Dictionnaire apologétique de la foi catholique/David

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Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 1 – de « Agnosticisme » à « Fin du monde »p. 457-460).

DAVID. — La biographie biblique de David est renfermée dans les livres des Rois ; elle s’ouvre au chapitre xvi du premier livre et se termine au chapitre II du troisième. Cette biographie est complétée par les chapitres xi à xxix du premier livre des Paralipomènes. Or, du commencement à la fin de l’histoire de David, le narrateur inspiré se montre visiblement préoccupé de mettre en relief l’incessante intervention de la Providence en faveur de son personnage, lequel devait jouer en effet un rôle immense non seulement au sein d’Israël, mais encore dans l’histoire du Messie futur et du monde.

L’histoire du second roi d’Israël se divise en deux parties : I. David avant sa royauté ; II. David roi.

I. David avant sa royauté. —

1) Origine et première jeunesse de David. —

David, de la tribu de Juda, était le plus jeune des huit fils d’Isaï le béthléémite. Si Samuel le choisit pour succéder à Saiil, ce fut sur un ordre formel du Seigneur (I Rois, XVI, I, 3) et dans des circonstances pleines de mys tères, délicieusement racontées par l’historien sacré {ibid., 7, 11, 12) ; dès ce moment, observe le texte sacré,

« l’Esprit de Dieu fut en lui » (ibid., 13).

Avant cette élection divine et encore après, David s’occupait à garder les troupeaux de son père ; même il s’était fait un nom parmi les pâtres de Juda poui* son audace à poursuivre le lion et l’ours, qu’il étranglait parfois de ses mains vigoureuses (I Rois, xvii,

34-37).

De ces mêmes mains qui étouffaient les fauves, le fils d’Isaï touchait le kinnor (Ibid., xvi, 17, 18). Cet art lui valut de pénétrer à la cour de Saiil, que tourmentait un mal étrange, lequel n’était soulagé que

« lorsque David prenait sa harpe », et en jouait devant

le roi (ibid., xvi, 23).

A cette époque de sa vie David, revenu auprès de son père, eut l’occasion de se mesurer dans la vallée du ïérébinlhe avec le terrible philistin Goliath. D frappa au front le géant d’une pierre de sa fronde, et, le terrassant, il lui trancha la tôle (ibid., xvii, i-54). C’est à JahTch cjue le jeune Darid devait cette

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victoire (ibid., xvii, 87, 45, 46)- Saiil, émerveillé d’une telle vaillance, voulut avoir désormais le fils d’Isaï continuellement à sa cour (xviii, 2).

Plusieurs de ces faits sont traités par nos rationalistes de « mythes sans fondement ». « Le rôle, écrit Renan, qu’on prête à David comme harpiste auprès de Saûl est légendaire » (Histoire du peuple d’Jsraël, t. I, p. 413). Le même écrivain feint d’ignorer la Aictoire de David sur Goliath ; s’il parle d’un triomphe remporté sur les Philistins à Ephès-Dammim, il affecte de ne connaître que celui qui eut pour héros (, un certain Eléazar, fils de Dodo l’Ahohite, qui presque seul arrêta les Philistins vainqueurs » (Renan, Qp. cit., p. 4’2). En tout cela Renan se trompe ; d’abord parce qu’il attribue à Eléazar, fils de Dodo, une victoire qui, d’après II Rois, xxiii, 11, 12, semble devoir être rapportée surtout à Semma ; ensuite parce que le fait d’armes de Semma est très distinct de celui du fils d’Isaï, vainqueur de Goliath. Comp. II Rois, XXIII, II, 12, avec I Rois, xvii, 1 et suiv.

Quant aux dénégations de Renan relatives au talent de harpiste qui fit au début la fortune de David, M. DiEULAFOY lui-même (Ze roi David, p. 65) les repousse, et admet comme parfaitement vraisemblable que, « dans les longues journées passées derrière ses brebis au désert », le fils d’Isaï s’était exercé à jouer du kinnor. Nous ne devons donc pas nous étonner que le jeune pâtre de Bethléem ait mérité de devenir

« le cithariste du roi ». « Tous ces détails, ajoute le

docte membre de l’Institut, respirent un parfum de A’érité et de candeur inimitables » (op. cit., p.’^4) note). Saiil, lorsqu’il entendait les sons mélodieux du kinnor de David, éprouvait un réel apaisement, ses crises de mélancolie, comme celles de tout névropathe, se calmant alors ou disparaissant même tout à fait.

2) David à la cour du roi Saiil. — Le fils d’Isaï, par son intelligence (I Rois, xviii, 5, 14), ses prouesses dans les combats (xviii, 5, 14, 27, 30 ; xix, 8), son ascendant sur tous (xviii, 5, 7, 8, 16, 30), excita bientôt la sombre jalousie du roi (cf. xviii, 9, 15, 29). A plusieurs reprises le monarque essaja de le tuer (xA’iii, 1 1 ; XIX, 9, 10, 22) ou tout au moins de le faire tuer, soit par les siens, soit à la guerre et comme fortuitement (xviii, 17, 21, 25 ; XIX, I, II, 20 ; XX, 31). Mais toujours le fils d’Isaï échappa au danger (xix, 4-8 ; 11-18 ; 20-22 ; XX, 27-43) ; visiblement Dieu le protégeait (xviii, 12, 14, 28).

A cause précisément de cette intervention incessante du Seigneur en faveur de David, il en coûte à la critique moderne d’admetti-e tous les faits que nous venons de signaler. On les suppose empruntés à des sources « d’une autorité médiocre, et donc fort contestables ». Il est tels chapitres, comme le xvii’du premier livi-e des Rois, qui créent de réelles difficultés à la critique et à l’exégèse. Nos adversaires en tirent argument pour infirmer la véracité de certains faits qui y sont racontés. Est-ce pour simplifier quelques-unes de ces diflicultés que les LXX ont supprimé par exemple les versets xvii, 12-31, 55-58 ; xviii, 1-5 ? Plusieurs l’ont prétendu ; d’autres reconnaissent, avec plus de raison à ce qu’il semble, que le texte massorétique a subi en ces passages de nombreuses retouches et additions. On lira dans HuMMELAUKR (Comm. in ni). Samuelis, p. 1^4) d’intéressantes observations à cet égard. Nous n’estimons pas que ce soit ici le lieu d’ouvrir une discussion détaillée des diverses opinions. Ces sortes de problèmes relèvent surtout de la critique textuelle, et ont leur place daA’antage marquée dans un travail spécial ou dans un commentaire biblique. Une chose reste sûre pour tant, et, au point de vue où nous nous mettons, doit suflire, c’est que la diversité des sources

dans le premier livre des Rois, non plus que les remaniements, transpositions, gloses, additions, n’exigent de nécessité la non-historicité des faits racontés, surtout quand ces faits en eux-mêmes n’offrent rien d’invraisemblable, de heurté ni de choquant. J’ajoute qu’on abuse vraiment de la contradiction apparente que présentent les incises xvi, 18-23, et xvii, 55-58 ; à cette difficulté exégétique, les commentateurs depuis longtemps ont largement répondu. Voir en pai"ticulier HuMMELAUER, Comm. inlib. Samuelis, ipp. 183-184.

3) Das’id errant à tra’ers le désert. — Fuyant la colère de Saiil, David dut se cacher un peu partout dans le désert de Juda, même au delà du Joiu-dain. Il alla successivement à Nobé, chez le grand-prêtre Achimélech (I Rois, xxi, 1-9) ; — à Geth, au pays des Philistins, chez le roi Achis(xxi, 10) ; — aux environs d’Odollam, dans une caverne où il se réfugia (xxii, i, 2), non loin de Soco, d’Azéca et de Jérimoth ;

— puis à Maspha (xxii, 3), dans la forêt de Haret (xxii, 5) et à Céïla (xxiu, 5) ; — ensuite dans les montagnes du désert de Ziph (xxiii, 14), dans les solitudes de Maon (xxiii, 24), dans les collines d’Engaddi (xxiv, i) et au désert de Pharan (xxv, 1) ; — finalement il revint à Geth (xxviii, 2) auprès du philistin Aclîis qui lui donna Siceleg (xxvii, 6), où David se retira et où il apprit la mort de Saùl (II Rois, i, suiv.).

Pendant sa vie errante de plusieurs années, on a reproché à Da^-id ses duplicités sans vergogne, ses ruses déloyales, même quelques actes de véritable banditisme. Ainsi chez Achimélech (xxi, 2) et chez Achis roi de Geth (xxvii, 10-12), il ne recula point devant le mensonge ; une fois, à la cour de ce dernier, il se déplaça jusqu’à simuler la folie ou l’ivresse (xxi, 13-15). Ne se déshonora-t-il pas d’ailleurs souvent par sa dureté à la guerre, par ses pillages sans merci ni trêve (xxiii, 5 ; xxvii, 8, 9), par son amour des femmes qui le poussa à épouser en même temijs Abigaïl et Achinoam, après avoir divorcé avec Michol ? (xxv, 42-44)’Renan n’a pas assez de termes pour disqualifier le fils d’Isaï en cette période agitée de sa vie : pillard, maraudeur, condottiere, flibustier, brigand, toutes ces épithètes à tour de rôle reviennent sous sa plume à l’adresse de David.

Et pourtant David ne fut ni brigand, ni flibustier, ni maraudeur au sens où il plait à Renan de le dire. Sans doute il entreprit de nombreuses razzias ; il attaqua souvent des tribus ; il eut ses ruses de guerre, parfois méchantes, et versa le sang humain : toutes choses que Reuss nous avertit de « ne pas apprécier au point de vue de la morale ou d’une civilisation plus avancée ». Notre droit des gens n’était point celui qui régnait alors. David combattit à la manière de ses contemporains. Qu’il ne soit pas sens ce rapport un modèle à imiter présentement, nous le voulons ; mais pourquoi le condamner a priori d’une manière absolue ? A-t-on pris garde suflisamment que ses razzias étaient pour la plupart nécessitées par le besoin que lui et ses gens avaient de pourvoir à leur propre subsistance ? N’avaient-ils pas aussi à se défendre quelquefois ? On oublie trop d’ailleurs qu’en ces circonstances difficiles David sut montrer soment un désintéressement admirable, une générosité et une délicatesse de sentiments qu’à cette époque bienpeu autour de lui pratiquaient. Combien grande ne fut pas sa bonté pour Saiil, son implacable ennemi ! (Cf. I Rois, XXIV, 4 ; XXVI, 7-1 2 ; II Rois, i, 1 1-27 ; II, 5-7.) Saiil tout le premier le reconnaissait : « David vaut mieux que moi ii, s’écria-t-il un jour (I Rois, XXIV, 18) avec des larmes dans les yeux. Ne sait-on pas que David aimait tendrement Jonathas, le fils de son ennemi et rival ? L’amitié qui les unissait est demeurée non moins célèbre que celle d’Oreste et de Pylade, de Nisus et d’Euryale, dans l’an901

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tiquitc classique. Le fils d’Isaï ne fut d’ailleurs en maintes circonstances pas plus inaccessible à la clémence et au pardon qu’à la bonté et à la bienveillance. Au lendemain de ses razzias sur les tribus il savait rappeler à ses Gihborirn, enivrés de leur Aictoire, les principes de la justice et de l’équité (I Bois, xxx, 2 1-20) ; les bergers de Nabal, par exemple, lui en furent reconnaissants (IJtois, xxv, 1-17). Jamais du reste le fils d’Isaï ne trahit les siens ni ne tourna ses armes contre la patrie (xxviii, 1, 2 ; xxix, 9-1 1 ; xxx, 26-31) ; « il demeura toujours, écrit M. Dieulafoy (op. cit., p. 826), le capitaine victorieux et néanmoins assez patient, assez sage, pour attendre à Hébron la fin du règne de Saiil ». Aussi bien le Seigneur ne cessa-t-il d’intervenir pour le conseiller et le conduire pendant sa vie errante (I liois, xxii, 5, 15 ; xxiii, 2, 4, II, 12, 14. 27 ; XXIV, II, 13, iG ; xxv, 28-81, 38, 89 ; XXVI, 28 ; xxx, 6, 8 ; II JRois, 11, 1). Plus tard, dans ses Psaumes, David ne tarissait point en actions de grâces au Seigneur pour tant de bienfaits.

II. David roi. — 1) I.0 royauté de David à Hébron.

— A la mort de Saiil, le fils d’Isaï fut solennellement acclamé et sacré roi à Héljron par les hommes de Juda (II Rois, 11. 4 : I Par., xi, i-3). Mais en même temps Isboseth, lils de Saiil, l’était par Abner pour tout Israël (II Rois, 11, 8, 9). La guerre alors commença entre les deux maisons rivales (II Rois, iii, 1). Or il arriva que les ti-oupes d’isboseth furent vaincues dans un combat sanglant à Gabaon (ibid., 11, 12-17), défaite qui ébranla fort tout le parti, et Abner, passa au camp de David (ibid., iii, 9-28). Isl)oseth fut assassiné (iv, 6-8) ; Abner suspecté par Joab, un des capitaines de David, eut le même sort. Toutes les tribus d’Israël sans exception reconnurent David pour roi légitime (x, i-4), et il régna à Hébron sept ans et demi (I Par., iii, 4) Il faut remarquer que jamais monarque ne fut plus sympatliique que le nouveau roi d’Israël ; l’éloge de sa générosité et de son bon cœur était sur toutes les lèvres. Le chagrin qu’il éprouva en apprenant le double meurtre d’Isbosetli et d’Abner montre assez que ce prince, si vaillant, si fort à la guerre, possédait une âme des plus tendres, accessible à la clémence et à la pitié. C’est donc bien sans raison qu’on a voulu faire de lui un brigand sans entrailles, un assassin. — Ajoutons que le Seigneur ne cessa, nous l’avons déjà dit, d’étendre sur lui sa protection puissante (II Rois, iii, 18) ; si David établit son trône à Hél)ron en attendant que les portes de Jérusalem lui fussent ouvertes, ce fut parce que Dieu en avait ainsi ordonné (II Rois, 11, 1) ; toutes choses cjui témoignent en faveur du l)on droit et du noble caractère du fils d’Isaï.

2) Le rèf, ’iie de David à Jérnsalem. — A Jérusalem David régna trente-trois ans(I Par., iii, 4 ; II Rois, v, 5). Il n’entra dans la ville sainte qu’après avoir assiégé et pris d’assaut la forteresse de Sion (ibid., 7-9). Bientôt le ]>ruit se répandit de cette victoire, lliram, roi de Tyr, pour le féliciter lui envoya des présents (II Rois, V, II ; I Par., xiv, i, 2). Toutefois les Philistins, les Moabites, les Syriens de Damas et d’autres peuplades voisines s’agitaient encore ; DaA’id finit par les soumettre (II Rois, v, 17-21 ; 22-36 ; viii, i-if)) Le pieux monarque crut que le temps était venu de transférer l’arche de Cariathiarimà Jérusalem ; une grande fête fut organisée à cet effet (II Rois, vi, 1-28). David étailà l’apogée de sa gloire(II/rt/-., xvi, i-48 ; xvii, 1-27). Dieu lui donna de nombreux enfants (II /^/.s-, v, i/J-iG) ; tout lui était prospère. Un seul point noir restait à l’horizon, l’insoumission des Ammonilesqu’on n’avait pas pu réduire jusque-là. Contre eux David envoya ses meilleures troupes et ses plus habiles généraux

qui à la fin les domptèrent (II Rois, x, 7, suiv. ; I Par. XIX, 6, suiv.). C’était la paix, semblait-il, pour toujours.

Mais dans cette guerre contre les Ammonites David aurait commis d’inexcusables atrocités, absolument indignes d’u*i roi dont la Bible dit qu’il « fit le bien aux yeux du Seigneur, et ne s’écarta jamais en sa ^ie entière des préceptes de Dieu, excepté dans l’alTaire d’Urie l’Héthéen » (cf. III Rois, xv, 5). Nous lisons que David, lors du sac de Rabbath-Ammon, « fit sortir les habitants, les coupa avec des scies, fit passer sur eux des traîneaux bardés de fer, les tailla en pièces avec des couteaux et les jeta dans des fours à briques ; qu’il traita d’ailleurs ainsi toutes les villes des Ammonites » (II Rois, xii, 31). Jusqu’à ces dernières années on ne cherchait guère à disculper le monarque Israélite. Très généralement on répondait que ces cruautés s’expliquent par les mœurs barbares de l’époque. Dans l’espèce, cette solution suffit-elle ? Je ne le pense pas. On a déjà vu que David se distingua justement de ses contemporains par la clémence, par des mœurs plus douces, par une sage modération à la guerre, et que c’est tout à fait à faux que Renax le traite de « bandit « et de « brigand ». HoFFMAXX, suivi par nombre de critiques, a proposé une solution autre et qui paraît fondée. Le texte, d’après lui, devrait être légèrement corrigé et traduit ainsi : « Il fit sortir les habitants de la ville prise et les mit aux scies (pour scier la pierre), aux pics de fer, aux haches de fer. et les fit travailler au moule à briques ». Cette traduction a été adoptée récemment par l’abbé Crampon. Dans cette hypothèse, la dilliculté disparaît ; les atrocités prétendues de DaAÎd reposeraient uniquement sur la distraction ou l’inexpérience d’un copiste, qui écrivit un ^ au lieu d’un - ;. L’exégèse catholique n’y a peut-être pas assez pris o-arde ; quant à l’exégèse rationaliste, elle a, ici comme en beaucoup de cas, trop vite et trop bruyamment triomphé (cf. /^ei’HC biblique, 1898, pp. 253-258).

La paix que présageait la défaite des Ammonites n’allait pas durer ; des jours mauvais vont se lever pour le monarque.

3) Les crimes et les épreuves de David ; sa mort.

Pendant le siège de Rabbath, le roi eut la faiblesse

de commettre l’adultère avec Bethsabée, femme d’Urie (II Rois, XI, 1-5) ; premier crime qui fut suivi d’un second : le meurtre d’Urie lui-même (ibid., 6-24). Epouvanté par les justes reproches de Nathan (xii, 1-12). David comprit l’énormité de sa faute (xii, 13). Dieu eut égard à son repentir ; Salomon lui naquit de Bethsabée (ibid., 24, 26). Mais le prince devait expier durement son double crime en de successives épreuves. Il eut à pleurer d’abord sur l’inceste d’Amnon, son fils (II Liois, xiii, 1-21) ; i)uis sur le meurtre de cet enfant « fu’.Vbsalom, un autre de ses fils, ordonna d égorger (xiii, 22-81 ; 86-87) ; ensuite sur la révolte d’Absalom (xv, 1-12) qui le força à s’enfuir de Jérusalem sous les huées de l’ingrat Séinéi (xv, 16, suiv. ; XVI, 5-7, 18) ; enfin sur la mort d’Absalom, tué ]>ar Joali au grand désespoir de David (xviii, 14, 15, 32, 33 ; XIX. 1-4). Le pauvre roi faillit même voir son propre trône tomber ; heureusement Joab apaisa la rébellion (xx, 1, 2, 8-12).

Après tous ces chagrins David mourut. Sa dernière consolation fut de faire proclamer roi Salomon son fils, auquel il adressa avant de mourir des rccominandations qui témoignent de la plus haute piété (III 7^/5, II, 1-9 ; I Par., xxii, 6-19 ; xxiii, 1).

4) Caractéristique du règne de David à Jérusalem.

— On a violemment attaqué les mœurs de David ; on a contesté sa piété ; même ses vertus naturelles de bonté, de clémence, de générosité, on les a niées (voir Renan, op. cit., t. I, pp. 4^0-’i^’ ; Piepenbhing, 903

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Hist. du peuple d’Israël, p. iG5 ; etc.). Ce sont des calomnies qu’il faut repousser.

David sans doute pratiqua la polygamie (II Rois, v, 13 ; I Pur., s-iy, 3). mais cette licence, tolérée par la Loi, était consacrée en quelque sorte, il faut le reconnaître, par les usages du temps. D’ailleurs la Bible fait observer qu’il était chaste(lll liais, i, i-4), et c’est fausser l’histoire qne de donner à ce prince un « harem », comme en possèdent les sultans de nos jours. David eut pourtant le malheur de tomber dans l’adultère ; mais quel homme sur terre ayant péché avoua plus humblement sa faute et l’expia plus amèrement ? Combien grande ne fut pas sa résignation dans l’épreuve ! (II Rois, xv, 25, 26, 30 ; xvi, 10-12 ; III Rois, II, 7.) — Quant à sa piété, elle fut sincère, profonde, intelligente (cf. DinuLAFOY, 0/ ?. c/7., pp. 98, on, 118, 119, 2 1’ ; , 218, 33^), et non pas « extérieure seulement et formaliste » comme on l’a dit. Il fit tout ce qu’il put pour organiser le culte à Jérusalem ; même il aurait bâti un temple au Seigneur, si cet honneur n’eut pas été réservé au pacifique Salomon. Nombreuses sont dans la Bible les preuves de sa haute piété : Il Rois, vi, 9-10 ; 12-14 ; i"-18 ; 21-22 ; vii, 1-2, 18-29 ; VIII, 1 1 ; XXII, i-51 ; xxiii, 16 ; xxiv, 10. On ne s’explique donc point ce mot de Rexan : <> Peu de natures paraissent avoir été moins religieuses » (op. cit., p. 449)- — Quant aux vertus naturelles, David en déploya comme peu de princes à son époque ou même après lui en déployèrent : sa bonté (II Rois, IX, i-13 ; x, 5 ; xix, Si-Sg ; xxiii, 17) ; son amour du peuple (xix, 12) ; sa reconnaissance (II Rois, X, 2 ; I Par., xix, 2) ; sa fidélité à ses promesses et à lafoi donnée (iiRois, xxi, 7) ; sa clémence enfin pour Saiil et pour ses ennemis (II Rois, xix, 22, 23, 27-30 ; XXI, 12-14) se révélèrent en maintes circonstances. — Son gouvernement, quoi qu’on en ait dit, fut sage, juste, modéré (II i ?o/s, a’III, 15 et suiv. ; XIX, 1 i-14 ; XXI, 3 et suiv.). Aussi le peuple lui était-il profondément attaché (II Rois, xix, 40-43). — Une fois sans doute David céda publiquement à l’orgueil et par là offensa le Seigneur (II / ?o/s, xxw, i et suiv.), mais avec quelle humilité n’accepta-t-il pas la punition du ciel ! (II Rois, xxrv, 10 et suiv.) Aussi, le Seigneur se plut-il à protéger de façon visible un monarque si exemplaire jusque dans ses égarements passagers (II Rois, y, 10, 12, ig, 20, 23-25 ; vii, 8-16 ; ivii, 14 ; XXIII, 2).

Conclusion : David fut un pieux Israélite, un habile capitaine, un grand roi. — Sur David psalmiste et PROPHÈTE de l’Ancien Testament, voir Psaumes.

Bibliographie. — Outre les commentaires sur les livres des / ?o /s et des Paralipomènes, outre les dictionnaires de la Bible (Kitto, Cyclopædia of biblical Literature ; Vigouroux, Dict. de la B. ; Hastings, Dictionary of the B.), on peut consulter Meignan, Das’id, roi, psalmiste, prophète ; Renan, Hist. du peuple d Israël, t. I ; Ledrain, Hist. du peuple d’Israël, t. I ; Danko, Histor. di’in. révélât. Vet. resf. ; Zschokke, Histor. sac. Ant. Test. ; Vigoureux, Les Livres saints et la critique rationaliste, t. IV ; Piepenbring, Hist. du peuple d’Israël ; Pelt, Hist. de l’Ane, Test., t. II ; Schlatter, Introd. à la Bible ; Dieulafoy, Le roi David ; etc.

C. Chauvin.