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Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Janvier (Le miracle de saint)

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Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 2 – de « Fin justifie les moyens » à « Loi divine »p. 602-606).

JANVIER (LE MIRACLE DE SAINT). — I. En quoi il consiste. — II. La cérémonie du miracle à xXaples. — III. J.’histotre du miracle depuis 315 jusqu’à nos jours. Témoins oculaires : témoignages privés et officiels. — IV. Essais d’explication naturelle. — Bibliograplie.

I. Le miracle de saint Janvier. — Ce miracle consiste en quatre phénomènes distincts : trois se passent à Naples. le quatrième à Pouzzoles, ville située à 14 kilomètres de là.

Les trois phénomènes de Naples sont les suivants :

1° Liquéfaction, à certains jours de l’année, d’une substance coagulée, contenue dans une petite ampoule ou fiole de verre, et qui, d’après la tr.idition, serait du sang de l’évêque Janvier, décapité à Pouzzoles en 305 par les ennemis du Christ ;

2° Augmentation très forle du volume de cette substance, dans l’ampoule liermétiquement et perpcluellement close de toutes parts ;

3° Diminution très forte du volume de cette même substance, d.ins les mêmes conditions de clôture absolue.

Le phénomène de Pouzzoles consiste en ceci :

4° Rougissement, parfois accompagné de suintement, d’une pierre poreuse qui fut, selon une tradition constante, imprégnée du sang du martyr pendant la décollation ou quelques minutes après.

Reprenons chacun de ces quatre phénomènes :

Liquéfaction. — La substance qui se liquélie à Naples est conservée religieusement dans une vaste chapelle dédiée à saint Janvier et annexée à la cathédrale. L’ampoule qui la contient, dont elle occupe ordinairement la moitié et un peu jilus, a une capacité de 60 centimètres cubes environ. Hermétiquement close, cette ampoule est fixée dans une sorte de colTretou reliquaire, assez semblable à une lanterne de voiture : deux lames de cristal, qui le ferment devant et derrière, permettent néanmoins de voir nettement à l’intérieur l’ampoule et la substance y contenue. Cette substance, d’un rouge très sombre tirant sur le noir, se présente ordinairement à l’état plus ou moins solide : tantôt tendre, tantôt figée, tantôt (et plus souvent) dure ; mais dix-huit fois par an, aux mois de mai, septembre et — quelquefois seulement — en décembre, elle entre en liquéfaction, au cours d’une cérémonie religieuse publique où l’assistance est toujours nombreuse. La liquéfaction, après ramollissement de la substance, s’opère brusquement et d’un seul coup, sur tous les points à la fois de la périphérie ; elle est presque toujours totale ; quand elle est partielle, la portion non liquéfiée est toujours celle du milieu, elle forme au milieu du liquide un noyau solide que les Napolitains nomment globo. Ce globo, après liquéfaction, tantôt persiste toute la journée, tantôt se liquéfie lui-même, quelques minutes après. Il se produit — quelquefois seulement — de petites bulles qui se groupent en écume à la surface de la substance après liquéfaction ; ce qui a fait dire à quelques-uns que la substance bout. Expression tout à fait inexacte : il n’y a pas de véritable cbullilion, mais simple formation d’écume.

Quant au temps que la substance met à entrer en liquéfaction, à partir du moment où on la sort de sa niche, il varie d’une minute à une heure ou même davantage. Il arrive, mais très rarement, qu’il n’y ait pas liquéfaction.

La couleur, qui est ordinairement le rouge sombre, passe parfois du rouge sombre au rouge vif.

Telles sont les diverses phases qu’offre la liquéfaction. Si ce premier pbénoméne est le plus connu des quatre, il n’est pas le plus surprenant ; le second et le troisième, on va le voir, le sont bien davantage.

Augiitenlalion du ^’ultime. — Le second, c’est-à-dire l’augmenlation du volume de la substance dans l’ampoule close, se produit en mai. A cette époque, il y a neuf jours de fête consécutifs, en l’honneur du Saint ; le premier jour, quand l’olliciant sort le reliquaire (le la niche où il reste tout l’an, enfermé sous double clef, les assistants constatent sans peine, de leurs propres yeux, que la substance occupe un peu plus de la moitié de la capacité de l’ampoule, le lendemain, ils remarquent qu’il y a augmentation sur le volume de la veille ; le troisième jour, nouvelle augmentation progressive ; et ainsi de suite chaque jour jusqu’aux derniers jours de la neuvaine, où l’ampoule apparaît alors tantôt remplie jusqu’à l’entrée du goulot, tantôt entièrement pleine, le goulot compris et sans le moindre vide ; elle demeure pleine jusqu’au mois de septembre suivant.

Diininutiiin du volume. — En septembre se produit le phénomène inverse : la diminution. Les fêtes de ce mois durent huit jours desuile, à partir du 19, anniversaire du martyre. Ce jour-là, immédiatement après liquéfaction de la substance, celle-ci, qui continue de remplir l’ampoule comme le dernier jour des fêles de mai, commence à baisser : tantôt la diminution est totale après cinq ou six minutes ou même moins ; tantôt elle dure toute la journée ; tantôt elle met les huit jours de fête à s’opérer et n’est totale qu’à la fin du huitième ; tantôt enfin — mais ceci est beaucoup plus rare — la substance, après avoir diminué les premiers jours, réaugmente aux derniers.

Ainsi liquéfaction, augmentation, diminution de la substance dans l’ampoule perpétuellement close, tels sont les trois faits qui se constatent publiquement dans l’ampoule napolitaine.

Rougissement et suintement d Pouzzoles. — La pierre poreuse, dont il est parlé plus haut, est conservée dans une petite église, qui s’élève sur une colline voisine de Pouzzoles, à l’endroit même où Janvier répandit son sang. Encastrée dans le mur. cette pierre mesure 38 centimètres de long sur 36 de large ; à sa surface extérieure apparaissent des taches, les unes grises, les autres rougeàlres.

Or, deux fois par an, les taches grises deviennent rouges, les taches rouges prennent un éclat plus vif ; il y a même des années où le rougissement s’accompagne d’un suintement, au point que la surface de la pierre apparaît entièrement humide, comme si on y avait jeté dessus quelque liquide. Il faut noter une circonstance intéressante qui accompagne ces deux phénomènes, c’est qu’ils se produisent en même temps que la liquéfaction de Xaples, parfois à la même seconde. Cette circonstance constatée à plusieurs reprises depuis plus de cent cinquante ans, semble indiquer qu’il y a entre le fait de Naples et le fait de Pouzzoles une relation étroite.

Quoi qu’il en soit, laissant de côté le fait de Pouzzoles, nous nous attacherons au fait de Naples, infiniment plus éclatant et plus célèbre et qui a été soumis à des observations longues et minutieuses, notamment à deux expériences scientifiques d’une importance capitale.

IL La cérémonie du miracle â Naples. — Celte cérémonie commence ordinairement à 9 heures du malin. Elle est publique ; il y a toujours des sceptiques dans l’assistance. La masse des assistants est retenue par une barrière en bois à i m. 50 de la

sainte table ; mais on permet toujours à un certain nombre de personnes, Jo ou 50, ecclésiastiques ou laïques, souvent étrangères, de pénétrer dans les ancluaire par la sacristie à la suite du clergé et d’y demeurer durant la cérémonie tout entière.

Le reliquaire du sang, qui doit figurer en première ligne dans cette cérémonie, repose dans une niche située derrière le maître-autel de la cbapelle ; tout à côté se trouve une seconde niche qui renferme un buste représentant saint Janvier et contenant quelques ossements du crâne du martyr. Ces niches ont des portes d’argent ; chaque porte a deux serrures différentes, en sorte qu’il faut deux clefs différentes, pour ouvrir chaque porte.

C’est que la garde deces deux reliquesest confiée à deux autorités distincles : l’autorité religieuse et l’aulorité civile. L’autorité religieuse est représentée par l’archevêque de Xaples ; l’autorité civile, c’est-à-dire la ville de Naples ou municipalité, à laquelle sont censées appartenir les reliques, par deux groupes d’hommes, au nombre réglementaire de douze, l’un ecclésiastique, chargé du spirituel de la chapelle, l’autre laïque, chargé du temporel. Les vingt-quatre membres de ces deux groupes, tous nommés par le roi d’Italie, sont les députés ou délégués de la ville de Xaples.

L’autorité religieuse détient une clé de chaque niche, l’autorité civile détient l’autre clé ; en sorte que le concours des deux autorités est nécessaire pour ouvrir les niches, y prendre les reliques et procéder à la cérémonie du miracle. Cela fut réglé ainsi en 1646 par le pape Innocent X, à la suite d’un conflit violent qui avait éclaté entre le cardinal Filomarino, arctevêque de Xaples, et les députés laïques, et c’est ainsi que les choses se passent depuis cette époque et à l’heure actuelle, dans la paix et l’entente la plus parfaite, les jours de la cérémonie.

Uonc ces jours-là, à g heures très précises du matin, tandis qu’une foule impatiente remplit la chapelle tout entière, sauf le sanctuaire elles abords de la sainte table, débouche de la sacristie, se dirigeant vers le sanctuaire, un cortège formé des députés ecclésiastiques de saint Janvier ou du Trésor ; ils sont vêtus du roch et blanc et de la mantellet ta violette, signe de leur prélalure, avec, en main, un cierge allumé. A leur tête marche leur chef ou trésorier ; immédiatement après le trésorier, vient le député laïque de service, chargé par ses collègues d’assister à la cérémonie ; sa main tient un sachet de velours rouge où se trouve la clé de l’autorité civile. Suivent quelques prêtres en surplis, attachés à la chapelle et d’autres personnes, hommes et femmes, laïques en majorité ; parmi eux, beaucoup d’étrangers qui ont obtenu la faveur de prendre place dans le sanctuaire pour voir le miracle de près.

Tandis que la suite du cortège se range dans le sanctuaire à droite et à gauche ou même devant, sur les marches de l’autel, les prélats et le député laïque passent derrière, vont prendre dans leurs niches respeclives le buste et le reliquaire du sang, et bientôt les apportent devant l’autel en présence de la foule émue, mais recueillie : le buste, coiffé d’une mitre précieuse, est placé sur un haut piédestal, du côté de l’évangile (car on prétend, sans preuve, que la liquéfaction du sang ne peut se faire qu’en présence du buste) ; le reliquaire est dans les mains de l’ofliciant, qui prend place aussitôt sur la plus haute marche de l’autel, face à l’assistance. Il le lient à la hauteur de sa poitrine pour que chacun puisse de près, du milieu et du fond de la chapelle, contempler à travers les verres du reliquaire et de l’ampoule le sang précieux. Immédiatement tous les yeux se fixent sur ce point ; ils ne s’en détacheront plus. 119 :

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En même l., mps, les gens admis dans le sanctuaire se rangent autour de l’ofliciant, tout près de lui, à quelques centimètres de distance, si bien qu’aucun de ses mouvements ne savirait échappera leur attention très éveillée.

Alors il renverse le reliquaire et le tient sens dessus dessous durant quelques minutes pour montrer à tous que le sang est coagulé, car, en dépit de cette position la substance demeure immobile au fond de l’ampoule, comme suspendue en l’air. A ce moment un prêtre assistant fait remarquer cela, en criant : é dura, c’est-à-dire le sang est dur.

Aussitôt les prières commencent dans l’assistance tout entière, demandant à Dieu que le miracle s’opère. Si l’on veut connaître les détails, dont plusieurs offrent un grand intérêt, comme les touchantes prières des pauvres femmes qu’on appelle, improprement d’ailleurs, les Parentes de saint Janvier, l’enthousiasme de la foule après la liquéfaction opérée, le baisement de la relique d’abord par le clergé, puis par les parentes et pai- la foule, on trouvera cela décrit tout au long dans mon ouvrage : Le célèbre Miracle de saint Janvier.

ni. Historique du miracle. — Une vieille tradition napolitaine prétend que la première liquéfaction du sang de saint Janvier eut lieu en 315, sur le chemin de Pouzzoles à Naples, lors de la translation du corps, quand le sang, qui avait été recueilli et gardé par une chrétienne d’Antignano, fut placé en présence des ossements qu’il avait animés autrefois. Malheureusement il n’y a là qu’une pure tradition qu’aucun document écrit n’est venu jusqu’ici conûrmer. fg

La tradition ajoute (ce qui du reste est vraisemblable, car c'était la coutume des premiers chrétiens) que le sang, après cette première liquéfaction, fut enseveli avec le corps dans la catacombe de Naples. Mais à partir de ce moment on ne sait plus rien du sang, même par la tradition, jusqu’au ix' siècle, où nous le trouvons, réuni à la tête (sans que nous sachions comment il y est venu de la catacombe), dans l’hypogée d’un petit oratoire annexé à l'église Stéphanie, sur l’emplacement de laquelle devait être bâtie la cathédrale actuelle. Quand cette cathédrale, flanquée de quatre grosses tours, fut terminée, en iSog, la tête qu’on enferma dans un buste, et les deux ampoules, qui restèrent libres jiour le moment, furent placées dans la tour de gauche, du côté de la façade. Les deux reliques y demeurèrent jusqu’en 164'7, année où elles furent transportées dans la chapelle du Trésor, bâtie à cette intention, et où elles sont encore.

Quant au miracle de la liquéfaction, il n’en est pas question durant le long espace du temps qui s'écoula depuis 3l.5, daie de la prétendue première liquéfaction, jusqu’en iSSg, c’est-à-dire durant un millier d’années. Enfin cette année-là iSSg, nous trouvons un premier document authentiqvie constatant que le sang s’est liquéfié : c’est une chronique sicilienne écrite en latin, qui relate au jour le jour les événements de l’an 1340 à iSgô. Voici le passage relatif à la liquéfaction : <t Le 17 du mois d’août de cette année (138()) a eu lieu une grande procession à l’occasion du miracle que fit N.-S. J.-C. sur le sang de saint JanAÎer. Ce sang, contenu dans une ampoule, s'était liquéfié, comme s’il était sorti ce jour-là du corps du Bienheureux. » (Clironicon Siciilnm incfrti authoris ab anno IS^iO ad anrnim VS9H in forma diarii.)

A partir de 1889, il faut attendre soixante-sept ans pour avoir un second témoi^Tiage auUienli<|uedu miracle : c’est celui du cardinal Piccolomini, le futur p.Tpe Pie II, qui séjourna à Naples en ilSCi, en

qualité d’ambassadeur de la république de Sienne. Parmi les choses remarquables qu’il a vues à Naples, il cite le sang de saint Janvier.

Après le témoignage de Piccolomini. nous avons, par ordre de date jusqu’au milieu du xvii"-" siècle, ceux du médecin Ange Caton en i^'j^. de Pic de la Mirandole vers 1500, du bienheureux Ancina, au .xvi' siècle, du jésuite Jean Rho, prédicateur du carême à Naples en 1643.

Quelques années après, exactement en iCSg, les deux députations, ecclésiastique et laïque, récemment créées pour garder les reliques, dans la chapelle du Trésor, au nom de la ville de Naples, eurent l’idée de dresser procès-verbal de toutes les liquéfactions qui se produiraient à partir de cette époque et des circonstances qui les accompagneraient. Ces procès-verbaux ont été rédigés très régulièrement jusqu'à nos jours. Les nombreux registres qui les contiennent sont conservés avec soin, soit dans les archives de la chapelle, soit à la mairie de Naples, où je les ai consultés ; j’ai même copié quelques-uns des procès-verbaux ; le premier porte la date du vendredi 19 septembre lôSg. Voici, à titre d’exemple, le procès-verbal du mercredi 7 mai 1884 :

n Aujourd’hui, mercredi 7 mai iSSii, la relique du précieux sang a été retirée de sa niche. Le sang était dur et beaucoup plus augmenté (que la veille), il s’est liquéfié au bout de 15 minutes. Le soir, après le chant des vêpres, il a été reporté dans sa niche tout liquéfié.

« Signé : Joseph de Sangro de’Masii, député laïque

— Mastrogiudice, trésorier — Giosué, prêtre sacriste. »

Les procès-verbaux officiels se trouvent confirmés depuis 1659 jus<[u'à nos jours par de nombreux témoignages privés, parmi lesquels il suffira de citer, en ce qui concerne la liquéfaction, ceux de Montesquieu en 1728, du romancier Alexandre Uumas en 1842, du journaliste Henri Cauvain en 1856 ; en ce qui concerne l’augmentation du volume, celui de Pulignano en 1^23 : « J’ai vu moi nu’me (f^omet vidi), écrit-il, le sang entièrement soulevé, au point que la fiole était complètement pleine » ; celui du profcssevuPergola qui dit : « Souvent le sang augmente abondamment (( ! ribiicco), tellement qu’on ne peut voir s’il est fluide, de quelque façon qu’on retourne l’ampoule » ; celui de l’abbé anglais Weedal en 1831 (The Cathnlic Mnf^azine, juillet 1831) ; celui du chimiste napolitain, Pietro Punzo, directeur du cabinet municipal de chimie, en 1879 (Teca di San Ccnnaro).

Enfin s’il m’est permis de citer mon propre témoignage, j’ai vu quinze fois au moins la liquéfaction au cours de mes trois voyages à Naples ; j’ai vu l’augmentation du volume en mai 1908 et sa diminution en septembre 1901.

Que si, malgré tout, quelque lecteur doutait encore de la réalité de ces trois phénomènes, qu’il sache qu’ils continuent à s’opérer et que par suite il |)eut aller les constater de ses propres yeux.

IV. ComiBent expliquer le miracle de saint Janvier. — 1-es uns y voient une supercherie, d’autres un elTcl purement physique, mais sincère, d’autres un effet métapsychique, beaucoup enfin le considèrent comme un vrai miracle de Dieu. Examinons attentivement chacune de ces explications.

Sujierriierie ? — Pour admettre l’hyiiotlièse d’une supercherie, il faudrait supposer que le secret en a été gardé inviolablement durant plus de cinq siècles, sans que rien en ait transpiré au dehors, car on ne le connaît pas ; il faudrait encore sujiposer que tous les archevêques et tous les iirètres de saint Janvier, depuis 1889, et dont beaucoup ont été des modèles 1197

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de vertu, se sont prêtés à un acte iiialhonnole, sans qu’aucun d’eux ail voulu dénoncer la fraude. Ce serait, eouiuie dit Alexandre Dumas, plus miraculeux que le miracle. Il sullit du reste d’assister même une seule fois à la cérémonie du miracle, où tout se passe puliliqueiiicnt, avec la plus grande siiuplicilé, devant des gens tout rapprocliés du reliquaire avec les yeux obstinément fixés dessus, pour être certain que la fraude n’existe juis.

L’aU’aire, iuipro[iremeiit dite de Championnet, que les [lartisans de la supercherie invoquent parfois et dont le fond est vrai, ne démontre nullement qu’il y ait eu supercherie ce jour-là, 4 mai i^Gy (cf. Jteviie pratique d’Apologétique àiibari iyio, p. t38suiv.).

Ejlet métupsycltique ? — Les Annules des Sciences pschiqU(’s de juillet et d’noùl 1909 ont émis — très timidement — l’hypothèse que l’augmentation du volume dans rani[)<)ule close pourrait peut-être être un ell’et d’apport et sa diminution un effet d’cxport, c’est-à-dire qu’en cas d’augmentation, le sang des parentes invisihlement passerait de leur corps dans l’ampoule et en cas de diminution reviendrait de l’ampoule dans leur corps — toujoiu-s d’une manière invisible… Je laisse au lecteur le soin d’apprécier.

li^ll’et purement physique ? — Il paraît bien dillicile d’admettre que le miracle de S. Janvier est un elTet purement physique depuis les deux expériences scientifiques qui ont été exécutées sur la substance et sur le reliquaire, à savoir l’analyse spectrule de cette substance et la pesée du reliquaire avant et après augmentation du volume. Je vais les décrire.

Analyse spectrale. — L’expérience scientilique à laquelle on donne le nom d’analyse spectrale, est fondée siu" la propriété qu’ont les subsl.Tnces colorées, traversées par un rayon lumineux, d’absorber une partie du spectre solaire sur lequel elles projettent des bandes noires, dites bandes d’absori)tion, dont le nombre, la position, la largeur et l’intensité varient avec la nature de la substance observée. Chaque substance a ainsi ses bandes propres, caractéristiques, qui la font reconnaître sur le chauqi. Ainsi les bandes du sang artériel sont au nombre de deux : l’une placée dans le jaune, l’autre dans le vert.

Or le 26 septembre 1902, la substance de S. Janvier fut observée minutieusement et longuement par MM. Sperindco et Januario, ce dernier professeur de chimie à l’Université de Naples, en présence de quelques personnes, à l’aide (l’un bon spectroscope. Elle donna les deux bandes du sang artériel, sans qu’il restât le moindre doute dans l’esprit des expérimentateurs.

L’ampoule, indubitablement, contient donc du sang. Mais n’y a-t-il que du sang ? Car il suffit de quelques éléments sanguins mêlés à un liquide pour qu’apparaissent au spectroscope les bandes d’absorption caractéristiques de cette substance.

L’analyse spectrale n’a pas prouvé que l’ampoule ne contient que du sang, mais elle a prouvé qu’elle on contient au moins beaucoup. La preuve en est ilans la couleur très foncée du liquide de S. Janvier. L’analyse donna le spectre pur du sang artériel, ce qui prouve que le seul colorant contenu dans le liquide, c’est du sang ; or, comme ce liquide est fortement coloré, au point que les expérimentateurs furent forcés de l’observer, non point à travers sa niasse, trop sombre pour laisser jiasser le moindre rayon lumineux, mais à travers la couche très mince qui reste sur les parois intérieures de rami)onle quand on incline le reliquaire, il s’ensuit que le liquide contient, au moins, beaucoup de sung (cf. Re^ue du clergé français du 15 juin lyio, p. 737-8).

Ces résultats sont confirmés par les observations très sagaces faites par le P. Silva, de la Civilià

Ca^/o/(c « , en septembre 1 904. LePère ayant longuement, durant huit jours consécutifs, examiné la substance en la conq)arant à une masse de sang de bœuf qu’il avait apportée à la cathédrale et placée dans les mêmes conditions, affirme que cette substance est bien du sung(c.{. Cii’illà Callolica du 2 septembre iyo5).

La liquéfætiun de ce sang, répétée environ dix mille fois depuis plus de cinq siècles et qui se répète encore, est physiquement inexplicable : on sait, en ell’et, que le sang ordinaire, une fois coagulé, n’est pas liquéfiable — sauf par certains réactifs (liimi(iues et une fois seulement, parce que ces réactifs le décomposent et ne lui permettent pas de se coaguler de nouveau à la température ordinaire, ni par suite de se liquéfier une seconde fois. La liquéfaction du sang napolitain est donc en contradiction avec les données les plus certaines de la physique. Tels sont les résultats et conséquences de l’analyse spectrale.

Pesée du reliquaire. — Il fut pesé en 1902 avec l’ampoule presque pleine, après augmentation du volume, puis avec l’ampoule à moitié environ après diminution. Les balances de précision dont s’était servi M. l’abbé Sperindeo révélèrent d’une pesée à l’autre une différence en moins de 26 gr. 99, correspondant à une diminution de volume de 23 ou 24 centimètres cubes. La pesée, renouvelée deux ans plus tard par le P. Silva, donna des résultats analogues.

Or on sait de science certaine qu’une masse déterminée de matière, sang ou autre, ne peut augmenter de poids à moins que de nouvelles molécules ne viennent s’y ajouter, ni diminuer de poids, à moins qu’une partie des molécules qui le composent ne vienne à s’en détacher.

Mais ici la matière est contenue dans une ampoule perpétuellement close qui ne laisse rien pénétrer, rien échapper. Et pourtant son poids varie avec son volume : phénomène inexplicable i>bysiquement, plus inexplicable encore que la liquéfaction ! …

Je laisse au lecteur le soin de conclure, ufe bornant à placer sous ses yeux les procès-verbaux de la pesée.

I. — L’anno millenovecento due, il giorno undici maggîo, aile ore tredicie mezza nella R. Cappella del Tesoru » ii S. Gennaro a ^sapol), conveniiDUjo per atcune espcrienze tenuiche sul sangue di S. Gennaro. Finite le quuli si voile pesare la teca intera contenente il prezioso san^ue con rampolla quasi piena.

L’operazione fu eseguita suH’altare maggiore con una bilnncia di pi-oprietà del prof. Sperindeoe con pesi da lui onche portati.

Il metodo tenuto fu quello délie doppie pesute : mellemmo la teca in una coppae nell’altra una chiave grande, un allra piccolu, pallini di piou>boe carta per dare il perfelto êquilibi-io al giogo. Tolta poi la teca, si sosliluirono pesi campionî. tutti rigorosamente boUati, corne la bilancia stessa ; e si ebbe il peso complessivo di un cliilogranimoe quattordici grammie nove decigranimi (1 kg. 0149).

Qucï^to fu visto da noi soltoscritti cd accertalo. l’atlo a.Napoli, ol gcnnaio IfUl. Firinati : Piof. Gennaro Sperinuko, doltore inEsica ;

.^lons’. Luigi Cahacciolo m Torcbiarolo,

Prelato Decano dol Tesoro di S. Gennaro ; .Mons’. Michèle Car.i : ciolo di Torchiakolo,

Pcelato del Tesoro di S, Gennaro ; Custode Tesoro : Giovanni Cabhetto.

II., — L’anno millenovecento due, il giorno *26 settembre alIeoiclT, iiella Catledialc di Napoli propiiamente in una stanzetta dictro l’allare raaggioie, fu pesala la teca di S. (iennarOjCon il prezioso sangue, nelle stesse condizioni in cui tu fîitta l’esperienza nell’undici mnggio dell’islesso anno. La bilancia fu quella del Liceo arcivescovile di Napoli con la base, ! a quale fu prima resa orizzontale mercè vitie livella.

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Il metodo fu pure quelle délie doppie pesatee l’esperienza, la quale duro un pezzo, fu fatta con la massima precisione, e riconfermata.

Il sangue era più ridotlo di volume che a ma^gio ; occupava poco pîù^ di una meta dell’ampoila. Il peso trovato fu di novecento ottantasette grammie noTanluno centigrammi (0 kg. 98791).

Tutto questo ci Costa, perché lo vedemmo direttamente e ne accertainmo,

Fatto a Napoli nel 31 Gennaio 1911 ; {Firmati : ail’originale : Prof. Sperindeo, dottore in fisica ; Mons. Gennaro Aspreno Gala.ntk,

can, Cimeliarca ;

Alfredo Brànco ;

t Gennaro Trama (vescovo di Lecce).

Bibliographie. — Chronicon Siciilum incerti aiitlioris ab anno 1310 ad annum 1396 in forma diarii, ex inedito Codice Ottoboniano Vatican », cura el sliidio Josephi de Blasiis (Naples, Giannini, 188t, in-4°).

— De dictis et factis Alphonsi Begis memorabilibus commentarius. — Pandeclæ médicinales Matthæi Sih’atici, par Ange Catoii (i^"^)- — ^ « /’de et ordine credendi, ouvage dédié au pape Jules II, par Jean François Pic de la Mirandole (Strasbourg, 1506). — Journal manuscrit du Trésor, rédigé par les prêtres de saint Janvier, depuis lôSg jusqu’à nos jours. — Acta Sanctorum des Bollandistes, tome VI de septembre, article saint Janvier auig septembre (Père Stilting). — The Catholic Magazine and flerieu quillet 1831). — Pissertazione storico-critica, par l’abbé Antonio de Luca (Naples, 1836). — Fergola, Teorica de’Miracoli ; Discorso apologetico sut miracolo di San Gennaro (Milano, 1842). — Alexandre Dumas, Corricolo, xxi (Paris, 1845). — Le Miracle de saint Janvier à.Xaples, par l’abbé Postal, 2" édition (Paris, Paulmier, 1864). — Gli utlimi progressi délie Scienze sperimentalie la Uquefazione del Sangue di San Gennaro par l’abbé Bonilo. — Indagini ed osservazioni sulla Teca di San Gennaro, par le chimiste Pielro Punzo (Naples, 1880, Giannini et 111s). — Memorie storiche sul Cultoe sul Sangue di S. Gennaro, par le R. P. Taglialatela (Naples, 18y3). — Voyages de Montesquieu, en 1738-g, publiés par Albert de Montesquieu (Bordeaux, Gounouilliou, 1894-96). — Mémoires du général baron Thiébault. — // miracolo di S. Gennaro, par l’abbé Sperindeo, professeur de physique, auteur des expériences de l’analyse spectrale et de la pesée (Naples, 1603, Michèle d’Auria). — // miracolo di S. Gennaro, article du U. P. Silva, dans la Civilià cattolica, du 2 sept. 1905. — Le célèbre miracle de saint Janvier à Naples et à Pouzzoles, examiné au double point de vue historique et scientifique, par Léon Gavène, professeur au collège de Cette, xvi-353 pages (Paris, Beauchesne, 1909).

Léon Cavêne.