Aller au contenu

Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Oratoire (temple de l’)

La bibliothèque libre.


Oratoire (temple de l’).

Situé dans la rue Saint-Honoré, no  157. — 4e arrondissement, quartier Saint-Honoré.

Témoin des abus qui s’étaient introduits dans le clergé de France, M. de Bérulle résolut d’y porter remède. Il pensa que le moyen le plus efficace serait de former de jeunes ecclésiastiques instruits, qui, sous la direction des évêques, rempliraient dignement les fonctions du sacerdoce et enseigneraient la parole de Dieu, dans les collèges et dans les séminaires. Les membres de cette congrégation ne devaient être astreints à aucun vœu. Henri de Gondi, évêque de Paris, approuva cet utile projet. Le 11 novembre 1611, M. de Bérulle, accompagné de cinq prêtres aussi vertueux que savants, s’installa au faubourg Saint-Jacques, dans l’hôtel du Petit-Bourbon, où fut construit plus tard le Val-de-Grâce. Marie de Médicis protégea cette institution qui fut autorisée par le pape, le 10 mai 1613, sous le titre de Congrégation de l’Oratoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ. M. de Bérulle ayant fait de nombreux prosélytes, résolut de transférer cette Congrégation dans l’intérieur de la ville. En 1616, il acheta de la duchesse de Guise, l’hôtel du Bouchage, bâti par le duc de Joyeuse, et qui avait appartenu à Gabrielle d’Estrées. D’autres acquisitions augmentèrent cet emplacement. La première pierre de l’église des Oratoriens fut posée le 22 septembre 1621. Les travaux successivement dirigés par trois architectes, Métezeau, Jacques le Mercier et Caquier, furent terminés en 1630. Le portail, élevé en 1745, dut être reconstruit en 1774. Tous les ans, le jour de la fête de saint Louis, l’Académie des Sciences et celle des Inscriptions et belles-lettres faisaient célébrer, dans cette église, une grand’messe en musique, suivie du panégyrique du saint roi. — La congrégation des Oratoriens a produit un grand nombre d’hommes célèbres, parmi lesquels nous devons citer : Dumarsais, le président Hénault, Mallebranche, Mascaron et Massillon. L’avocat-général Talon a dit de cette institution : « C’est un corps où tout le monde obéit et où personne ne commande. » Les Oratoriens furent supprimés en 1792 ; leur église servit pendant la révolution aux assemblées du district et de la section du quartier. — Une décision consulaire du 12 frimaire an XI, ordonna l’établissement à Paris d’une église consistoriale, et de deux églises de secours. Par la même décision, l’édifice de Saint-Louis-du-Louvre fut affecté au Consistoire, et ceux de Pentemont et Sainte-Marie-Saint-Antoine, aux deux églises de secours. — Plus tard, en 1811, les travaux de déblaiement de la place du Carrousel ayant nécessité la démolition de l’église Saint-Louis, une décision impériale du 3 février de la même année a désigné l’église de l’Oratoire, pour recevoir le consistoire protestant, mais provisoirement seulement, en attendant qu’il ait été pris un parti sur le temple qui leur sera accordé. — Les bâtiments du couvent ont été successivement occupés par la conservation générale des hypothèques, le conseil impérial des prises maritimes, et par plusieurs sociétés littéraires. On y a établi depuis les bureaux de la caisse d’amortissement et de la caisse des dépôts et consignations.