Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Volaille et au Gibier (marché à la)

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Volaille et au Gibier (marché à la).

Situé sur le quai des Grands-Augustins. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

1re Partie. Couvent des Grands-Augustins.

Nous avons dit à l’article de la rue des Vieux-Augustins, que les religieux de ce nom, protégés par saint Louis, s’établirent d’abord au-delà de la Porte-Saint-Eustache, dans un lieu environné de bois, où se trouvait une chapelle dédiée à sainte Marie-l’Égyptienne. Mécontents de leur habitation, ces moines la quittèrent, et vinrent demeurer dans le clos du Chardonnet, sur l’emplacement occupé depuis par le collége du cardinal Lemoine. En 1293, ils traitèrent avec les Sachets de l’acquisition de leur couvent, situé sur le territoire de Laas et près de la Seine. La communauté des Grands-Augustins devenant plus considérable, ces religieux démolirent les anciens bâtiments que les Sachets avaient occupés, et firent élever des constructions plus vastes et plus commodes. Sous le règne de Charles V l’église fut rebâtie. Une de ses chapelles renfermait le tombeau de Philippe de Comines, historien qui enregistra trop minutieusement les défauts de Louis XI, sans mettre en parallèle les grands services que ce roi rendit à la France. Dès 1579, les membres de l’ordre du Saint-Esprit tenaient leurs assemblées dans de couvent des Grands-Augustins. Plusieurs salles étaient ornées des portraits et des armoiries des chevaliers de cet ordre. La maison des Augustins, supprimée en 1790, devint propriété nationale, et fut vendue les 13 ventôse an V et 1er brumaire an VI.

2e Partie. Marché à la volaille.

L’article 5 d’un décret impérial du 25 septembre 1807 prescrivit la construction d’un marché pour la vente en gros et en détail de la volaille et du gibier, sur une partie de l’emplacement de l’ancien couvent des Grands-Augustins. « Au palais impérial des Tuileries, le 10 février 1812. — Napoléon, etc… Nous avons décrété et décrétons ce qui suit : Article 1er. La halle à la volaille sera isolée et terminée du côté de la rue du Pont-de-Lodi, conformément au projet joint au présent décret. — Art. 2e. Les propriétés comprises dans l’espace lavé en jaune et désigné par les lettres A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, sur le plan, seront acquises aux frais de la Ville, pour cause d’utilité publique, etc. Signé, Napoléon. » La première pierre de ce marché avait été posée le 17 septembre 1809, sur l’emplacement de l’église et d’une partie du cloître du couvent des Grands-Augustins. Il consiste en trois nefs : celle sur le quai est destinée à la vente en détail, et les deux autres à la vente en gros. Il existe en outre des bâtiments contigus donnant sur la rue des Grands-Augustins, et qui contiennent des bureaux, une caisse et un logement pour le commissaire, l’inspecteur général des halles et marchés. L’exécution a eu lieu pendant les années 1809, 1810, 1811 et 1812, sous la direction de M. Happe, architecte. Afin de donner aux deux nefs de la vente en gros la même longueur qu’à celle du marché en détail, l’administration municipale fit l’acquisition d’une partie de l’ancienne salle du chapitre du couvent, et les travaux d’agrandissement, commençés en 1813, sous les ordres de M, Happe, furent terminés en 1814, par M. Lahure, architecte. Dans le but de donner à cet établissement un débouché dans la rue du Pont-de-Lodi, la ville de Paris acheta plusieurs propriétés provenant du couvent des Grands-Augustins. Elle en conserva une partie pour des écoles élémentaires ; le surplus fut démoli, et sur cet emplacement on éleva, d’après les projets de M. Lahure, des constructions qui consistent en deux passages avec grilles pour la sortie des voitures venant approvisionner le marché, en un abattoir et en une quarantaine de serres à l’usage des marchands en détail, etc… L’aspect de ce marché a de la grandeur ; il contient aujourd’hui tout ce qui est nécessaire au service d’un établissement de ce genre.