Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARABIQUE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 449).
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ARABIQUE. s. m. & f. Nom de secte. Arabicus. Il s’éleva en Arabie vers l’an 207, une secte d’hérétiques, qui soutenoient que l’âme mouroit avec le corps, & qu’elle ressusciteroit de même avec le corps. Ils furent nommés Arabiques de leur pays. Voyez Saint Aug. her. 83. Nicéphore, Liv. V, ch. 23, & Eusèbe, Liv. VI, ch. 38, où il dit que l’on tint un concile pour arrêter le progrès de cette erreur, qu’Origène y assista, & qu’il convainquit si bien les hérétiques, qu’ils abjurerent leurs erreurs.

ARABIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l’Arabie. Arabicus. La langue arabique. On appelle gomme Arabique une sorte de gomme qui se fond dans l’eau, & qui découle d’un acacia, commun en Égypte & en Arabie. Il y a plusieurs autres gommes qui se dissolvent de même dans des menstrues aqueux : telles sont celles de nos arbres à noyau. Le golfe arabique est la mer rouge. Plusieurs Latins, le Géographe Denys & la plupart des Auteurs Grecs distinguent la mer rouge du détroit arabique. Le golfe ou détroit arabique, sinus arabicus, est, selon eux, aussi bien que selon tous les autres, le golfe qui commence au détroit de Babelmandel, & s’étend entre l’Ethiopie & l’Egypte d’un côté, & de l’autre l’Arabie heureuse jusqu’à la ville de Suez. La mer rouge, Mare rubrum, Erithrum, ou Erithræum, selon les Anciens, est l’Océan qui se trouve entre l’Ethiopie & l’Inde. Ainsi c’est la mer rouge, selon eux, qui entre également dans les deux golfes, le persique & l’arabique ; & de là vient qu’ils appellent indifféremment l’un & l’autre, Mer rouge, témoin Sénèque. Troade, ℣ 11, Solin, ch. 58. Pline, liv. VI, ch. 23, 24, 25, & Liv. V, ch. 11. D’où vient donc qu’on a attribué le nom de Mer rouge au détroit arabique en particulier ? Quelques Auteurs croient que c’est une erreur à laquelle les Septante, & S. Paul Hebr. XI, 29, ont donné occasion ; que comme on a vu qu’ils appellent le golfe arabique Mer rouge, on a cru, contre ce que nous venons de montrer, & contre l’intention des Septante & de S. Paul, que c’étoit le nom propre & particulier de cette mer, & qu’il ne convenoit point à d’autres. Voyez Mer rouge. Ce détroit s’appelle encore mer de la Mecque, Meccense pelagus. Il a environ 370 lieues de long. Sa plus grande largeur n’est guère que de 80 lieues. Le golfe arabique est dangereux à cause des bancs de sable, des petites îles, & des écueils qu’on y trouve. Il y a deux choses singulières dans ce golfe. 1o Une prodigieuse quantité de corail, dont on trouve en plusieurs endroits des forêts entières qui ont quelques milles d’étendue, & dont les arbres sont si grands qu’ils poussent leurs cornes jusqu’au-dessus de l’eau. 2o. On y voit une très-grande quantité de l’herbe que les Éthiopiens appellent zuph qui est rouge, & propre à faire une espèce de teinture de pourpre. Et c’est vraisemblablement de cette herbe que ce golfe prit autrefois le nom de mer rouge. Maty ; ou peut-être du corail & de cette herbe tout ensemble. C’est aussi de-là que les Hébreux l’appellent ים סוף mer de Saph, qu’il faut par conséquent traduire, mer pleine de l’herbe appelée Saph, et non pas en général, comme font tous nos Commentateurs, mer pleine de roseaux & d’herbes marécageuses.

Arabique. Pierre arabique. Elle ressemble à de l’ivoire marqueté de taches. Broyée & appliquée en cataplasme, elle dessèche les hémorrhoïdes. Calcinée, c’est un remède contre les douleurs de dents, selon Dioscoride cité par James.

Arabique, Arabicus. Titre, nom honorable qui fut donné à l’Empereur Sévère, parce qu’il conquit l’Arabie, & en fit une province romaine. Ses médailles portent L. SEPTIMUS SEVERUS PERTINAX AUG. IMP. VII & au revers, PARTHIC. ARABIC. ADIAB. COS II.P. P. & d’autres, PARTH. ARAB. PARTH. ADIAB. C’est à-dire, Parthique, Arabique, Adiabénique ; ou Parthique, Arabique, Parthique, Adiabénique. Apparemment parce qu’il avoit vaincu les Parthes en Arabie, & dans la Diabène, & qu’il leur avoit enlevé ces deux provinces.