Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARMÉE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 507-508).
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ARMÉE. s. f. Ce qui regarde l’armée de terre. Exercitus, copiæ. Pour l’armée de mer, ou navale, c’est une certaine quantité de vaisseaux de guerre, équipés & montés par un certain nombre de troupes commandées par un amiral, aidé de plusieurs officiers qui sont sous lui. Classis. ☞ Quand le nombre des vaisseaux ne passe pas douze ou quinze, on dit une escadre. Le mot de flotte convient mieux à un certain nombre de vaisseaux réunis pour naviger ensemble. Armée composée de vieilles troupes. Veteranorum exercitus. Armée composée de gens ramassés à la hâte & sans choix, Tumultuarius, collectitius exercitus. Armée rangée en bataille. Acies instructa. La tête, la queue. Primum, extremum agmen. Les ailes. Alæ, cornua. Le corps de l’armée. Acies. Lever, mettre sur pied une armée. Entretenir, faire subsister une armée. L’armée marche, l’armée avance, l’armée campe. Faire la revue d’une armée. Commander une armée. Défaire une armée. Recueillir, rassembler les débris d’une armée. Cette armée si florissante, & qui avoit été levée avec tant de frais, lut entièrement défaite. L’armée navale étoit belle en apparence, mais dénuée de soldats & de matelots. L’état de l’armée, c’est l’état des dépenses qui se doivent faire, tant pour lever une armée, que pour l’entretenir de solde, de vivres & de munitions. On tient que l’armée que Xerxès mena en Grèce, étoit de onze cent mille hommes. Nos armées ne passent pas, pour l’ordinaire, vingt mille hommes, disoit un Lacédémonien ; mais à nous voir dans la mêlée, à compter les morts de nos ennemis, on diroit que nous sommes toujours plus de cent mille hommes.

☞ On appelle armée royale, une armée nombreuse qui marche avec un train d’artillerie.

Armée du siége, celle qui est occupée à faire un siége.

Armée d’observation, la partie d’une armée qui couvre un siège, & s’oppose aux ennemis pendant que l’autre attaque la place.

Armée du secours, celle qui marche pour secourir une ville assiégée.

☞ Dans l’écriture. Dieu est appelé le Dieu des armées.

Les armées de France, sous les enfans de Clovis, étoient composés de divers corps de troupes que fournissoient chaque province, à peu près comme nous voyons aujourd’hui les armées de l’Empire, composées des troupes des cercles, qui fournissent chacun leur contingent. P. Dan. Les armées étoient autrefois composées des vassaux des Seigneurs, qui faisoient plus de deux cent mille hommes. Quand chacune de ces troupes avoit servi vingt-cinq, trente, quarante jours, selon l’usage du pays, ou selon les devoirs du fief, les Seigneurs les ramenoient chez eux. Le Gendre. Le gros des armées françoises sous les Mérovingiens, n’étoit que de l’infanterie. Sous Pépin & sous Charlemagne il y avoit dans les armées un nombre à peu près égal de gens-d’armes, & de fantassins ; mais depuis que dans la décadence de la Maison Carlovingienne, les fiefs furent devenus héréditaires dans les familles, les armées de la nation n’étoient presque que de cavalerie. Id.

Armée, se dit aussi figurément d’une multitude. Multitudo. J’avois prié trois personnes à dîner, ils sont venus une armée. Expression familière.