suffisant pour le culte et le repas ; s’il est insuffisant, alors il ne faut pas prendre le premier jour quoiqu’il englobe un peu plus du crépuscule du soir, mais le second jour en suivant la règle (donnée ci-dessus) à propos de la Tithi qui englobe presque le crépuscule du soir les deux jours également. Le repas de ce Rite du repas de nuit étant ordonné par les textes des Ecritures, il doit être mangé de nuit même les dimanches et aux époques de l’entrée du soleil dans les signes du zodiaque ou dans toutes autres occasions dépendant du cours solaire ; car la prohibition de manger de nuit le dimanche ou à l’époque de n’importe quel phénomène solaire s’applique aux repas mangés volontairement (et non aux repas ordonnés par les Écritures). Le Rite du repas de nuit, en tant qu’il est prescrit par les Écritures pour remplacer le jeûne de la onzième et autres Tithis, doit être pris au moment du jour qui est fixé pour le jeûne.
Le Rite du repas non mendié, qui peut être accompli soit le jour, soit la nuit, suit la règle des jeûnes.
84 Suivant quelques auteurs, le jour de trente ghatikas doit être divisé en huit parties chacune de 3 3/4 ghatikas. La huitième division correspondrait ainsi au temps entre quatre heures et demie et six heures du soir. Ce temps est observé jusqu’à présent dans le » occasions et par les personnes ci dessus mentionnées pour lesquelles il est de règle générale qu’elles ne doivent pas manger plus d’une fois par jour.
La définition des rites pour les mânes des ancêtres, qui doivent être célébrés le jour où la Tithi englobe l’après-midi, sera donnée plus tard en même temps que l’explication de chacun de ces rites.
Quand le Rite d’un repas par jour, le Rite du repas de nuit, le Rite du repas non mendié et le jeûne sont accomplis le premier jour de la Tithi, le déjeuner[4] qui les complète, doit avoir lieu le jour suivant, à la fin de la Tithi ; mais quand la Tithi dépasse la troisième veille du jour, alors, selon Mâdhava, le déjeuner complémentaire doit avoir lieu le matin.
Telle est la définition des Rites tels que celui d’un repas par jour, etc., le cinquième chapitre.
- ↑ Sous-entendu, les rites pour la célébration desquels le temps de midi est prescrit.
- ↑ Comparer sur ce point le texte de la note 70, chapitre IV.
- ↑ Le mot que je traduis dans cette phrase par « jour » est Tithi ; c'est irrégulier, mais ici on ne peut pas lui donner un autre sens. On verra que de temps en temps l'auteur de notre livre confond les deui termes, quoiqu'ils soient si différents (voir note 20). Evidemment le sens du texte est qu'il faut prendre le premier jour lorsqu'un rite, qui exige quatre ghatikas pour sa célébration, doit être fait à une certaine Tithi, la quatrième, par exemple, et à un moment prescrit, par exemple, le temps capital décrit ci dessus, qui dure de la seizième à la dix-huitième ghatika, si cette quatrième Tithi commençait à la dix-septième ghatika du jour précédent pour finir juste à la seizième ghatika du jour suivant, renfermant ainsi seulement deux ghatikas du « temps capital » le premier jour, et seulement une ghatika du temps capital » le second jour, les deux espaces de temps étant insuffisants pour le rite qui doit durer quatre ghatikas.
Évidemment ces règles sont arbitraires.
- ↑ Ce déjeuner constitue la fin des jeûnes complets ou des jeûnes partiels, tels que le Rite d’un seul Repas par jour, le Repas de nuit, etc., et se compose de nourriture de choix et, du moins maintenant, de boissons non spiritueuses. C’est une sorte de fête de compensation qui ressemble beaucoup au carnaval catholique.