Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AGENT

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 156).

AGENT. s. m. Terme de Physique, dont on se sert pour désigner tout ce qui agit, tout ce qui opère. Agens. Les agens naturels agissent toujours de la même manière. L’agent & le patient sont des termes opposés. L’agent est la cause qui opère : le patient est le sujet sur lequel elle opère.

Il observe étonné que de la même argile,
Dont notre feu mortel fait un vase fragile,
Le feu de la nature, inimitable agent,
forme, comme il lui plaît, de l’or ou de l’argent.

Perrault.

Agent, signifie aussi celui qui est commis pour faire les affaires d’un Prince, de quelque corps, ou de quelqu’un en particulier. Procurator. Dans cette acception il est synonyme de député, ou Procureur fondé. Un tel est Agent de son chapitre, de sa communauté. Ménage le dérive du mot Agens, qu’on trouve en cette signification dans le Code Théodosien. L’Agent du peuple Romain, Magistrat de Rome.

☞ En matière de négociations, c’est celui qui fait les affaires d’un Prince à la Cour d’un autre Prince sans aucun caractère public. Il ne jouit pas des priviléges des Ambassadeurs & des Envoyés. Agent des Suisses.

Agens de change & de banque, sont des Officiers établis dans plusieurs villes de commerce, qui s’entremettent entre les marchands, négocians & banquiers, pour faciliter leur négoce de lettres & billets de change, & le débit de leurs marchandises en gros : auquel cas on les appelle aussi Courtiers. A Paris il y a 30 Agens de banque, & courtiers de marchandises de drap de soie, de laine, de toile, &c. qui furent créés en titre d’office par Charles IX, en Juin 1572, dont le nombre fut fixé par Henri IV en 1595. Ce nombre a fort varié depuis. Ils sont un corps qui élit ses Syndics. Ils ne prennent plus la qualité de courtiers, mais seulement celle d’Agens de change. Leur droit est un quart pour cent, dont la moitié est payable par celui qui donne son argent ; & l’autre par celui qui le reçoit, ou qui en fournit la valeur en lettre de change. Dans les villes où ils ne sont pas établis en titre d’Office, ils sont choisis par les Consuls, Maires & Echevins, devant lesquels ils prêtent serment. Les Agens de change ne peuvent être banquiers, & ne peuvent porter bilan sur la place, où ils doivent avoir un livre paraphé d’un Consul, cotté & numéroté, par l’ordonnance de 1673.

On appelle Agens généraux du Clergé, les deux ecclésiastiques du second ordre, choisis pour avoir soin des affaires du Clergé, par les deux provinces ecclésiastiques qui sont en droit de les nommer. Le Clergé ayant été averti par ses Agens.

Agent, & Patient, se dit dans le droit coutumier d’Angleterre, de celui ou de celle qui se donne quelque chose soi même, de sorte qu’il est tout à la fois, & celui qui donne la chose, & celui à qui elle est donnée, ou qui la reçoit. Par exemple, quand une femme s’assigne à soi-même sa dot sur le plus bel héritage de son mari. Harris.

☞ Le P. le Moine qui a employé ce mot au féminin, en disant les agentes des Rois a fait de très-mauvais vers en très-mauvais françois.