Gesvres (quai de).
« Louis, etc… Sçavoir faisons que nous, ayant mis en considération les signalez et recommandables services que le marquis de Gesvres nous a rendus dès sa tendre jeunesse, tant en nos armées qui ont tenu la campaigne qu’ez sièges les plus importants dans l’Allemaigne, Flandre et Espaigne, ou en divers combats et entreprises il a donné telle preuve de son couraige et valleurs, qu’au pris de son sang plusieurs blessures qui l’a reteneu en une prison de neuf mois, il a mérité de nous et du public l’estime et les gratifications qui sont deubes à ceulz qui nous servent avec tant de cœur et fidellitez. A quoy ayant esgard aux grandes et excessives despences qu’il a faictes jusques à présent dans nos armées et qu’il est encore obligé de continuer à l’advenir, à iceluy ; pour ces causes et autres à ce nous mouvans de nostre grâce spécialle, plaine puissance et authorité royalle, avons, suivant et conformément à l’arrest de nostre conseil du 15e du présent mois de febvrier, et à l’advis des trésoriers de France à Paris, du 3e décembre 1641, cy attaché, accordé, donné, octroyé, ceddé, quitté, transporté et délaissé du tout à toujours les places qui sont entre les ponts Nostre-Dame et aux Eschangeurs, du costé de l’Escorcherie, sur la largeur qui se rencontrera depuis la culée du d. pont Nostre-Dame jusques à la poincte de la première pille d’iceluy ; pour en quelle place y faire construire à ses frais et despens un quai porté sur arcades et pilliers posés d’alignement, despuis le poinct de la dicte première pille du d. pont Nostre-Dame jusques à celle du Pont-aux-Changeurs, de présent construit de neuf ; et quatre rues, l’une de 20 pieds de large avec maisons, qui prendera son emboucheure sur le d. pont Nostre-Dame et se conduira en droicte ligne, tant d’un costé que d’aultre, en la longueur de 75 thoises, passant sur le d. Pont-aux-Changeurs, etc… ; à la charge de payer par le d. sieur marquis de Gesvres, ou ses ayant-cause par chacun an, à la recepte du domaine de Paris, cinq sols de cens et un escu d’or pour chacune des maisons qui sera bastie sur les d. rues, etc… Donné à Lyon, au mois de febvrier l’an de grâce 1642, et de nostre règne le 32e. Signé Louis. »
Ces lettres-patentes furent registrées au parlement le 28 mars 1643. Le marquis de Gesvres profita immédiatement de cette autorisation. Il fit construire le quai et une rue parallèle qui prirent la dénomination de quai et rue de Gesvres. Deux autres rues servaient de communication entre les deux premières voies publiques. Des lettres-patentes du 22 avril 1769 portent : — « Art. 16. Les maisons du quai et de la rue de Gesvres, du côté de la rivière, les piles et les arcades qui portent les d. maisons, les quelles anticipent sur le lit de la rivière, seront démolies et supprimées et le d. quai sera retiré à l’alignement du quai Pelletier et du quai de la Mégisserie. » — Renouvelée par un édit du mois de septembre 1786, cette disposition fut exécutée peu de temps après, et la rue de Gesvres, dont on démolit un des côtés, fut confondue avec le quai. Toutefois, on plaça des bornes qui séparaient le quai en deux parties. Ces bornes furent supprimées en 1832, lors de l’élargissement du quai Le Peletier. En 1835, l’administration a fait paver le quai de Gesvres, dont la pente a été considérablement adoucie. Ces travaux ont occasionné une dépense de 28,000 fr. — Une décision ministérielle du 24 frimaire an XI, signée Chaptal, et une ordonnance royale du 29 avril 1839, ont déterminé l’alignement de ce quai dont la moindre largeur est fixée à 25 m. Les maisons de 22 à 30 inclus sont alignées ; les autres constructions ne sont soumises qu’à un léger redressement. — Éclairage au gaz (compe Française).