Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALLÉGATION

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 234).
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ALLÉGATION. s. f. Citation d’une loi, d’une autorité, d’une pièce authentique pour appuyer une proposition, ou autoriser une prétention, ou l’énonciation d’un moyen. Allegatio, prolatio. Au temps de Pasquier, c’étoit la coutume de remplir ses discours d’allégations d’Auteurs grecs & latins ; &, comme il parle dans une de ses lettres, de rapiécer, ou, pour mieux dire, rapetasser l’éloquence de divers passages. Cette nouvelle forme de plaider, si je ne m’abuse, est venue, dit-il, d’une opinion que nous eûmes de contenter feu M. le Premier Président de Thou, devant lequel ayant à plaider, & voyant son savoir être disposé à de telles allégations, nous voulûmes nous accommoder à l’oreille de celui qui avoit à nous écouter. Pasquier, qui avoit du goût, blâme fort cette manière de plaider, & il ajoute : or, puisqu’il a plû à Dieu l’appeler à soi (M. de Thou) je désire aussi qu’avec lui soit ensevelie cette nouvelle manière d’éloquence, en laquelle, pendant que nous nous amusions à alléguer les Anciens, nous ne faisons rien d’ancien. Les Grecs ni les Romains, dit-il encore, lorsqu’ils furent en vogue de bien dire, n’en userent de cette façon ; ni ceux même qui vinrent sur le déclin de leur éloquence, entre les Latins, comme nous voyons par leurs panégyriques.

Allégation, se dit aussi de la simple proposition d’une chose qu’on met en avant. Il y a lieu d’admettre la preuve de l’allégation de cet alibi. Répondre aux allégations de la partie adverse.