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Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Japon

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Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 2 – de « Fin justifie les moyens » à « Loi divine »p. 606-611).

JAPON. — L /.e Shinto. — II, Importations chinoises. Confucianisme. — IH. hitroduction du bouddhisme. Le Panthéon japonais. — IV. Le nirvana. — V. Les sectes. — VI. la vie monastique. — VU. La morale.

— VIII. Du XIII* siècle au xix*. — IX. Situation actuelle. — Bibliographie.

« En quelle religion est-ce que je crois ? Je ne saurais

donner de réponse absolue. Je m’adresse au prêtre shinto pour les fêtes publiques, et au prêtre bouddhiste pour les funérailles. Je règle ma conduite selon les maximes de Confucius ou de la morale chrétienne ( ?). Je tiens peu de compte des formes extérieures. Je doute qu’aux yeux des kami, entre aucune des religions du monde civilisé, il y ait de différences essentielles. » (Fifty years of nen’Japan,

compilé par le comte Okuma, trad. anglaise, Londres, igio, t. II, p. 32.) Ces paroles du professeur KuNiTAKÉ KuMÉ traduisent très exactement le syncrétisme pratique des Japonais contemporains, et, on peut bien le dire aussi, la tendance générale de leurs prédécesseurs. Deux religions se partagent, non pas le public, mais la vie des individus, le shinto ou culte national et le bouddhisme. De purs bouddhistes, de purs shintoïstes, il n’y en a guère. On est l’un ou l’autre selon les circonstances, et confucianiste par surcroit.

l. Le Shinto. — Les Japonais d’il y a deux mille ans avaient une religion d’une extrême indigence, animisme des plus élémentaires. Leurs kami, les êtres (I supérieurs », sont des puissances invisibles qui peuplent le monde. Innombrables : les lettrés disent 800 myriades ! Par leur nombre et leur inconsistance, ilsrappellentassezbien lesnumina latins. Ils sont riches, bons, souriants, amusants même quelquefois, rarement malveillants ; mais ils n’ont rien de divin, limités qu’ils sont dans leur être et dans leur puissance. Tout peut devenir kami : le l’eu, les fleurs, la vague qui déferle, le vent qui la soulève, l’écume qu’elle laisse derrière elle, toutes les forces de la nature, jusqu’aux plus intimes. Sur ce naturalisme enfantin, s’est greffé le culte des ancêtres. La famille, le clan, la nation se sont découvert parmi ces kami leurs lointains fondateurs. Puis on leur a joint des héros historiques, les morts notables, un prince, un général, un calligraphe. lyeyasu, le grand persécuteur des chrétiens, a été ainsi déifié ; et naguère encorele peuple a tenupour kami l’assassin du grand réformateur de l’instruction publique, Mori Arinori.

Ces petits dieux vagues sont conçus comme les doubles (mitamn) des êtres réels. Ils sont trop peu caractérisés ordinairement pour être représentés sous forme d’idoles. Les idoles shintoïstes sont en réalité d’origine bouddhique. Mais on les figure par des objets symboliques ; un miroir, une épée, un coussin, une tablette portant un nom, une lance. C’est le shintai, le « corps du dieu ».

Naturellement les kami n’ont point d’histoire. Sur le tard cependant, pour donner un peu de consistance aux prétentions divines de l’empereur, des chefs de clan, ou des chefs de famille, on a créé de toutes pièces une mythologie. Les livres où elle nous est racontée, le Kôjiki et le JVihonghi, sont des compilations de basse époque (viii* siècle de notre ère), reproduisant des légendes anciennes mais factices. Ces mythes sont enfantins, parfois révoltants d’obscénité, et ne contiennent pas d’autre philosophie qu’un sentiment peu précis de la vie universelle des choses. On y voit des dieux aux noms abstraits, Ame-no-mi-nnka-noushi-no-kami ou bien Taka-mi-mousou-lii-no-kami le " dieu maître du centre auguste du ciel «. ou « le grand et auguste dieu merveilleux producteur ». Divinités sans physionomie, qui traversent la légende et s’évanouissent sans laisser trace dans l’imagination populaire. Leurs faits et gestes sont bizarres, quand ils ne sont pas indécents. Le dieu Izanaghi, créateur du Japon, fit naître la déesse du soleil Ama-Terasou de son œil droit, et, de son nez, le dieu de la lune. Seules, quelques divinités sortaient de cette imprécision générale et parvenaient à s’imposer au public, par exemple et surtout cette./ma-7’croso » qui, sans aucun doute, doit ce privilège à ce fait qu’elle passe pour l’ancêtre céleste du premier mikado, Jimnou-tennT) (660 av. J.-C).

A part cette mythologie artificielle, pas de dogme ; sauf l’idée vague de survie après la mort, attestée par la croyance même aux kami : survie qui associe les morts à la vie de famille. On les avertit de chaque

événement ; on leur demande aide et protection. Mais parmi eux, aucune dillerence entre bons et mauvais. — Pas de morale : la morale est bonne pour les peuples corrompus, comme les Chinois ; le Japonais, étant d’essence divine, n’a, pour être vertueux, qu’à suivre la bonne nature et à rester lidèle à l’empereur. H y a une vertu indijjène cependant, la propreté. Toute saleté physique est odieuse aux kami. Ùe là les souillures légales elles purifications rituelles.

Pas de livres inspirés ; pas de clergé à pari : tout père de famille est prêtre dans sa maison. — Un culte aussi élémentaire que le dogme. Pour temples, de vraies chaumières en bois, représentant les habitations d’il y a deux mille ans. (Temples d’Isé. Il y a cependant de beaux temples shintoïstes, mais sans autre ornement que les bois précieux non peints dont ils sont faits.) Pas Je statues, pas d’autre mobilier que, derrière un voile, sur une table en bois non peint, quelques objets symboliques. Pour rites, quelques sacritices de victuailles, poisson, fruits, bière, eau claire. Quelques formules (nnrito) en japonais archaïque, inintelligibles aux dévots et aux prêtres eux-mêmes, contiennent des louanges à la divinité et des demandes de faveurs temporelles. Il y a des fêles familiales, des fêles de clan, el les lêtes générales de la nation. Ces dernières, dont le mikado est le pontife, forment comme un cycle agricole.Oans la fête Olionihe, l’empereur olfre, au coussin qui abrite la divinité, les prémices du riz ; dans le Toshigolii, il prie pour la moisson, et dans le Kin-nomatsury, pour la pluie ; dans le Olioharahi, qui se fait deux fois par an, il purifie le peuple des souillures contractées, surtout des délits agricoles, comme d’avoir écorché un animal vivant.

Tout, dans le culte national japonais, offre un double caractère. D’abord un archaïsme qui est la forme artilicielle mais intéressante du patriotisme : il se traduit jusque dans les formes architecturales des temples en bois, et dans le costume rituel des iannuchi (prêtres), lemple et costume qui reportent à deux mille ans en arrière.Puis une simplicité voulue, alTectée, frisant l’indigence. Et cette indigence extérieure traduit à merveille l’indigence intime et foncière de toute la religion.

II. Les importations chinoises- — Confucianisme. -- Le Japon en serait demeuré là sans doute si la Chine n’avait été si près. Les importations religieuses el intellectuelles commencent vers les débuts du troisième siècle de l’ère chrétienne. Art. écriture, industrie, agriculture, cérémonial, tout devient chinois. Dans le domaine des idées, on signale des infiltrations taoïstes, mais surtout des emprunts à l’éthique de Confucius. Ethique essentiellement laïque, comme on sait (voir l’article Chixk [Religion DR L.^l), mais qui se superposa d’autant plus facilement à l’éthique enfantine du shinto, l’une complétanl l’autre. De là de profondes transformalions dans l’ordre politique, social, familial. Nous n’avons pas à nous en occuper ici. Disons seulement qu’en remplaçant par un idéalplus complexe la simplicité excessive des vieux âges, le confucianisme dota le Japon d’une civilisation plus ralTmée. où l’on ne saurait dire lequel l’emporte du mieux ou du pire.

Comme en Chine, le confucianisme est à base de piété filiale. C’est lui qui règle les cinq grandes relation », d’empereur à sujet, de fils à père, d’épouse à mari, de frère cadet à frère aine, el d’ami à ami. Tout cela plus souriant, plus aimable au Japon qu’en Chine, mais aussi moins humain, moins direct que sous le règne shintoïste de la bonne nature. De sujet à empereur, ou de vassal à suzerain, la piété filiale

prend la forme de loyalisme, vertu par excellence du samurai ou chevalier, mais un loyalisme qui va tout de suite aux excès, jusqu’à la coutume du suicide par honneur, le harakiri. De fils à père, les relations sont normales, semble-t-il : cependant le droit du père est absolu, il peut vendre sa fille. Par contre, il a droit, un peu plus tôt, un peu plus tard, de cesser tout travail et de s’en remettre absolumentà son fils du soin de le nourrir ; c’est l’usage de Yinkio, la retraite. De mari à femme, tous les droits sont d’un côté, tous les devoirs de l’autre, el le premier devoir de la femme est de n’être pas jalouse.

III. Introduction du Bouddhisme. — Le Panthéon japonais- — Tous ces éléments chinois devaient être accentués et i)Oussés à l’extrême par l’influence bouddhique. — C’est en 55j que la doctrine de r « illuminateur » hindou, Çakya-mu.m, Siiaka pour les Japonais, fui apportée dansl’archipel par des ambassadeurs coréens. Elle ne s’imposa pas sans luttes. Il y eut résistance de la part du shintoïsme, guerre religieuse, incendies et massacres. Mais après trois quarts de siècle, en 623, le prince réformateur Slamayado, créateur de la centralisation japonaise, lui donna droit de cité. Le bouddhisme devint religion d’Etal.

Ce n’était plus, bien entendu, le bouddhisme des premiers âges, vieux qu’il était de mille ans déjà, mais le bouddhisme élargi, libéral, accueillant, de l’école Mahàyàna, le Grand Véhicule, qui ouvrait la voie du salut non seulement aux moines, mais aux laïques ; et de plus il arrivait au Japon chargé d’élemenls disparates, ramassés en cours de route à travers l’Asie. L’œuvre du moraliste athée élail devenue un polythéisme des plus encombrés.

Le point de dépari est dans l’idée même (idée prébouddhique ) que l’on se fait de l’humanité el de ses destinées. Tous ceux qui n’adhèrent d’aucune façon à la doctrine, sont condamnés, avant de parvenir au repos final, à passer d’existences en existence ;, à travers les six inondes, de l’enlér. des démons allâmes, des bêtes, des fantômes, des hommes et du ciel. Les adhérents au bouddhisme sont, ou bien des espèces de catéchumènes (shamon) ou des crojants instruits (engaku). Si. ayant bien saisi toute la loi, ils sont parvenus à n’avoir plus qu’une mort à subir, on les appelle les iosa/s » (sanscr. hodhisalUa). S’ils ont franchi la dernière étape, ce sont des bouddhas, des hutsu, ou des hotokes.

Les butsu ne sont point des dieux ; car il n’y a pas de dieu. Mais, simples sages canonisés par les docteurs, ils n’ont pu éviter d’être déifiés par le populaire, Shaka en lête. Les spéculatifs sont survenus, qui ont renchéri sur les dévots. Shaka, l’illuminaleur, le sauveur des hommes, était un être historique ; ils ont imaginé qu’avant lui il y en a eu des milliers d’autres ; que des milliers d’autres suivront, dont l’action bienfaisante s’est étendue ou s’étendra à des milliers de générations. On en désigne cinq comme appartenant à la période cosmique actuelle. Shaka est le quatrième : le cinquième n’a pas encore paru. Cen’eslpas tout ; au delà du bouddha réel, quel qu’il soit, le conleinpialif en discerne un autre, plus subtil et plus vrai, le bouddha de la contemplation, dont l’autre n’est que le reflet. Les einq bouddhas dont nous venons de parler ont ainsi leurs cinq doubles. Celui de Shaka s’appelle Amida (sansc. Amitàhho). Un autre est Daï-nitchi. qui passe pour le maître de Shaka, et que d’aucuns identifient avec le bouddha suprême. Car, pour compléter ce panthéon métaphysique, on a imaginé, au-dessus des mille bouddhas des trois mondes, présents, passés ou futurs, un bouddha primordial et suprême, dont les 1203

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autres ne sont que l’émanation, nature absolue, essence de toutes choses.

Dans la catégorie inférieure des bosalsu ont été rangées quantité de divinités de toute provenance. Les unes viennent droit de l’Inde, souvent après avoir changé en route de nom, de caractère, et même de sexe. Ainsi le dieu hindou bienfaisant Awalokite’ : i’ara est au Japon la déesse Kuanon (chinois, A’oan-iri). On la représente avec de multiples bras et têtes. Les dévots aiment à lui adresser leurs suppliques sous forme de boulettes de papier mâché. L’ogresse hindoue Hàriti, convertie par le bouddha, remplit au Japon l’ofTice de bonne d’enfants, Kisili Mojin. Les deux géants qu’on voit à la porte des temples, peints en rouge vif, ou bien l’un en rouge, l’autre en vert, grotesques et farouches, sont l’un Brnhina, l’autre Indra.

Par ailleurs Hotei, le dieu de la bonne humeur, large face épanouie, bouche ouverte et gros ventre nu, passe pour être né en Chine : mais ce pourrait bien être Mailreya. le bouddha futur qui occupe le vestibule des pagodes indiennes. Ebisu, avec son poisson au bout d’une ligne, est shintoïste. Les dieux du shinto en effet sont entrés en foule dans le panthéon bouddhique. C’est à ce prix que le culte nouveau a pu s’imposer au peuple. Le bouddhisme a fait plus : à ces dieux inconsistants, il a donné une forme extérieure, il en a fait des idoles. Il a eu soin de les présenter comme les manifestations nationales de l’éternel bouddha. Ama-Terasou s’est vue ainsi bouddhiUer ; on la déclara identique à Dai-nitcln, ce qui était une façon habile d’accaparer ses arrière-petils-Cls, les Mikado.

Ce mélange de bouddhisme et de shintoïsme s’opéra vers le ix’siècle : on l’appelae Ryohou-shinto (double enseignement des dieux). Sa vogue dura jusqu’au xviii’siècle. Grâce à cette politique habile, les bonzes purent accaparer presque tous les temples du shinto, s’en faire les desservants elles encombrer de leurs idoles.

IV. Le nirvana. — Le bouddhisme sino-japonais, qui moditiait aussi profondément les données primitives sur le monde extra-humain, ne devait pas respecter beaucoup plus l’enseignement authentique de Shaka sur la destinée. Il promettait bien toujours d’alTranchir l’être divin des transmigrations à travers les six mondes et de le conduire jusqu’au nirvana (en japonais ne-han). Alais le Japonais, vif, primesautier, réaliste, pouvait-il s’accommoder des rêveries hindoues ? L’alïranchissement de l’être, par un entraînement ascétique, gradué, aboutissant à l’usure des énergies vitales, à l’épuisement du désir d’exister, à la désagrégation linale, non pas dans le rien, mais dans le vide, tout cela était bien subtil pour des cervelles peu métaphysiques, et bien lent pour un peuple actif et remuant. Aussi, pratiquement, le gros des Udcles rêve d’un nb-vàna positif, très semblable à un paradis.

Aux j’eux des spéculatifs, c’est tout autre chose. Quelques sectes, parmi les plus anciennes, — pour autant qu’on peut les comprendre, — professaient l’anéantissement final pur et simple : ainsi le Kuiisha et le Jo-jiisu. L’un soutenant que le moi n’existe pas, bien que les cléments constitutifs de ce moi existent, l’autre étendant la non-existence aux éléments eux-mêmes, la vie n’est plus qu’un long rêve qui cesse quand l’homme se désagrège, mais sans que l’homme se réveille. On dira encore : « Le nirvana, c’est le terme déliuitif de l’existence, état dans lequel la substance pensante, tout en restant individuelle, n’est plus affectée par quoi que ce soit d’externe, et, par suite, est vidée de toute émotion, pensée ou passion. »

A cet état on donne le nom de mu-i, qui signifie existence absolue, inconditionnée. Quand on en parle coir.me d’une annihilation, on veut dire l’annihilation des conditions, et non pas de la substance. L’ignorant, celui qui n’a pas été régénéré par le liouddliisnie, s’en tenant à ces résidus logiques, tiendra que cela équivaut à la non-existence. Mais sachons <[ue « nous sommes en face, ici, d’un de ces mystères comme il y en a à la base de toute religion, et qu’il faut accepter sans discussion » (E. Satow). Parfois l’explication de nirvana aboutit à un panthéisme à peine déguisé. Il y est posé en principe que le bouddha suprême, les êtres et la matière ne font qu’un ; cette unité se réalise pleinement dans le nirvana, mais ou peut s’y préparer, s’en approcher, parfois même le réaliser dès cette vie par des exercices appropriés. Quant aux méthodes, il y en a autant que de sectes.

V. Les sectes. — On en compte dix ou douze, actuellement existantes ou ayant eu jadis de la vogue. Il y en a d’indiennes, de chinoises et d’indigènes. Les sectes dites modernes remontent au xu’= et au xni"^ siècles. Les autres sont du vir, vni' et ix>^. Les sectes plus récentes n’ont pas d’importance. Ce qui leur a donné naissance, c’est parfois le besoin de réagir contre une tendance trop exclusive (Aitchiren contre Djôdu) ; ou celui de traduire les a.spiralions morales d’une génération (le Zen et les classes militaires du niiv siècle) : ou tout simplement la nécessité de s’orienter parmi l’énorme masse des livres canoniques, des systèmes, des 84.000 doctrines attribuées à Shaka.

Jadis, au vi<= siècle, un bonze chinois ingénieux avait inventé le rin-zô, grande boîte en bois sur pivot, contenant toute la bibliothèque des livres sacrés. On la faisait tourner, et cela équivalait, pour le mérite, à lire les G.’jyi volumes qu’elle contenait. D’autres trouvèrent plus intelligent de découvrir dans ce fatras un principe enseigné par Shaka, en un certain lieu et en un certain temps, mais non encore utilisé, et d’en faire la clef de toute la doctrine.

Ce serait peine perdue que de chercher à entrer ici en de longs détails. D’abord parce que, dans la pratique, les diil’érences doctrinales entre sectes ne sont perçues que des initiés : le public n’y entend rien. Puis parce qu’on peut dh’e de la plupart d’entre elles ce que M. Satow disait du Shingim « Son enseignement, dans son ensemble, est extrêmement dillicileà comprendre. et plus diflicile encore à rendre en langage intelligible » ; et d’une autre secte : « Ses plus hautes vérités sont tenues pour inaccessibles à <|uiconque n’est pas parvenu à être bouddha. » « La doctrine des sectes, dit encore le même auteur, est comparée à une étoffe où la chaîne serait formée par l’enseignement de Shaka et la trame par l’interprétation individuelle sous le contrôle des bonzes. » Auxespritsobtus.il faut bien présenter la vérité sous une forme appropriée à leur capacité, par le moyen des symboles. Mais les intelligences supérieures arrivent à la vérité directement. Au delà du sens contenu dans les mots, en vertu d’une sorte d’intuition, le shingrù, par une perception immédiate absolument certaine, elle atteint aux vérités supérieuies dont la connaissance pleine conduit au Nirvana. Mais quelles sont précisément ces vérités, et par ((uels procédés les atteindre, c’est où l’on se sépare.

La secte IIosso (653) tient pour ce |>rincipe : « Rien n’e.xiste que la pensée, le reste est illusion. » Pour le Kegon (848), k tout est vide », et ce vide, celle nonréalité, c’est l’universel absolu, duquel tout tient sou existence, avec lequel et dans lequel les contraires 1203

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sonl identiques, le feu el l’eau, l’esprit et la matière. Le Tetidai (805) enseigne que cet absolu, c’est le Bouddha suprême, lequel débouddliilie, si l’on peut dire, toute chose en le produisant, et, en l’absorbant, le reboudilhilie, etc., etc.

Même divergence dans les pratiques. Le Tendai impose la méditation. Il faut s’aulosujjgestionner que les organes des sens el de la pensée sont identiques avec l’absolu. On se prépare à cet exercice mental par l’entraînement monastique ; on y aide par la rigidité de l’attitude, et la régularité de la respiration. A quoi le Slunf ; oii (So6), ajoute de la magie, des formules cabalistiques, des gestes rituels, et, pours’éclaircir l’esprit, le jeune prolongé. La secte y^eii, une des plus intellectuelles pourtant, enseigne qu’il est superflu de se tuer en lectures ; c’est dans son propre coeur qu’il faut trouver le cœur de Bouddha, substance absolue de toute pensée et de toute essence. Le savoir, le vrai, se communique du cœur au cœur, sans l’intermédiaire des mots. Ce que peut être cette contemplation, nous l’imaginons assez. « Ce n’est pas la pensée, c’est l’absence de pensée. Assis sur un coussin, les jambes croisées, les bras serrés, la tête droite, l’arête du nez perpendiculaire au nombril, la langue collée au palais, le contemplatif pense sans penser, il se lient là dans une espèce d’hypnose, dans une absence complète de toute idée précise. «  (A. Lloyd, Deyelopmciil of Jai/aiiese ISuddhism, p. 43,.)

Les sectes dont nous venons de parler sont archaisantes. Elles tiennent pour la voie étroite, on pourrait dire pour la foi soutenue par les œuvres ; c’est l’école du « chemin saint », le shodo mon. Elle exige, comme le bouddhisme ancien, l’elTort personnel, ascèse, sagesse, méditation. Mais quelqu’un ayant déclaré, dans le courant du xn siècle, que la religion était en décadence irrémédiable, que nul ne pouvait plus se sauver par sa propre activité, qu’il fallait autre chose, il se trouva de vieux textes indiens (ou chinois, c’est tout un dans l’espèce) pour proposer un nouveau sauveur. Le règne de Shaka était passé : celui A’Amida commençait. Amida mettait ses mérites à la disposition des hommes. Il consentait à ne point entrer dans son nirvana tant que les hommes auraient besoin de lui. Il conduisait ses clients après leur mort dans le paradis de la « Terre pure ii, dernière et facile étape avant le nirvana. Cette école nouvelle s’appelle le Djodo-mon, le (I chemin de la Terre pure » (ii, 5). Rien de plus f.uile désormais que le salut. Tout effort personnel (Si supprimé comme inutile et impuissant. Il sutTit de répéter la formule : « Gloire à Bouddha Amida. Ail mu Amida liiiisu. »

La secte Shin (1224) va plus loin. Inutile même de prier Amida : le salut s’opère automatiquement. Il sullit d’avoir conliance. Par ailleurs, plus d’austérités, plus de célibat monastique, plus d’observances, plus même de bonzes ; ou bien des bonzes mariés, vivant et habillés comme tout le monde. C’est le triomphe de la foi sans les œuvres. Le Shin est aujourd’hui le groupement bouddhique le plus nombreux du Japon el le plus actif.

Ce radicalisme devait amener une réaction Le A ; ’chiren (1261) revint violemment en arrière, damna les sectateurs d’Amida et ceux qui croient en la Terre pure, proclama le culte de Shaka seul salutaire, rétablit la double morale laïque et monastique. Secte violente el batailleuse.

L’influence, bonne ou mauvaise, des sectes, parait avoir varié d’après les temps, et beaucoup aussi d’après les doctrines. Les historiens notent par exemple qu’aux temps anciens, quand prévalaient les î^ecles plus ou moins nihilistes de Uosso et de

Sanroii, les scandales se multipliaient à la cour et au cloilre : mille histoires circulaient à la honte des lionzes (Gniiris, p. 21)i). Par contre, la secle Zen, et les sectes voisines, le liinzai et le Solo (xiii" siècle), sont présentées comme plus intellectuelles que d’autres, et jjIus morales.

Tâchant de retrouver dans leur cœur le cœur du bouddha, elles s’exerçaient à l’indifférence absolue pour le plaisir ou la douleur. Il est vrai, celle belle impassibilité s’appuyait, elle aussi, sur une sorte de nihilisme : " rien n’existe que les apparences, dès lors, à quoi bon ?… i> Ce sonteux, pourtant, les docteurs du Zen, qui ont formé les samurai, ou chevaliers de Mo3en Age japonais, à leur maîtrise de soi, à l’inflexibilité dans les desseins, au stoïcisme calme et souriant. — Mais, avec le temps, les sectes se rapprochaient ; toutes se faisaient idolâtres à l’envi, toutes exploitaient la crédulité populaire, et ce qu’il pouvait y avoir eu de noblesse dans une secte aristocr ; itique comme le Zen finissait par se corrompre. Les missionnaires jésuites du xvi" siècle signalaient les Jenxu (Zen-shii), comme d’habiles négateurs qui, professant l’anéantissement final de l’homme, mettaient au large les grands seigneurs dans l’usage et l’abus des choses terrestres.

VI. La vie monastique. — Les sectes se partagent la population. (Chacune forme une sorte de grand ordre religieux, ayant sa maison mère « iux environs de Kyoto, divisé en provinces et couvents, avec toute une liiérarchie de supérieurs. On a parlé ailleurs du monarchisme bouddhique (Heligions de riNDE, col. GCi). Disons seulement ici que nulle part aujourd’hui, il n’est aussi savamment organisé qu’au Japon : c’est lui qui a longtemps fourni au pays ses cadres religieux. Les bonzes ordinairement sont incultes. Ils ignorent les spéculations de leur secte. Par contre, ils entretiennent avec soin les superstition s les plus grossières. Ils exploitent l’idolâtrie : leurs temples sont peuplés de statues sans nombre. l’o jjréclient une morale qui n’est pas sans pureté ; mais ils déclarent qu’elle est au-dessus des forces laïques, surtout des femmes. (La secte Shin fait exception ; pour elle le salut des femmes est possible.) Mais, eux, pratiquent cette morale avec une surabondance de mérites dont ils peuvent faire jouir leurs clients vivants et morts ; seulement cela se paie… — Quant aux mœurs proprement dites, elles sont déplorables. On peut voir ce qu’en dit saint François Xavikr dans sa correspondance. Beaucoup d’histoires courent, dont le public s’amuse, plus qu’il ne se scandalise. Il n’y a pas que des couvents de bonzes ; il y a des bonzesses : on devine la suite. Et cela ne leur suffit pas. Ils trouvent dans les pratiques contre nature des compensations à leur célibat dérisoire. D’où les proverbes comme celui-ci : « Quand un prêtre Nichiren deviendra bouddha, la bouse du bœuf niso deviendra purée de fèves. »

VIL Morale. — Et cependant la morale prêchée par les bonzes ne manque pas d’élévation apparente. Ici nous ne cherchons pas à distinguer ce qui, dans cette éthique, est spécifiquement bouddhique, de ce

« lui revient à Confucius. (Sur la morale du Bouddha, 

voir /i’e/i^iOH5 rfe /’Inde, col. 5C3.) — Il y a, disent les livres et les prédicateurs, cinq préceptes négatifs {go-hai) : ne pas tuer, ne jias voler, ne pas forniquer, ne pas mentir, ne pas s’enivrer. Il y a cinq relations humaines à surveiller (go-rin), de sujet à prince, de fils à père, etc. (voir jilus haut. II). Il y a dix préceptes positifs (jii-zen) : amabilité, libéralité, chasteté, véracité, paroles d’harmonie et de concorde, langage noble et sim])le, sincérité (pas d’exagération), 1207

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pensées morales, charité et patience, intention pure. Notons la place faite aux devoirs intérieurs. Quant aux devoirs envers la divinité, ils sont nécessairement très vagues, puisque, à vrai dire, il n’y a pas de divinité, ils tiennent en ces trois points ; respect du bouddha, de la loi et de la confrérie.

Mais, à côté de cette morale, athée parce qu’on n’y voit rien qui rappelle une autorité supra-liuinaine, religieuse cependant, parce qu’elle a pour Un d’orienter l’homme vers sa destinée délinitive, il y en a une strictement laïque, où le Shinto, Bouddha, Confucius ont encore chacun mis du leur et qui est plus spécitiqueaxent japonaise. C’est le code des anciens chevaliers, des buslii^ le hiishijo.

Tout à la base se trouve l’obéissance quasi religieuse du shintoïste au mikado, lils et représentant des dieux. Là-dessus, le confucianisme ajouta ses théories de piété liliale, précisa les devoirs sociaux, fut maître de calme, de bienveillance, de politesse aristocratique. Le bouddhisme, au xiii’siècle, pénétra le tout d’un vague mysticisme. Un vieux maître d’escrime disait, quand il avait appris à son élève tous les secrets de son art : « Et au delà, il y a le zen » ; le zen, c’est-à-dire « l’effort de l’homme pour atteindre à Iraversla méditation, les zones de pensée ultérieures à toute expression verbale » (Lafc-uio Hearn, Exotics and représentatives, p. 81). Cet étrange mysticisme s’évanouit avec le temps, aumilieuWes horreurs féodales. Au xvii’siècle, le hushido était strictement laïque et stoïcien. Aujourd’hui, il est revenu à son point de départ shintoïste et se confond avec le patriotisme le plus exalté. Ue tous temps, il a comporté le mépris pour 1.1 douleur et la mort, le scrupule du point d’honneur poussé à ce point qu’on recourt au suicide pour des bagatelles, la possession de soi, la surveillance des passions, l’humanité, la droiture, l’inviolable lidélité aux devoirs de lils, de sujet, de vassal.

Cet ensemble moral n’est pas sans grandeur. Mais si l’on regarde de près, les vilain s côtés paraissent vite. Les préceptes bouddhiques sur la chasteté, la profession d’impassibilité dans certaines rencontres, etc., n’empêchent qu’on ait pu écrire : « Dans l’idéal du bushi, on trouve de tout, sauf cela (la chasteté), on y trouve même exactement le contraire. » (Bhinklev. .l, t.’i’j.ovencoTe, Correspondant, 1891. Levéntable Japon. Les mœurs du par^ et le catholicisme.) Les panégyrislesdu bouddhisme lui savent gré d’avoir fait l’éducation littéraire et artistique du Japon. Soit, mais il n’a pas su lui apprendre à penser ; et, faute de pensée, tout ce qu’a produit le Japon ne dépasse guère le joli et le piquant. L’art y est superliciel. L’idéal de vie paraît généreux ; mais en réalité, tantôt il n’atteint pas la limite qu’enseigne la raison, tantôt il la dépasse. Un grand mépris de la vie, mais si grand qu’il semble contre nature, et aboutit à un vrai gaspillage d’héroïsme. Une possession de soi parfaite, mais avec un fond irréductible de dissimulation. Beaucou[> de douceur et de pitié pour les bêtes, mais beaucoup moins pour les hommes : on achète les petits oiseaux pour leur rendre la liberté, et, pendant des siècles, le sang coule à Ilots dans les guerres féodales égoïstes, et dans les persécutions religieuses. Renoncement au monde (l’nvi’o), mais beaucoup moins pour la poursuite d’un idéal élevé que par pessimisme, haine de l’action, et goût des loisirs enchantés, Enlin, en dépit des préceptes moraux, mais en conséquence de la doctrine sur les vies successives, afTaiblissement du sens de la responsabilité, de la conscience personnelle et de la liberté vraie La théorie panthéisliique « de la cause et de l’effet » (in^iia), qui établit un lien nécessaire entre tout ce qui est de l’homme et le bouddha

primordial, essence universelle des choses, a donné au Japonais ce fatalisme foncierqu’on découvre, sans creuser beaucouj), sous son imperturbable calme et sou héroïsme stoïiiue.

VllI. Du XIII’^ siècle au XIX. — Le grand essor du bouddhisme japonais, commencé au ix" siècle, eut sou apogée au xiii", après l’établissement du shogunat. Les shoguns, laissant le shintoïsme olllciel du niik ado, lirenl du bouddhisme la vraie religion d’Etat. Les bonzes en abusèrent. Durant l’anarchie féodale qui s’étend jusqu’à la Un du xvi" siècle, on ne vit que moines guerriers et batailleurs ; bonzerie contre bonzcrie, ou bonzerie contre château. Cette situation ne fut pas sans favoriser les premières conquêtes du catholicisme, inaugurées en 1548 par saint François Xavier. Les choses en vinrent au point que Nobunaga, maître du Japon central, résolut d’exterminer bonzes et bouddhisme, et ne recula pas devant de vastes massacres Les shoguns ses successeurs, Hideyoshi, leyazu, etc., jugèrent plus habile de s’attacher les bonzes par des faveurs, tout en les teniint de trèscourt.Les prêtres bouddhiques en proUtèrent pour pousser à fond leur guerre contre l’Evangile.

En une quarantaine d’années, les missionnaires jésuites portugais avaient conquis sur l’inlidélité un demi-million de Japonais, Mais l’apostolat catholique fut compromis par l’ambition politique des Espagnols. Les bonzes en proUtèrent pour prendre leur revanche, et, cachant sous les apparences d’une défense nationale ce qui était surtout une persécution religieuse, ils déclarèrent au christianisme une guerre à mort. Un siècle après le passage de Xavier, de l’église japonaise il ne restait que des ruines. Mais ce triomphe devait coûter cher aux bonzes. Les chrétiens réduits à rien, ils virent se lever de nouveaux ennemis.

Ce fut d’abord, au xvii" siècle, le rationalisme chinois de la vieille école Tchou-hi (xii" siècle), matérialiste et athée. Puis il se trouva des archéologues (Maboutchi, Motoori, Norinaga, Hirala, etc.) pour ressusciter le shinto. Ce mouvement ne répondait à aucun besoin religieux, et pendant longtemps resta circonscrit dans un petit cercle d’intellectuels. Mais avec le temps, il se trouva préparer les voies à la grande révolution impérialiste et patriotique de 1868.

IX. Situation actuelle. — Le mikado, fils des dieux, reprenant après mille ans sa puissance conlisquée par les bouddhistes, ne pouvait qu’exalter le shinto. Il se souvint, commeau sortir d’un long sommeil, que la religion de Shaka et A’.iniida était chinoise ; dix siècles n’avaient pas établi de prescription. Le bouddhisme fut « désétabli », obligé de rendre au shintoïsme les temples qu’il avait usurpés et encombrés de ses idoles, et même pendant quelque temps, presque persécuté. Aujourd’hui des meilleurs jours sont venus : la liberté de conscience a été proclamée en 188g. Le gouvernement utilise le bouddhisme à l’étranger, surtout en Chine, comme instrument d’expansion. Mais, à l’intérieur, il a perdu toute situation ollicielle et toute influence sur l’esprit. L’athéisme légal des écoles et des administrations continue à saper son iniluence populaire. Il ne compte plus pour les gens instruits, ((ui souvent affectent de l’ignorer. La place laissée libre est occupée de plus en plus par l’agnosticisme radical et toutes les théories rationalistes importées d’Europe oui d’Américpie.

Dans le peuple, les superstitions sont vivaces. On croit toujours aux possessions par le renard ou le chat (MiTh’ouo, Taies ofold Japan). Les bonzes continuent à faire un grand commerce de charme-^, 1209

JEAN NÉPOMUCÈNE (SAINT)

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d’amulettes. L’an dernier (1912), dans nne seule pagode, en un seul jour de fête, on vendit 50.ooo charmes d’une certaine espèce. Les Japonais gardent leur culte pour la nature. L’ascension des montagnes est considérée comme un acte de religion qui n’exclut pas le plaisir. Les bonzes délivrent des certificats à qui fait l’ascension du Fuji. Mais le culte japonais par excellence, ni bouddhiste, ni shintoïste, simplement japonais, c’est le culte de l’eau. Même en hiver, on visite la cascade pour se puriûer, faire pénitence, gagner des mérites. Chaque soir, on voit les dévots de l’eau, en simple kimono, une clochette à la main, aller de pagode en pagode ; auprès du puits, ils sont 30, 40, 100, attendant leur tour de recevoir sur le corps les seaux d’eau glacée qui les purifieront.

Quant au néoshinloïsme il n’a pu vivre qu’à la condition de se transformer. En théorie, c’est toujours le culte des kami et à’Ama-Terasou. Deux fois l’an, on fait de grandes cérémonies officielles au temple shinto en l’honneur des âmes des soldats morts dans les guerres récentes. Chaque événement important, guerre, paix, naissance, mort ou mariage dans la famille impériale, est oniciellement annoncé aux dieux de l’Empire, et un messager olliciel est pour cela envoyé à Isé. Tout personnage important partant pour l’étranger, en mission, doit prendre congé du fondateur de la dynastie, dont la tablette est conservée dans la chapelle particulière de l’Empereur. En réalité, tout cela n’est qu’un rite civil sans autre dogme que la divinité de l’Empereur et du Japon, sans autre morale que le dévouement absolu au mikado. Cette pseudo-religion est parfaitement conciliable avec un rationalisme décidé. Les autorités japonaises s’efforcent de persuader aux étrangers que le tout se réduit à des pratiques rituelles sans portée vraiiænt religieuse. Et, en fait, le gouvernement, qui professe le shinto comme religion d’Etat, impose la neutralité dans les écoles, et propage toutes les formes d’incrédulité dans les milieux universitaires.

Mais cet athéisme légal produisant des fruits alarmants d’immoralité, le monde officiel de l’heure présente semble vouloir revenir en arrière et rendre à la religion sa place dans la vie publique et scolaire. Quelle religion ? Le sliintoisme est impuissant, le bouddhisme discrédité. Reste le christianisme (69.765 catholiques en 1912, 8Li.221 protestants en 1910. avec Formose). "Volontiers on lui ferait la place très large : mais on voudrait qu’il fût prêt à se japoniser un peu, et à se nationaliser.

BiBLioanAPuiE. — On trouvera une bibliographie complète jusqu’en 1906 dans Fred. Von Wenckstern, Bibliography of the Japanese empire, t. I (1895), pp. 52-59 ; t- I’Ogo"). PI’. 4>- 5’).

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V édit., 1901. — Gyan-nen, de la secle Kegon, Esquisse des huit sectes bouddhiques du Jupon, traduction de A. Millioud (Bévue de l’histoire des religions, t. XXV et XXVI). — G. W. Knox, The development of religion in./apan, New-York, 1907.

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Nombreux articles dans les recueils :

Transactions of the Asiatic Society of Japan, Tokio ; Trons. oftlie Japan Society, Londres ; Miiteilungen der Dentschen Gesellschaft fur yatur und Volkerkunde Ostasiens. Tokio ;.4nnales du Musée Guimet, Va.vs ; Bévue de l’histoire des religions. Var’is.

Alexandre Bnor, S. J.