Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/A

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 1-4).
AA  ►


A EST le caractère ou la figure de la première lettre de l’Alphabet François ; c’est aussi la première des cinq voyelles.

Ce caractère peut être considéré ou comme lettre, ou comme mot.

☞ A, pris comme lettre, est le signe du son a : pour le prononcer, il ne faut qu’ouvrir la bouche & pousser l’air des poumons.

Covarruvias & quelques Auteurs ont avancé une absurdité, lorsqu’ils ont dit que les enfans mâles, en venant au monde, font entendre le son de l’a, première voyelle du mot Adam, & les filles le son de l’e, première voyelle du mot Eve. Les enfans, en venant au monde, font entendre différens sons, selon qu’ils ouvrent plus ou moins la bouche.

Le caractère ou la figure dont nous nous servons pour représenter le son a, nous vient de l’alpha des Grecs. Les Latins & les autres peuples de l’Europe ont imité les Grecs dans la forme qu’ils ont donnée à cette lettre.

On dit un grand A, un petit a ; ainsi la dénomination de ce caractère ou de cette lettre est un substantif du genre masculin, aussi-bien que les autres voyelles de notre Alphabet.

Le son de l’a est long en certains mots, & bref en d’autres. Il est long dans grâce, & bref dans place : il est long dans mâtin, gros chien, & bref dans matin, première partie du jour. Aujourd’hui on met un accent circonflexe sur l’a long au lieu de l’s, qu’on écrivoit autrefois après cet a, comme âpre au lieu d’aspre. On ne met point d’accent sur l’a bref ou commun.

Quoique a soit un nom substantif, il ne souffre point d’s après lui, quand il est au pluriel. On écrit plusieurs a, & non plusieurs as.

Il y a certains a qu’on étoit autrefois averti de prononcer longs par une réduplication, comme aage. On y a substitué, ainsi qu’à l’s, un accent circonflexe, âge.

A devant e, avec lequel il fait une diphthongue, n’a point de son, & ne se fait point sentir, comme dans le mot Æole, Æaque, Æther, &c. On prononce Eole, Eaque, Ether. On trouve dans les meilleurs auteurs Æole & Eole, Æther & Ether ; cependant on lit dans le Dictionnaire de l’Académie françoise Ether, & cette orthographe paroît la plus suivie. A l’égard des mots qui dérivent du latin, l’usage semble avoir établi pour régle générale d’en bannir la lettre a : on écrit Cæsar en latin, César en François ; Æstas, Été ; æstimare, estimer, &c. Quand le son de l’a ne doit point se confondre avec celui de l’e, cette dernière lettre doit être marquée de deux points, ce qu’on appelle ë tréma, comme dans Aërien. A l’égard des mots dans lesquels a est suivi de l’y, lorsque cette dernière lettre n’est pas employée pour raison d’Etymologie, comme dans pays, paysan, elle vaut deux ii, dont le premier se joint à l’a pour produire le son , & le second conserve la prononciation naturelle i ; ce qui forme pé i san, comme s’il y avoit pai i san. Voy. I & Y.

A devant i avec lequel il forme une diphthongue, a différens sons ; quelquefois il se prononce comme un e ouvert, par exemple, dans maison, &c… quelquefois il se prononce comme un e muet, par exemple, dans faisois, & les autres personnes du même temps, faisant, &c. prononcez fesois, fesant.

A devant o ou devant e, & ne faisant qu’une même syllabe avec l’o ou l’e & la consonne qui suit, conserve le son qui lui est propre, & absorbe celui de l’o & de l’e : Exemples, Faon, Laon, Paon, Caen ; prononcez Fan, Lan, Pan, Can.

A devant u se prononce presque comme o : exemple, auteur, autorise, authentique. Dans la dernière syllabe d’un mot cet au, suivi d’une consonne, se prononce souvent comme un o long, animaux, chevaux, badaut, saut, haut, &c.

On a fait quelques usages de la lettre a, qu’il est utile d’observer.

A Dans les anciens monumens : cette lettre seule avec un point, A. est pour Aulus, Aula, Augustus ou Augusta, noms propres ; pour Augustalis, impérial ; annus, année ; argentum, aurum, argent, or ; ager, champ ; amicus, amica, ami, amie ; anima, ame ; album, registre ; æs, monnoie, argent ; ærarium, trésor public ; ædes, temple, maison ; ædilis, ædilitas, édile, édilité.

Cette lettre doublée AA est pour Augusti, deux Augustes ; Augustales de la maison de l’empereur. Cette lettre triplée AAA, pour tres Augusti, trois Augustes, ou enfin pour aurum, argentum & æs, or, argent, airain ou monnoie.

A seul ou avec une l après le mot miles, de cette manière, miles A ou miles Al, signifie miles alæ, soldat d’une des ailes de l’armée.

☞ A étoit une lettre numérale chez les Grecs & les Romains. Chez les premiers, A ne marquoit qu’une unité ; chez les seconds, il marquoit cinq cens. Si cette lettre, étoit surmontée d’une ligne droite, de cette façon Ā, elle signifioit cinq mille.

☞ A chez les Romains étoit un signe d’absolution. Quand il s’agissoit d’un jugement pour condamner quelqu’un ou le renvoyer absous, on distribuoit à chaque magistrat ou à chaque opinant trois bulletins, dont l’un portoit un A qui vouloit dire absolvo, j’absous ; l’autre un C qui marquoit condemno, je condamne ; & sur le troisième, il y avoit une N & une L ; ce qui signifioit non liquet, c’est-à-dire, le fait ou le crime en question ne me paroît pas évident.

☞ A signifioit encore, chez les Romains, antiquo, c’est-à-dire, je rejette la loi qui a été proposée. Lorsque dans les assemblées du peuple on proposoit une loi, ceux qui opinoient à la rejetter, se servoient d’un bulletin marqué A, c’est-à-dire antiquo ; & ceux qui approuvoient la loi, se servoient d’un bulletin marqué UR qui signifioit utì rogas, comme vous demandez.

☞ A dans le Calendrier Julien, est la première des sept lettres dominicales. Les Romains s’en étoient servi bien avant le temps de Notre-Seigneur. Cette lettre étoit la première des huit lettres nundinales, & ce fut d’après cet usage qu’on introduisit les lettres dominicales.

☞ A dans les écrivains modernes, veut dire l’an, comme A. D. anno Domini, l’an de Notre-Seigneur.

☞ A (un grand) au revers des médailles antiques, est la marque de la monnoie d’Argos.

☞ A est la marque de la monnoie de Paris. AA est la marque de la monnoie de la ville de Metz.

☞ A dans les régles scholastiques du syllogisme, désigne une proposition générale affirmative : asserit A.… verùm generaliter ; A affirme, mais généralement, disent les logiciens.

☞ A, ã ou ãã. Abréviation dont on se sert en médecine pour ana, c’est-à-dire, pour désigner une égale quantité des différens ingrédiens énoncés dans une formule : par exemple, prenez d’eau de lis & de syrop capillaire ãã une once, c’est-à-dire, de chacun une once.

☞ AAA chez les chimistes, signifie une amalgame, ou l’opération d’amalgamer.

☞ A dans le commerce. A mis seul, après avoir parlé d’une lettre de change, signifie accepté. A. S. P. accepté sous protêt. A. S. P. C. accepté sous protêt, pour mettre à compte. A. P. à protester.

On dit de quelqu’un qui n’a rien fait, rien écrit, qu’il n’a pas fait une panse d’a ; pour dire, qu’il n’a pas fait la moitié d’une lettre. Panse signifie ici ventre, partie de la lettre qui avance.

On dit dans la conversation familière, il ne sait ni A ni B, c’est-à-dire proprement, il ne sait pas lire, & au figuré, il est fort ignorant.

Ci-dessous gît M. l’Abbé
Qui ne savoit ni A ni B.
Dieu nous en doit bientôt un autre
Qui sache au moins sa patenôtre. Menag.


☞ A, considéré comme mot, est la troisième personne du présent de l’indicatif du verbe avoir, & alors on ne doit le marquer d’aucun accent. Il a peur, il a honte. On l’emploie avec le supin des verbes : elle a entendu, elle a vu, à l’imitation des Latins, habeo persuasum.

Dans cette façon de parler, il y a, a est verbe : il qui lui sert de nominatif, est un de ces termes abstraits, que l’on a été obligé d’établir pour donner à l’activité continuelle de l’imagination un objet feint, quand on n’en a pas de réel à lui présenter. Ainsi, quand vous ignorez l’auteur d’un bruit qui se répand, ou d’une action qui s’est passée, vous dites : On dit telle chose, on a abattu cette maison. On est ici un mot qui exprime un être fantastique qui suffit à l’imagination pour lui représenter une personne qui parle ou qui a agi. Dans la façon de parler il y a, le mot il est un de ces termes vagues dont on vient de parler, & sert de nominatif au verbe a. Ainsi au lieu de dire des hommes sont qui, comme on le dit, par exemple, en latin sunt homines qui ; la langue Françoise a établi un être vague désigné par le mot il qui offre à l’imagination un sujet quelconque qui possede, qui a les hommes dont on veut parler ; & le mot y, placé entre ce verbe & son nominatif, désigne le lieu, le point où existe la chose possédée par cet être qu’indique le mot il. Ainsi cette phrase, il y a des hommes qui, analysée, signifie qu’un être métaphysique, que l’on appelle il, possede dans un lieu quelconque des hommes qui, &c.

On désigne souvent le lieu où est cette chose possédée, en ajoutant nommément la dénomination de ce lieu, sans néanmoins retrancher l’y qui devient alors inutile, il y a, dans Paris, des hommes qui, &c.

Si l’on a osé créer un être purement imaginaire pour lui attribuer une possession, on a pu faire la même chose en faveur des êtres moraux : ainsi on a dit, la vertu a de grands avantages, le vice a des suites fâcheuses.

☞ A, pris comme mot, est aussi une préposition, & on doit le marquer avec un accent grave, à. Cette préposition vient du latin à, à dextris, & plus souvent encore de la préposition latine ad, loqui ad.

Il faut remarquer que à, considéré comme mot, n’est jamais que la troisième personne du présent de l’indicatif du verbe avoir, ou une simple préposition. On ne doit jamais le regarder comme adverbe, quoiqu’en aient dit plusieurs Grammairiens. Tout adverbe est un mot qui en contient deux ; savoir une préposition & son complément ; c’est-à-dire, le nom relatif à cette préposition, & qui en détermine le sens : ainsi sagement est un adverbe, parce qu’il signifie la même chose que, avec sagesse. Y est un adverbe : J’y suis ; c’est comme si l’on disoit, je suis dans tel lieu. Or jamais à n’est dans le cas de pouvoir être ainsi converti en une préposition & un nom qui signifient la même chose ; & pour peu que l’on fasse attention à sa juste valeur, dans toutes les circonstances où il se rencontre, on trouvera toujours qu’il est ou la troisième personne du verbe avoir, ou qu’il est une préposition précédant un nom.

C’est encore à tort que l’on a regardé à comme une particule qui n’a, dans certaines circonstances, d’autre propriété que de marquer le datif. La langue Françoise n’a ni déclinaisons ni cas. Ce qu’on appelle datif, dans les langues qui, comme la latine & quelques autres, ont marqué par différentes terminaisons, les différentes circonstances où un nom peut se rencontrer, n’est autre chose que l’expression d’un rapport d’attribution par lequel une chose ou une action se termine à une autre comme à sa fin, à son objet. Les bons conseils sont nécessaires à un jeune homme. La nécessité des bons conseils est une chose dont l’existence a pour fin, pour objet, un jeune homme pris génériquement. A dans cette phrase & autres semblables, est donc une vraie préposition qui indique ce rapport, & qui n’a point d’autre fonction que cette indication.

Au reste l’usage de cette préposition pour indiquer ces sortes de rapports, est tellement naturelle, que les langues mêmes qui ont une terminaison uniquement destinée pour les marquer, ne laissent pas de négliger quelquefois cette terminaison, pour avoir recours à la préposition. On dit en latin quod attinet ad me, loqui ad illum, ou illi.

On peut assurer que le rapport exprimé par a, & auquel répond le datif des langues où ce cas est en usage, est la vraie signification de cette préposition. Mais comme on l’a employée dans beaucoup d’autres circonstances, dont le détail seroit immense, il est nécessaire d’établir des régles fixes & générales, & à cet effet de remonter aux principes.

Toute préposition est placée entre deux termes qu’elle joint, & entre lesquels elle marque une relation. Je suis avec vous. Avec annonce que le rapport qu’il y a entre mon existence & la vôtre, est qu’elles se rencontrent dans le même lieu ou dans le même temps. Un bon pere travaille pour ses enfans. Pour déclare que le travail d’un bon pere se rapporte à ses enfans, & qu’ils en sont l’objet, &c.

La nature du rapport marqué par la préposition se connoît, ou par la signification naturelle & primitive de cette préposition, ou par la signification des mots qu’elle unit & qu’elle rend corrélatifs. Ainsi, je suis avec vous, la préposition avec indique par elle-même la relation qu’elle établit entre votre existence & la mienne : sa signification naturelle est de marquer l’assemblage de deux ou de plusieurs choses, soit dans un même lieu, soit dans un même espace de temps.

Souvent aussi les prépositions s’écartent de leur sens propre, & varient dans leurs significations, suivant les circonstances, & la signification des termes qu’elles unissent. C’est alors à l’auditeur ou au lecteur à découvrir le sens que celui qui parle ou qui écrit, a voulu attacher à la préposition qu’il emploie, & qui est indiqué par la signification des deux termes. Ainsi je m’approche de la chose dont la proximité m’est utile ou agréable, & je m’éloigne de celle dont le voisinage m’est nuisible ou désagréable. La préposition de, dans ces deux phrases, marque deux rapports opposés : dans la première, elle marque un rapport de proximité, suffisamment désigné par le verbe je m’approche qui la précéde ; & dans le second, elle annonce un rapport d’éloignement, qui lui est assigné par le verbe je m’éloigne. On pourroit donner un exemple pareil sur le plus grand nombre des prépositions.

Si quelques-uns de nos Grammairiens s’étoient donné la peine d’étudier ce principe, ils se seroient épargné bien des recherches & des distinctions métaphysiques, fausses pour la plupart & toutes inutiles. Ils n’auroient point dit que la préposition à indique un rapport de cause mouvante, comme dans moulin à vent, arme à feu ; un rapport d’effet, comme dans moulin à papier ; un rapport d’instrument, comme dans aiguille à coudre ; un rapport de situation, comme dans cette phrase, Paris est à deux lieues de S. Denis ; un rapport d’époque, comme le déluge est à 1600 ans de la création du monde, &c. &c. Quoique ces rapports, dont l’énumération exacte est impossible, se trouvent entre les mots qui sont joints par la préposition à, elle n’est point destinée à les marquer, & si elle le fait, ce n’est que par accident, par extension & par un abus autorisé par l’usage.

Ce n’est donc point par ces détails minutieux & arbitraires, qu’un Grammairien doit chercher à faire connoître la destination de la préposition à. Il doit d’abord établir sa signification primitive, qui consiste à marquer que l’un des deux termes qu’elle joint, est l’objet, le but, la destination, le pourquoi de l’autre. La préposition à est prise dans son sens naturel en ces phrases. Aller à Lyon : à marque que celui qui fait l’action de se transporter, a la ville de Lyon pour terme de sa démarche. Un instrument propre à cultiver la terre. La propriété de l’instrument dont il s’agit, a pour objet la culture de la terre, &c. & pour peu que l’on y réfléchisse, on trouvera que cette préposition conserve cette signification dans la plûpart des circonstances où elle se rencontre.

C’est ce qu’on va tâcher de faire connoître, en parcourant les différentes positions dans lesquelles la préposition à peut se trouver.

A après un nom substantif.

Air à chanter, est un air destiné à être chanté, plutôt qu’à être joué sur un instrument. Billet à ordre, est un billet fait pour être acquitté, quand celui à qui le créancier l’a transmis, l’ordonnera. Chaise à deux ; chaise faite pour contenir deux personnes. Doute à éclaircir ; doute qui, par l’importance de la chose qui en est l’objet, doit être éclairci, est destiné pour être éclairci. Entreprise à exécuter ; Entreprise que son importance destine à l’exécution. Grenier à sel, c’est-à-dire, destiné à contenir du sel. Habit à la mode, c’est-à-dire, conforme à la mode, dont la couleur ou la façon, &c. sont conformes au goût dominant. Plaine à perte de vue ; plaine dont l’étendue est cause que ses limites échappent à la vue, &c. &c.

A après un adjectif.

Agréable à la vue, chose dont les agrémens sont destinés à flatter la vue. Bon à prendre & à laisser, chose dont la bonté est telle qu’elle n’est pas plus destinée à être prise, qu’à être laissée. Délicieux à manger, c’est-à-dire, qui flatte beaucoup le goût, &c.

A après un verbe.

Un ou deux exemples suffisent pour faire voir que l’action ou la façon d’être, exprimée par un verbe suivi de la préposition à, a presque toujours pour objet ou pour but le sujet qui est après. S’abandonner à ses passions. Les hommes n’aiment point à admirer les autres, ils cherchent eux-mêmes à être goûtés & à être applaudis. La Bruyere. Demander à boire, être à Paris. Dans ces deux derniers exemples, l’action que l’on fait de demander, a pour objet celle de boire ; & l’existence de la chose dont on parle, a Paris pour objet, pour terme. Il en est de même de cette autre phrase, Il est à cent lieues.

A avant une autre préposition.

A se trouve quelquefois avant la préposition de, comme en ces exemples.

 
Allez, en lui jurant que votre ame l’adore,
A de nouveaux mépris l’encourager encore.

Racine.

 
A de moindres fureurs je n’ai pas dû m’attendre.

Idem.

On sent que dans le premier exemple, les mépris sont la cause, le but de l’action que l’on va faire, & cette action est celle d’encourager. Il en est de même des fureurs du second exemple ; elles sont l’objet de l’espérance exprimée par le verbe m’attendre. La préposition, à dans ces façons de parler, conserve donc encore sa signification primordiale.

A l’égard de la préposition de, on expliquera en son lieu, quelle en est la signification dans ces sortes de phrases.

A après des adverbes.

On n’emploie la préposition à après un adverbe, que dans le cas où l’adverbe marque quelque relation, & alors la préposition à sert à indiquer le corrélatif : ainsi on dit conséquemment à, relativement à, &c.

Telles sont les principales occasions où la préposition à se rencontre ; & l’on voit qu’elle y conserve sa signification naturelle. Il en est d’autres cependant où, comme toutes les prépositions, elle perd sa véritable signification, pour en prendre une qui lui est étrangère, mais qu’il est toujours facile de sentir : par exemple, une chose faite à la main. Il est clair que à prend ici la signification de avec. Elle signifie quelquefois après, comme dans ces expressions, arracher brin à brin ; pas à pas, &c.

☞ A, (la préposition) se rencontre encore dans des façons de parler adverbiales, ou qui équivalent à des prépositions, soit de la langue latine, soit d’une autre langue. A toujours, à l’encontre, tour à tour, à pleines mains, à fur & à mesure, à la fin : Suivre à la piste, à cause, &c.

Ce que nous avons dit sur les différentes circonstances où la préposition à peut se rencontrer, suffit, ce semble, pour décider, par analogie, les difficultés qui peuvent se rencontrer à l’occasion de ce mot.

La préposition au est un composé de la préposition à, & signifie la même chose. Les cas où l’on doit se servir de l’un ou de l’autre, s’établissent par une régle fort simple. A ne s’emploie que dans trois cas : devant un nom sans article : Rendez à César ce qui est à César. Quand le nom suivant commence par une voyelle, & est précédé de l’article masculin le, dont l’e fait élision avec cette voyelle qui commence le mot suivant, ou avec l’h non aspirée. Le soumettre à l’amour. Etre sensible à l’honneur. Enfin quand à précéde l’article feminin ; marcher à la gloire, se rendre à la raison, &c.

Hors ces trois cas, on se sert de au pour le singulier, & cet au équivaut à ces deux mots à le : ainsi quand on dit : être sensible au bien, c’est comme si l’on disoit à le bien. Pour le pluriel, on ajoute un x ; ce qui forme aux qui équivaut aux deux mots à les : aux hommes, à les hommes ; aux femmes, à les femmes.

☞ A comme préposition, entre aussi dans la composition des mots, dont elle forme la première syllabe. Il n’est pas possible de fixer la signification qu’elle prend alors : elle varie suivant les circonstances & la valeur du mot auquel elle est ajoutée ; tout ce qu’on peut dire, c’est qu’elle sert ou à donner plus d’énergie, ou à présenter le simple sous un point de vue différent de celui sous lequel on l’envisage naturellement. Croître, accroître, donner, s’adonner, grandir, agrandir, paroître, apparoître, tirer, attirer : il y a même des composés qui sont restés seuls en usage, & qui ont totalement fait disparoître le simple ; comme accabler, affubler, aguerrir, &c. On double dans quelques mots, la consonne qui suit a, accréditer, afficher, &c.

☞ A. s. m. Petite rivière de France, qui a sa source près de Fontaine en Sologne. Assez près de sa source elle forme une petite île qui a la figure d’un A. On l’appelle aussi Connon ou Baignon.