Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACHARNER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 81-82).
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ACHARNER. v. a. Terme de Vénerie. Donner aux bêtes le goût, l’appétit de la chair. Carnis famem, ou appetitum, excitare, irritare, ciere. On acharne les chiens, les oiseaux de proie à la curée. On dit aussi en Fauconnerie, acharner l’oiseau sur le tiroir, soit au poing avec le tiroir, qui est une aile de chapon ou de coq-d’inde ; soit en attachant le tiroir au leurre. Accipitres oblatâ escâ pascere Il y a des oiseaux farouches qui ne s’acharnent jamais, & qui se laissent plutôt mourir de faim.

On dit aussi en Fauconnerie, Acharner le lièvre, mettre un morceau de chair dessus.

Acharner. Animer. Irritare. On les a acharnés les uns contre les autres.

Acharner. Avec le pronom personnel, s’attacher avec fureur. Le lion s’acharne sur sa proie.

Dans un sens figuré, il signifie s’attacher avec fureur, avec opiniâtreté à persécuter quelqu’un, à le blâmer. Acriter infectari. Ces deux plaideurs sont furieusement acharnés l’un contre l’autre.

Il déchire l’Eglise il s’acharne contre elle ;
Et voulant s’affranchir des droits qu’elle a sur nous.
Il se les attribue & les prodigue à tous.

La Bastide.

Il signifie quelquefois s’attacher avec excès. Ferri immoderatiùs. Il est dangereux de s’acharner au jeu. Ce Docteur est si fort acharné à l’étude, qu’il se desseche sur les Livres. S. Evr. Ce mot est composé, & dérive de chair.

ACHARNÉ, ÉE. part. & adj. Animal acharné sur sa proie. Combat acharné. Homme acharné au jeu.