Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Hus (Jean) et le sauf-conduit de Sigismond

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Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 2 – de « Fin justifie les moyens » à « Loi divine »p. 270-273).

HUS (JEAN) ET LE SAUF-CONDUIT DE SIGISMOND. — L’histoire de Jean Ilus, livré au bras séculier comme coupable d’hérésie et brûlé à Constance le 6 juillet 1415, a donné lieu d’incriminer la procédure ecclésiastique, comme ayant, au mépris de la foi jurée, amené l’exécution de l’hérétique, que couvrait un sauf-conduit de l’empereur Sigismond. Xous exposerons : I. Les faits ; — II. Les accusations qui pesaient sur Jean Hus ; — III. Les réponses qu’on peut opposer au reproche de déloyauté dirigé contre le concile de Constance.

I. Les faits. — Maître es arts et bachelier de théologie à l’Université de Prague, Jean Ilus fut le promoteur en cette même Université du mouvement national. En outre il adhérait chaleureusement à l’ex i 529

HUS fJEAN)

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tiéine lialisiue et aux erreurs lUéologiquesdu aiailre anglais, John Viclik. Comme champion de la nation tchèque, il s’acquit vite une autorité considérable parmi les professeurs et dans le iieuple. Elu recteur III octobre liioi, il reçut aussitôt la charge de prédicateur à la chapelle de Belliléeni, dépendante de l’Université. C’est donc en ses leçons à lu l’ois et par ses sermons que Hus propagea les erreurs de Wiclif, mettant loiile sa passion à parler contre les fautes et les péchés du clergé. Aussi l’archevêque Shinko von Isenburgle somma de se justilier. Contre lui toutefois Hus trouva longtemps appui près de la reine Sophie et du roi Weiiceslas. L’archcvè(iue l’excommunia le 18 juillet iiiio, maisllus continua ses prédications, au mépris de son pasteur. Comme il fut cilé à Rome et refusa de s’y rendre, de nouveau en février 141 i on rexcommuniu.Sbinko mourut le 28 septembre 1411- Alors le Pape Jean XXIII, que reconnaissait Wenceslas, s’occupant de l’alluire, lit continuer la procédure contre Hus el chargea de cette lâche le cardinal Ollion Colonna. IIus était soupçonné d’hérésie (flocunuvi/rt Mag. Joannis Jlits vituni, civctrinain, catisum in Conslantieiisi conciliu ucliiin et lonlrui’ersias de reli/iioiie in Bohemia annis 14<131 ! )iH inotas illustraniia. Edidil Franciscus Palacky, Pragae, 186y).

L’enquèle cependant fut conliiiuée par une congrégation de cardinaux. Aanl qu’elle prit fin, le Pape convoquait, poussé par Sigismond, roi des Uoinains, le Concile général qui se réunirait à Constance le ! " novembre ! 414.

Le jeune Sigis.mo.vd avait très à cœur de démêler aussi, grâce à ce concile, l’écheveau de Bohème, puisqu’aprés la mort de Wenceslas ce royaume devait lui échoir en partage. Il engagea dès lors des négocialions avec Hus, le poussant à se rendre au concile. Hus en avait appelé à un concile général : il était prêt à s’y trouver, pourvu qu’il fiit assuré de s’y défendre en publie contre toutes accusations. Toutefois, ce qu’il entendait par là, ce n’était pas un simple plaidoyer pour sa défense, mais bien une dispute publique et solennelle (mugnam pugnam) avec les Pères, dispute telle qu’en avaient entre eux les théologiens du Concile. Or il était si plein de confiance en lui-inème qu’il ne doutait pas de sa victoire (Documenta, 78-99, n’41)- Ecrivant au roi Sigismond le i" septembre 14141 Hus présentait sa cause comme si juste, si innocente (/>(KHme/i/rt, 70, n° 36) queSigismond n’hésita plus à charger trois chevaliers de lui faire escorte. Le 18 octobre, le souverain rédigeait encore un sauf-conduit, promettant à Hus dans les formes usitées sécurité dans sa venie, sécurité dans son séjour et sécurité pour rentrer chez lui. Hus ne se contenta pas de ces garanties ; il sut se procurer en outre une attestation portant que personne en Bohême ne l’avait accusé d’hérésie (Documenta, 6869, n° 35. 531, n° 63)..insi prémuni, Hus quittait PragTie le 1 1 octobre. Les trois seigneurs désignés par Sigismond comme ses protecteurs l’accompagnaient. L’entrée à Constance eut lieu le 3 novembre.

Mais ses adversaires catholiques se présentaient eux aussi à Constance. C’étaient Michæl voxDeutscBBROD (Michæl de causis) et Stephan von Palecz. A Prague déjà ils s’étaient vainement efforcés d’arrêler la propagande et l’agitation menée par Hus pour les enseignements de Wiclif. Us éclaii-eraient maintenant le concile sur l’état réel des affaires. Hus prit logement chez la femme d’un bourgeois et se disposa à la lutte (Documenta, 78-79, n° l).

Une commission de cardinaux traita d’abord avec lui en laissant intacte sa liberté. Très vile, cette commission reconnut le bien-fondé des charges portées contre Hus : elle le lit donc garder à vue le

28 novembre, dans la demeure d’un chanoine de Constance. Le 6 décembre il en fut transféré dans le réfectoire des Dominicains. Là sans doute il pouvait librement conférer avec ses amis ; mais c’était un local humide, qui lui valut maintes douleurs physiques. Sigismond lui-même survint à la Noël. Apprenant l’arrestation de Hus, l’empereur voulut d’abord exiger par force sa libération. Il ne tarda pas cependant à déclarer qu’en matière de foi le concile devait être libre. Quand se fut produite la fuile du pape Jean — c’est au pape jusqu’alors qu’il appartenait de veiller sur Hus —, on transféra encore le prisonnier. Pour plus de sûreté, il fut enfermé au château de Gottlieb, évéque de Constance, jusqu’à ce que le concile, à l’instigation de Sigismond, accordât à l’accusé un interrogatoire public, le 5 juillet. Après cette date, et pour être plus à portée des réunions, Hus demeura en ville dans le cloître des Krères mineurs.

Ces audiences publiques conlirmèrcnt la culpabilité de Hus. Le 6 juillet, dans l’église cathédrale, lut rendue une sentence affirmative sur le fait d’hérésie. Comme il refusait de se rétracter, on le dégrada, puis on le livra au bras séculier. Ces derniers juges ai)pUqnèrenl les lois rigoureuses de l’époque et Ûrenl brûler Ihis en place publique.

Ou a comme exposés rigoureusement catholiques de la iiucslion : Coculæls (Joannes), /y(.s ; o//rte Hussiluium lihii.VU, Mo’^unliae, lô^g ; Heli’ert, /{usa und llieronymus, Studie, Prag, 1853 ; Luksch, article du Kirclienlexicon, t. VI ; — non catholiques, articles Hus, llussiten, llieronymus von Prag, dans la Itealencyklopiidie de Herzog-Hauck, t. VIII.

H. Les accusations. — Tel est le l’ait que les ennemis de l’Eglise catholique et du moyen âge ont exphiilé pour formuler de graves accusations. Elles se ramènent à trois chefs :

1. Hus est mort martyr de ses convictions, — et c est donc à juste titre que ses partisans l’ont honoré comme saint.

2. L’empereur Sigismond et le concile ont manqué de parole à l’hérétique Jean Hus, et honteusement foulé aux pieds le sauf-conduit, Dr. Paul Uhl-MANN, Konig Signiund’s Geleit fUr IIus und dus Geleit

im Mittelalter, Halle, 189^ ; J. Novotny, Husuv glejt,

dans Cesiy casopis historicky, II, 1896, 10 sqq.).

3. Pour justilier l’empereur d’avoir violé son propre sauf-conduit, le concile a publié cette scandaleuse décision : la foi jurée n’oblige aucunement dès qu’il s’agit d’un hérétique (Ciseler, I.ehrbuch der h’ircltengesctiichte, Band H, Abteilung 4, p. il- Uiilmann, op. cit., 27).

m. Réponse. — Mais il est facile de réfuter toutes ces charges.

I Quand on affirme que Hus a souffert le martyre pour ses convictions intimes, il faudrait d’abord prouver une chose : que dans ses enseignements il s’est montré constant avec lui-même, et au point d’en défendre vaillamment la vérité jusque dans les audiences des 5, 7 et 8 juin 1415.0r à ce jour pareille preuve n’a pas été faite ; bien plus, elle ne peut l’être.

Hus a été très mobile dans ses doctrines. Il s’est borné, quand on l’interrogeait juridiquement, à nier que les propositions incriminées fussent vraiment de lui. Pourtant elles étaient tirées mot à mot de ses écrits, ou du moins on les trouvait soit implicites mais exactes dans ces mêmes écrits, soit affirmées par beaucouj) de témoins auriculaires (Hefele, Konziliengeschiclite, VII, p. 149-178 ; Dr. Antonin Lenz,

Jesl pravdou nepochyhnou, ze unirel mistr Jan Hux 531

HUS (JEAN)

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za si’é p’resi’edlein P V Praze, 1898). Hus se comporta de même au moment de mourir. Il pria pour ses ennemis, invoqua à maintes reprises la miséricorde du Christ, mais jamais il ne s’avoua l’auteur des propositions qu’on lui reprochait. Et c’est aussi pour ce motif qu’il refusa de se rétracter (Documenta, 124, n°’t4 et 75). Ulrich von Richenthal, témoin oculaire, rapporte ce qui suit. Hus serait mort dans la persuasion qu’il n’était pas obligé de se confesser, n’ayant aucun péché nioriel. Quand la llamme du bûcher s’éleva, le condamné poussa un cri. Il se tut bientôt et rendit le dernier soupir (Die ^’erurleitung iind Ilinrichtung des Dr. (sic) Johannes lins, dans la revue Katholik, année 1898, t. II, p. 189).

2. Une seconde accusation pèse sur Sigismond et surleConcilc : celle deparjure, de sauf-conduit violé. Sur ce dernier point, la charge ne serait reccvable qu’aune condition. Il faudrait prouver que le but du sauf-conduit, quand les rois et les princes l’accordaient, n’était pas seulement de protéger le voyageur contre qui l’aurait pressuré injustement, lui extorquant des impôts par exemple ou des prestations, ou encore de le prémunir contre tout guet-apens. Or la preuve n’a été jamais faite que le sauf-conduit eût une portée plus étendue. Le libellé même du passeport (on l’a souvent ])ublié) que Sigismond signait pour Hus à Spire, le 18 octobre i^i^, n’a pas un mot susceptible d’un sens plus large. Sigismond y prend le voyageur sous sa tutelle et celle de l’Empire ; il ordonne à tous les princes régnants de ce pays, aux employés, soldats, capitaines, préposés, percepteurs d’impôts et autres, de laisser Hus passer librement, demeurer et revenir sans aucun obstacle, sans exiger ni tribut ni aucune redevance en argent. « Quatenus ipsum, dum ad vos pervenerit, grate suscipere, favorabiliter tractare ac in bis quæ celeritatem ac securitatem ipsius concernunt ilineris tam per terram quam per aquam, promotivam sibi velitis cl debcatis ostendere voluntatem, necnon ipsum cum faniulis, equis, valisiis et aliis rébus suis singulis per quoscumque passus, portus, pontes, terras, dominia, districtus, iurisdictiones, civitatcs, oppida, castra, villas et quælibet loca alla vestra sine aliquali solutione datii, pedagii, tributi, et alio quovis solutionis onere omnique prorsus impedimcnto remoto Iransire, stare. morari et redire libère permitlatis « (.^pudDr.Wilhelm Berger, Johannes lias und Konig Sigmund, Augsburg, 1871. licilage I, p. 179).

Ici, pas un mot du concile.

Donc le sauf-conduit, comme toutes les autres lettres de ce genre, n’était qu’un passeport, d’autant plus nécessaire à l’époque de la féodalité et des chevaliers pillards, que petits, ou grands seigneurs terriens, cherchaient à rançonner les voyageurs.

Ainsi est comjjris le sauf-conduit par la presque unanimité des historiens et des juristes à notre époque. Franc Palacky, bien que favorable à Hus, écrit là-dessus dans son histoire : « Le peuple de Bohème n’a pas fait un grief à Sigismond précisément de ce qu’il ait refusé à Hus protection contre cette accusation et cette condamnation comme hérétique. — Non, le sauf-conduit dont on a tant parlé n’a jamais eu ce sens. Aussi ne peut-il être question ici de loi violée. Mais ce que ce même peuple n’a jamais pu oublier, c’est que Sigismond, loin de se faire l’avocat de Hus, excita bien plutôt, pour le perdre, le zèle des Pères » {Gescliichle von Btihmen. Band III, Ableilung i, p. 35-). Constantin IIÔFi, En, qui a édité les historiens du mouvement hu « isite, partage ces vues de Palacky (Hussitica, dans Historische-politische Blntler, ann. 1858 ; — Bd. I, p. 519-554). Le Dr. Wilhelm Berger dislingue entre sauf-conduils politiipies et sauf-conduits judiciaires : H prouve que le sauf-conduil accordé

à Hus est de la première catégorie. Pareilles lettres n’avaient qu’un but : garantir au porteur sécurité, tant à l’aller qu’au retour (Johannes Hus und Konig Sigmund, io4-i 1 1).

C’est en ces derniers temps seulement qu’on a recommencé à comprendre le sauf-conduit donné par Sigismond comme engageant même le Concile, et à parler de manquement à la foi jurée (Uhlsiann, /. c). On prend dans les lettres de Hus et des seigneurs de Bohême à Sigismond les expressions qui se rapportent au sauf-conduit, — et voici quelle conclusion on en veut tirer. Ils considéreraient le sauf-conduit comme assurant au titulaire, en toute hypothèse, libres allées et venues dans Constance et retour paisible jusqu’à Prague. Aucun doute que Hus, une fois appréhendé, n’ait porté plainte à bien des reprises contre Sigismond, violateur du sauf-conduil. Le prisonnier dit même quelque part que du moins l’empereur aurait dû le renvoyer à Prague pour y être jugé (Documenta, i i^-i 15, n° 70). Seulement il en appelle en même temps à des promesses que Sigismond lui aurait fail faire par Heinrich Lefl.Que du reste Sigismond ait fait ces promesses parce que lui-même avait exposé l’affaire au roi autrement qu’elle n’était en réalité, c’est là ce que tait Jean Hus (Documenta, 6971, n" 36 : le témoignage des barons, le 7 oct. 14>4 ; ibid., 531, n° 63 ; — cf. ci-dessus l’exposé des faits). Quant aux barons de Bohême, ils ne s’appuient pas uniquement sur le sauf-conduit dans leur supplique pour Hus. Ce qu’ils veulent, c’est justilier Hus et lui délivrer un cerlilîcat de bonne conduite (Documenta, 534, n° 65). Nulle part ils ne disent expressément : cette lettre portail l’assurance qu’il } aurait en toute hypothèse sécurité pour le retour à Prague. Aussi Karl Mïilleb prouvait-il déjà dans son article : « Sauf-conduit de Sigismond à Jean Hus » (Historische Vierteijahresschrift, 1898) que Hus et ses amis ont fait entrer trop de choses dans le sauf-conduil. Et les promesses elles-mêmes que le roi avait faites par l’intermédiaire de Heinrich Letl ne peuvent guère s’être rapportées qu’à une condition — celle même posée par Hus dans ses négociations avec le roi — à savoir qu’il pourrait présenter publiquement sa défense devant le concile, à Constance même. Il espérait « par un grand combat y remporter une grande victoire » (Documenta, 78-79, n" /|i). Sur ce point, le roi Sigismond fit ce qu’il pouvait faire. En arrivant à Constance il apprit que Hus avait été saisi. Très mécontent, il demanda tout d’abord qu’on le relâchât. Cependant, mieux renseigné sur l’étal réel des choses, il laissa le concile libre d’agir. Voilà ce qui lui fît dire dans son allocution à Hus (c’était lors de l’interrogatoire public qui eut lieu le 8 juin 1415) : « Quod ego dedi tibi salvum conductum etiam prius quam de Praga exivisti, et etiani mandavi ibidem dominis Wenceslao et loanni ut te adducerent et assecurarent, ut libère le vcnientera ad Conslantiam non opprimèrent, sed ut tibi publicam darent audienliam, ut possis l’e iîde tua respondere » (Documenta, 284). Sûrement donc la volonté de l’empereur a dû êlre celle-ci : donner à Hus l’occasion de plaider sa cause publiquement, tout en restant libre. C’est la faute de Hus lui-même si cela ne s’est jamais réalisé. Prétendant toujours avoir raison, niant qu’il eût jamais professé des erreurs, tellement persuadé de son infailliltilité qu’il déclarait vouloir soulfrir le bûcher si on le convainquait d’errevir (Documenta, O7, n" 34). cet homme obligeait ses juges à ne pas le traiter autrement, si le concile voulait empêcher que ses erreurs se répandissent.

Les lois séculières établissaient la peine du bûcher pour quiconque défendait l’erreur en matière de foi 533

HYSTERIE

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[voir l’article Hkhésik]. Et le concile écarta de l’empereur le reproche d’avoir violé sa propre parole. Voici la déclaration conciliaire rendue dans la session du 23 septembre 14’5 : « Synodus, ex quovis salvo conductu pcr imperatorem, reges et alios sæculi principes hacrelicis acI de liæresi diffamatis, putantes eosdem sic a suis errorilius revocare, quocunquc vinculo se adslriiixerinl, concesso, nuUum lidei catholicæ vel iurisdictionis ccclesiasticae præiudicium generari et impedimentum præslari posse seu debere déclarât, quominus salvo condiiclu non obstante liceat iudici competenti ecclesiaslico de buiusniodi personarum erroribus inquirere et alias contra eas débite procedere easdemquepunire, quantum iustitia suadebit, ut suos pertinaciler recusaverint revocare errores, etiamsi de salvo conductu con-Osi ad locum venerint iudicii, alias non venturi, nec sic promittentes, cum fecerit quod in ipso est, ex hoc in aliquo reniansisse obligatum » (Mansi, Amivissima concilioium collectio, XXVII, 799).

Dans cette simple justification de Sigismond, quelques érudits récents veulent trouver la « déclaration scandaleuse » que rien n’oblige à la fidélité envers des hérétiques. Ou encore : il serait permis d’attirer des hérétiques au lieu où se tient le concile, fût-ce même par des promesses fallacieuses (Ualmann, 26). Mais quiconque lira sans parti pris ce décret, reconnaîtra aussitôt qu’il ne contient rien au delà de ce que contenait le sauf-conduit analysé plus haut. Le décret prescrit aussi une procédure équitable envers les hérétiques.

1° Il n’est permis qu’au seul juge compétent de procéder contre eux.

2" Le sauf-conduit délivré aux conditionshabituelles par les empereurs, rois et princes, n’est pas un obstacle à ce que le juge ecclésiastique régulièrement institué procède légalement contre les hérétiques ou personnes soupçonnées d’hérésie. Celte lettre en clTet ne doit créer aucune dérogation au droit ordinaire, touchant le maintien de l’Eglise et de la vraie foi.

3’Néanmoins le prince qui a concédé le saufconduit doit faire tout ce qu’il peut pour sauver le malheureux.

Ainsi ce décret ne fait qu’établir quelle signification l’on reconnaissait généralement au sauf-conduit donné à Hus. Nulle part n’y est proclamé ce condamnalde axiome qu’en aucun cas on ne serait tenu envers un hérétique parla parole donnée, alors même que seraient remplies toutes les conditions requises pour la valeur d’une promesse. Le concile se borne à dire que dans le cas actuellement envisagé l’on n’a pas en main toutes les conditions requises pour qu’il y ait promesse valable ; et cela parce qu’on ne peut sans péché s’engager à mettre un hérésiarque à l’abri de poursuites judiciaires.

A. Khoess, s. J.