Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Étienne-du-Mont (rue Neuve-Saint-)

La bibliothèque libre.


Étienne-du-Mont (rue Neuve-Saint-).

Commence à la rue Copeau, nos 8 et 10 ; finit à la rue de la Contrescarpe, nos 5 et 7. Le dernier impair est 35 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 358 m. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

On la désignait autrefois sous les noms de chemin du moulin à vent, parce qu’elle conduisait à un moulin ; de rue du Puits-de-Fer, en raison d’un puits public qu’on voyait en 1539. Son nom actuel lui vient de l’église Saint-Étienne-du-Mont située près de cette rue. — Une décision ministérielle du 28 ventôse an IX, signée Chaptal, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 7 m. Les maisons nos 18 et 20 sont à l’alignement ; celles nos 8, 10, 12, 14 et 16 ne sont soumises qu’à un très faible retranchement.

Au no  6 était située la maison des filles de la congrégation de Notre-Dame. — Bureau de la Ville. — « Veu les lettres-patentes obtenues au mois de janvier 1645 par les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, par les quelles sa majesté auroist permis aux dites religieuses de s’établir en cette ville de Paris, et d’y construire un monastère suivant les conditions et consentement donnez par l’archevesque de Paris ; les lettres de surannation d’icelle du 2 août 1664 et les contrats de donation et fondation du d. monastère. Veu l’arrest de la cour du parlement du 3 mars 1667, par lequel la cour, avant de procéder à l’enregistrement des d. lettres-patentes, a ordonné qu’elles nous seraient communiquées pour donner notre advis, et la requeste à nous présentée par les dites religieuses aux fins du d. advis. Sommes d’advis, sous le bon plaisir de la cour, qu’il y a lieu d’accorder aux dites religieuses l’enregistrement des d. lettres patentes, leur rétablissement estant assez ancien, puis ce qu’il paroist qu’elles se sont établies en cette ville depuis plus de 22 ans, joint à ce que le public en reçoit quelqu’utilité pour l’instruction qu’elles donnent gratuitement aux jeunes filles et qu’elles sont obligées de continuer par leurs vœux et institut. Fait au bureau de la Ville le 7 décembre 1667. » Ce couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale, et fut vendu le 12 messidor an IV.

La maison no  14 a été longtemps habitée par Rollin. On fit encore au-dessus d’une porte intérieure ce distique qu’il avait fait placer :

Ante alias dilecta domus quâ ruris et urbis
Incola tranquilles trieque Deoque fruor.

Rollin nous a donné la description de cette demeure qu’il occupa pendant près d’un demi-siècle. Il écrivait en 1697 à M. Le Pelletier, le protecteur de sa jeunesse, devenu son ami. « Je commence à sentir et à aimer plus que jamais la douceur de la vie rustique, depuis que j’ai un petit jardin qui me tient lieu de maison de campagne. Je n’ai point de longues allées à perte de vue, mais deux petites seulement, dont l’une me donne de l’ombre sous un berceau assez propre, et l’autre, exposée au midi, me fournit du soleil pendant une bonne partie de la journée. Un petit espalier couvert de cinq abricotiers et de dix pêchers, fait tout mon fruitier. Je n’ai point de ruches à miel, mais j’ai le plaisir tous les jours de voir les abeilles voltiger sur les fleurs de mes arbres, et attachées à leur proie, s’enrichir du suc qu’elles en tirent sans me faire aucun tort. Ma joie n’est pourtant pas sans inquiétude, et la tendresse que j’ai pour mon petit espalier et pour mes millets, me fait craindre pour eux le froid de la nuit que je ne sentirais pas sans cela. »

Nous avons visité la maison de Rollin. Maintenant le petit jardin est inculte et la propriété, mal tenue, est occupée par un nourrisseur de bestiaux.