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Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Veaux (halle aux)

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Veaux (halle aux).

Située entre la place aux Veaux et les rues de Poissy et de Pontoise. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Avant l’année 1646, le marché aux Veaux était établi sur un emplacement situé à l’encoignure des rues de la Planche-Mibray et de la Vieille-Place-aux-Veaux. Par arrêt du 8 février 1646, il fut transféré sur le quai des Ormes — Lettres-patentes, août 1772. « Louis, etc… L’établissement et le maintien du bon ordre pour le service de la police et du public dans les halles et marchés de notre bonne ville de Paris, méritent d’autant plus d’attention de notre part que c’est un des moyens d’y procurer l’abondance et l’égalité dans le prix des denrées. C’est dans cette vue que nous avons réglé la situation de ces marchés et l’ordre qui y serait observé ; mais le marché aux Veaux est un de ceux auxquels il n’a pas encore été pourvu, et nous avons reconnu qu’il est d’autant plus essentiel de lui procurer un autre emplacement que celui où il se tient actuellement est trop étroit, que le passage très intéressant pour le service des ports est intercepté par la quantité de voitures qui y apportent les Veaux, ce qui occasionne des accidents fréquents ; que ce marché exigeant un emplacement à proximité de la rivière et du centre de Paris, il n’y en a pas de vacant qui puisse y convenir davantage que le clos des Bernardins, et étant informé que ce terrain vient d’être vendu aux sieurs Regnaudet de Ronzières, Damien, architecte, Lenoir le Romain, architecte, et Benoît de Sainte-Paule, par acte passé devant Paulmier et son confrère, notaires à Paris, le 30 mai dernier, en conséquence de la délibération prise par les officiers et religieux composant le collége de Saint-Bernard, dûment assemblés le 11 du d. mois de mai, sous le bon plaisir du sieur abbé général de l’ordre de Cîteaux, aux offres faites par les d. sieurs de Ronzières, Damien, Lenoir et de Sainte-Paule, d’en employer partie à construire des bâtiments, ce qui nous donnerait une augmentation de revenu et ferait rentrer dans le commerce un bien possédé par des gens de mainmorte, et d’établir sur le surplus de ce terrain le marché aux Veaux, de former des issues pour y parvenir, d’y construire une halle couverte, où les veaux seraient à l’abri des injures du temps et où ils pourraient être mis en liberté dans les compartiments amovibles ; enfin d’y construire des étables pour y retirer ceux des bestiaux qui resteraient d’un marchè à l’autre ; mais comme les dépenses que les d. acquéreurs seraient obligés de faire pour cet établissement leur deviendraient à charge et seraient en pure perte pour eux, si le marché était déplacé par la suite, nous avons jugé convenable d’autoriser la vente qui leur a été faite du d. enclos, d’y fixer irrévocablement le marché aux Veaux, de les autoriser à y faire les constructions qui seront nécessaires, et de leur procurer un produit proportionné à la dépense en les chargeant de tout le service qui a rapport à ce marché. Considérant d’ailleurs que ce service sera beaucoup mieux fait, et qu’il sera beaucoup plus aisé d’y veiller que lorsqu’il se faisait par une multitude de gagne-deniers, qui journellement exigeaient des marchands forains des droits arbitraires, ce qui n’aura plus lieu, les droits de place étant réunis en un seul droit. À ces causes et autres à ce nous mouvans, de l’avis de notre conseil qui a vu l’acte de vente et le plan du dit clos, ensemble celui de la halle qui doit y être construite, le tout y attaché sous le contr’scel de notre chancellerie, etc… Nous avons agréé, approuvé et autorisé la vente qui a été faite de l’enclos des Bernardins aux sieurs Regnaudet de Ronzières, Damien, Lenoir et Benoît de Sainte-Paule, par acte passé devant Paulmier et son confrère, notaires à Paris, le 30 mai dernier. Ordonnons qu’à l’avenir le marché aux Veaux sera tenu dans le d. enclos des Bernardins, sur le quel il sera percé des issues et disposé des rues suivant l’alignement qui sera donné à cet effet, etc… Ordonnons en outre qu’il sera construit sur le d. terrain une halle couverte et des étables dans le lieu jugé suffisamment grand et convenable à cet effet par le dit lieutenant de police ; que le service qui a rapport à ce marché sera fait par les d. sieurs de Ronzières, Damien, Lenoir et de Sainte-Paule, ou gens par eux préposés exclusivement à tous autres, moyennant le prix qui sera fixé par le d. sieur lieutenant de police pour leur servir de dédommagement, loyer et salaire pour l’emplacement et construction du d. marché, etc… Données à Compiègne au mois d’août, l’an de grâce 1772, et de notre règne le 57e. Signé Louis. » (Extrait des lettres-patentes). — « Registrées ce consentant le procureur général du roi, pour jouir par les impétrans de leur effet et contenu, et être exécutées selon leur forme et teneur, etc. Autorise les impétrans à percevoir un droit de douze sols pour chacun veau qui sera amené au d. marché, et ce pour tous les objets détaillés dans l’avis du lieutenant-général de police, et cinq sols pour le logement et nourriture de chacun des veaux qui restera d’un jour de marché à l’autre ; le tout sans préjudice du droit de juridiction appartenant aux prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris, en ce qui peut être de leur connaissance et compétence, sur la rivière et ports de cette ville, suivant l’arrêt de ce jour. À Paris, en parlement, le 30 juin 1773. Signé Vandive. »

Par acte passé devant maîtres Mony et son collègue, notaires à Paris, le 18 juillet 1773, les sieurs Lenoir, de Sainte-Paule, etc., cédèrent leur privilège au sieur de Cintry. Les travaux de construction de la halle furent entrepris immédiatement sous la direction de l’architecte Lenoir dit le Romain. Cet artiste les termina promptement, et la halle fut ouverte le 28 mars 1774.

En 1784, un sieur Happey était possesseur du privilège de la halle. Louis XVI voulant retirer ce privilège des mains d’un particulier, ordonna par lettres-patentes du 17 décembre de la même année, qu’il serait réuni à son domaine et exploité à son profit. Le sieur Happey fut indemnisé de la perte de son privilège. — En vertu du décret impérial du 26 mars 1806, la ville perçoit les droits de place dans la halle aux Veaux qui sert aussi à la vente des vieilles ferrailles. — Les bâtiments occupent une superficie de 2,300 m.